Avec le lancement samedi des vacances d'hiver, les stations de ski espèrent se remettre en piste après un début de saison marqué par le manque de neige et une fréquentation en déclin.
"Une saison mal engagée", résume Claude Daumas, président de la fédération autonome générale de l'industrie hôtelière touristique (Fagiht). "Ça ne sera pas une grande saison, j'ai même peur qu'elle fasse partie des plus mauvaises", précise-t-il.
Comme beaucoup de professionnels de la montagne, les hôtels, cafés et restaurants ont souffert du manque de neige et des répercussions des attentats de Paris. "Beaucoup de clients, d'Asie, de Russie ou d'Amérique latine disent: +on ne veut pas partir dans un pays en guerre+", explique M. Daumas, qui place ses espoirs dans les vacances à venir: "C'est globalement bon mais ce n'est pas complet partout", indique-t-il.
Chez les opérateurs de remontées mécaniques, on attend aussi "beaucoup" de ces quatre semaines de congés (6 février au 6 mars), qui représentent environ 35% de la fréquentation annuelle.
"On a enregistré des pertes importantes de recettes en début de saison, que l'on a en partie compensées en janvier. Cela dit, il reste beaucoup de chemin à faire", explique Pierre Lestas, président de Domaines skiables de France.
- 'Dramatiquement doux'-
Début janvier, le syndicat professionnel, qui fédère plus de 230 opérateurs de remontées mécaniques, avait annoncé une chute de fréquentation de 20% lors des vacances de Noël par rapport à la moyenne des quatre dernières années.
L’activité des écoles de ski a aussi reculé de 25% en décembre, tandis que la baisse de chiffre d’affaires atteint 30% pour la location de matériel de sports.
Les quelques chutes de neige de janvier ont apporté une éclaircie, parfois de courte durée. La petite station de Saint-Pierre-de-Chartreuse (Isère), dépourvue de canons à neige, n'a ainsi pu ouvrir ses pistes que deux weekends avant d'être rattrapée par la fonte.
Même dans les stations équipées d'enneigeurs, la production de neige artificielle n'a été possible que pendant une semaine en janvier, du fait de la douceur des températures.
"C'est dramatiquement doux", concède Charles-Ange Ginésy, président de l'Association nationale des maires de stations de montagne (ANMSM).
Dans la station de Valberg (Alpes-Maritimes), il n'est ainsi tombé que 30 cm de neige depuis le début de l'hiver. Mais une vingtaine de pistes (sur 56) ont pu ouvrir grâce à la neige artificielle.
"Il faut absolument qu'on se refasse sur les vacances de février", glisse M. Ginésy, en affichant son "optimisme". "Là où il y a de la neige de culture, les gens peuvent skier", souligne-t-il.
- Chutes de neige prévues -
Dans les Alpes, il n'y a qu'en Savoie et Haute-Savoie que l'enneigement est proche des normales saisonnières. Et encore, seulement au-dessus de 1.800 mètres, selon Météo-France.
Partout ailleurs, l'enneigement est déficitaire, voire très déficitaire, à la fois à basse altitude et sur les crêtes pelées par le vent. Dans de nombreux massifs, la montagne a déjà des airs printaniers.
Mais dès la semaine prochaine, Météo-France prévoit des précipitations qui "permettront au manteau neigeux de retrouver des valeurs un peu plus conformes à la saison".
"Compte tenu de ces prévisions, nous sommes plutôt confiants", sourit Pierre Lestas.
D'autant que les taux de remplissage des hébergements touristiques devraient être stables par rapport à l'an dernier, selon l'organisme Savoie-Mont-Blanc Tourisme, qui rassemble les plus grandes stations hexagonales.
Les deux premières semaines des vacances, qui chevauchent les congés d'une partie de la clientèle européenne (Britanniques, Belges, Allemands, Suisses) devaient être les plus chargées avec des taux de remplissage dépassant les 70%.
Les deux dernières semaines affichent des taux de remplissage proches de 60%.