"La ville est quand même magnifique!" Les touristes français et étrangers présents à Paris n'entendaient pas dimanche se laisser gagner par l'inquiétude au surlendemain des attentats dans la capitale, tandis que les professionnels du secteur n'ont pas constaté de vague de départs.
"J'étais très inquiète quand j'ai appris ce qui s'est passé. (...) Mais je n'ai pas peur, parce que j'ai vécu le 11 septembre", assure Cathelyne, touriste new-yorkaise arrivée samedi à Paris.
Installée pour deux jours au très prestigieux hôtel Georges V, elle n'est pas plus déçue que cela de devoir renoncer à son programme de shopping: "Les magasins sont fermés, mais la ville est quand même magnifique!"
Lee, étudiant japonais arrivé vendredi soir à Paris pour trois jours avec sa famille prend la pose pour une photo souvenir devant l'opéra Garnier baigné de lumière. "C'est horrible, on ne pensait pas qu'une attaque terroriste pouvait toucher Paris", regrette-t-il avant d'ajouter amer: "On voulait visiter le Louvre, le musée d'Orsay... Même les Galeries Lafayette sont fermées!"
Finalement, ils passeront leur séjour à se promener dans la capitale.
"Il n'y a pas de vraie tendance de départs anticipés des touristes pour l'instant", affirme à l'AFP Evelyne Maes, présidente de la fédération parisienne de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih), principale organisation patronale de l'hôtellerie-restauration, même s'il est "trop tôt" pour avoir un vrai bilan des conséquences de l'attentat sur la venue des touristes.
Samedi soir, certains palaces, comme le Plazza Athénée ou le Royal Opéra, reconnaissaient tout de même avoir enregistré quelques départs plus tôt que prévu.
En revanche, l'annulation de plusieurs manifestations depuis samedi et dans les jours à venir, comme le Congrès de l'Association des maires de France (AMF) ou le Salon de l'Assuré, "a un impact brutal" sur les réservations des hôteliers parisiens, ajoute Mme Maes.
- Pas de départs précipités -
Entre samedi et dimanche, les compagnies aériennes et les tours operateurs étrangers interrogés par l'AFP n'avaient pas constaté d'annulations massives de réservations à destination de Paris ou de départs précipités de la capitale.
En Russie, "les tours-opérateurs n'ont pour le moment enregistré que des cas isolés de refus de séjour en France et dans d'autres pays européens", selon la porte-parole de la Fédération de l’industrie touristique russe Irina Tiourina, citée par l'agence Ria Novosti.
Au Japon, la Nippon Travel Agency indique aussi avoir annulé les voyages organisés d'une centaine de voyageurs pour la France dimanche et lundi, a rapporté le journal Yomiuri Shimbun.
Mais du côté des compagnies aériennes, American Airlines, United Airlines, ou encore Ryanair n'ont pas annoncé de modification de leurs vols vers Paris.
Air France signale simplement à l'AFP "un léger plus" de passagers sur les vols nationaux au départ d'Orly, "mais très très à la marge", tandis que la compagnie à bas prix easyJet (L:EZJ) constatait "quelques annulations mais de façon marginale à l'échelle du réseau", selon un porte-parole.
Plusieurs compagnies aériennes étrangères ont quand même assoupli leurs conditions de réservation, offrant des échanges ou des modifications de trajets sans frais.
"Ce qui nous inquiète, ce sont les clients qui venaient normalement pour les fêtes. (...) Est-ce que les gens vont venir à Paris ou pas?", s'interroge plutôt Evelyne Maes.
Dans le hall de l'hôtel Scribe sur les grands boulevards, Lunia et Bertrand, venus de Marseille pour le week-end, sirotent un cocktail. Samedi soir, ils ont préféré passer la soirée chez un ami plutôt que de sortir, comme prévu. "On retrouvait nos amis et on ne parle que de ça", avoue Lunia.
Mais elle ne veut pas céder plus longtemps à la peur. "On ne va pas s'arrêter de vivre pour autant, on va continuer d'aller au café, de s'installer en terrasse...", affirme-t-elle.
Comme en écho, le Moulin Rouge a annoncé sa réouverture dimanche soir. Mais les célèbres néons du cabaret parisien très prisé des touristes resteront éteints "pour respecter le deuil national".