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Longtemps divisés, les potiers d'Alsace s'unissent contre le Made in China

Publié le 05/07/2015 10:46
Mis à jour le 05/07/2015 12:30
Un potier travaille un moule à Kougelhopf à Soufflenheim le 30 juin 2015 (Photo PATRICK HERTZOG. AFP)

Un potier travaille un moule à Kougelhopf à Soufflenheim le 30 juin 2015 (Photo PATRICK HERTZOG. AFP)

Les derniers potiers d'Alsace, héritiers d'un savoir-faire remontant au Moyen-Age, espèrent obtenir une future indication géographique pour se protéger d'imitations chinoises, une procédure qui implique aussi de laisser de côté leurs vieilles querelles.

Dans un coin du bureau de l'atelier Siegfried-Burger de Soufflenheim (Bas-Rhin), l'un des deux grands villages potiers alsaciens avec Betschdorf, Pierre Siegfried, président de l'association des potiers d'Alsace, montre fièrement le portrait de son arrière-grand-père.

"C'est son arrière-grand-père à lui qui a fondé l'entreprise" en 1842, explique-t-il, rappelant que vers 1900 "on comptait de 50 à 60 ateliers de potiers rien qu'à Soufflenheim", contre à peine 14 aujourd'hui, et 6 à Betschdorf, distant de 10 km.

Le déclin de la poterie locale, qui pendant des siècles s'est approvisionnée dans des carrières d'argile voisines, s'est accéléré ces quinze dernières années, avec la perte d'"une centaine d'emplois au moins" dans les ateliers des deux villages, selon M. Siegfried. Aujourd'hui encore, plusieurs ateliers sont en dépôt de bilan, d'autres ferment pour fin de succession.

Selon M. Siegfried, les grands responsables de ces difficultés sont les revendeurs et grossistes, qui importent massivement des poteries chinoises à bas prix reproduisant les terrines pour Bäckeoffe et autres moules à Kougelhopf, deux spécialités culinaires alsaciennes.

Les décorations de ces copies ont aussi "un cachet local, avec des petits coeurs, des cigognes... Cela donne confiance au client et lui fait croire qu'il achète un produit fabriqué chez nous", déplore Peggy Wehrling, une potière de Soufflenheim qui a dû licencier ses trois salariés fin mars, faute de commandes suffisantes.

"Je m'en rends compte quand je vais sur les marchés de Noël ou dans les villages touristiques de la région. Les boutiques de souvenirs présentent un petit peu nos poteries locales, mais beaucoup plus d'importations", s'indigne Mme Wehrling.

- Un carton au Japon -

L'autre "gros souci", c'est "une sacrée rivalité entre potiers, qui est néfaste, conflictuelle parfois", rappelle le maire de Soufflenheim, Camille Scheydecker.

Jusqu'à présent, l'association des potiers d'Alsace ne représentait que sept ateliers de Soufflenheim et Betschdorf. Faute d'accord sur une charte commune, parfois aussi à cause de différends familiaux tenaces, certains potiers avaient choisi de faire cavalier seul, d'autres formaient une "confrérie" parallèle...

Mais avec la perspective d'une indication géographique (IG) l'an prochain, un label qui garantira la qualité et l'authenticité de leurs produits, les potiers "ont bien compris qu'ils fallaient être unis", se félicite le maire.

Il a promis de son côté d'améliorer la signalétique touristique aux abords de la commune, jugée insuffisante par les potiers.

"Plus on est, plus fort on sera", résume Pierre Siegried, se réjouissant que l'association des potiers d'Alsace, en pointe sur le dossier de l'IG, devrait prochainement s'étoffer de 5 à 6 nouveaux membres.

La poterie Beck de Soufflenheim, longtemps réticente à toute adhésion, est désormais prête à sauter le pas.

"L'IG, ça ne peut être qu'un bien, mais ça ne doit pas nous empêcher de continuer à évoluer (...). Il ne faut pas être des ayatollahs des traditions", souligne Richard Beck, le gérant de la société, dont les origines remontent au XVIIIe siècle.

Le style innovant de son atelier, avec des décors moins chargés et des teintes plus chaudes, s'est d'ailleurs avéré payant: depuis 2013 une importatrice japonaise, Kei Minagawa, s'est entichée de ses produits.

De 10.000 pièces par an, ses commandes sont passées à 30.000, soit 10 à 15% de la production annuelle de l'atelier.

"Ça se vend vraiment très bien au Japon, la production a même du mal à suivre mes commandes!", s'enthousiasme Mme Minagawa, interrogée par l'AFP.

"Faire de la cuisine japonaise dans des poteries françaises, ça plaît beaucoup au Japon", souligne la femme d'affaires, qui propose aussi des recettes de cuisine avec les terrines alsaciennes, qu'elle vend dans des grands magasins de Tokyo et sur une chaîne de téléachat.

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