Une grève du personnel de cabine de Lufthansa (DE:LHAG), entamée vendredi, va se poursuivre samedi avec plus de 500 vols annulés, affectant plusieurs dizaines de milliers de passagers dans les aéroports de Francfort et Düsseldorf.
Après quelque 300 vols annulés vendredi, ce sont samedi 520 liaisons intérieures et européennes qui vont êtres supprimées, laissant 58.000 passagers sur le carreau, a indiqué Lufthansa vendredi soir.
Les arrêts du travail, sur fond de conflit sur les efforts du groupe pour contrer la concurrence des low-costs, ont pris effet en début d'après-midi vendredi.
En ce premier jour d'une grève prévue pour durer jusqu'au 13 novembre - mais avec des pauses -, 290 vols en Europe ont été annulés et 15 vols intercontinentaux.
La compagnie a dressé des lits de camp dans un des halls de l'aéroport de Francfort, principal hub du géant du transport aérien, et réservé 2.500 chambres d'hôtel pour héberger des passagers affectés.
Pas de scènes de chaos à Francfort, Lufthansa ayant informé par sms ou par courrier électronique le gros des passagers à l'avance. Quelques centaines attendaient dans une file bien ordonnée pour trouver des vols de remplacement, a constaté sur place un journaliste de l'AFP.
Les deux mêmes aéroports, respectivement numéro un et numéro trois en Allemagne, seront touchés samedi aussi, a prévenu le syndicat UFO, avec une grève de 17 heures, de 06H00 à 23H00 (05H00 à 22H00 GMT). Lufthansa a promis que tous ses vols longue distance seraient maintenus, à l'exception d'une liaison Düsseldorf-New York.
Mais les vols intérieurs et européens de et vers Francfort "seront presque tous annulés", a précisé Lufthansa, à l'exception de "quelques liaisons" avec Munich et Londres. Au total ce sont 520 vols court- et moyen-courrier qui ont été supprimés.
Si elle dure effectivement une semaine, la grève sera la plus longue de l'histoire de Lufthansa. Mais elle sera suspendue dimanche "parce que ce jour-là, la plupart des voyages ont un caractère privé", a indiqué UFO.
Seule la compagnie Lufthansa est concernée par le mouvement social, pas les autres filiales du groupe du même nom, à savoir Air Dolomiti, Austrian, Brussels Airlines, Eurowings, Germanwings et Swiss.
- Nombreux conflits -
Les négociations entre le transporteur aérien et les délégués du personnel navigant, entamées en décembre 2013, portent sur des questions de salaire mais aussi sur la protection contre les licenciements ou encore les retraites et les départs en préretraites, définis par conventions collectives.
Le numéro un européen du transport aérien cherche entre autres à abandonner l'actuel régime de retraites à prestations garanties, qui lui coûte trop cher en ces temps de taux d'intérêt très bas, afin d'adopter un régime où seules les cotisations sont définies.
De manière générale, son patron Carsten Spohr a engagé le groupe Lufthansa, numéro un européen, dans un effort de restructuration et de réduction des coûts qui doit lui permettre de tenir tête aux compagnies low-cost et à celles du Golfe.
Mais ces changements, qui impliquent notamment un transfert de la plupart des liaisons intérieures et européennes de Lufthansa sous la bannière de la filiale à bas coûts Eurowings, passent mal auprès des employés.
Alors que les personnels navigants n'avaient plus cessé le travail depuis fin 2012, les 5.400 pilotes, représentés par le syndicat Cockpit, ont fait grève treize fois entre avril 2014 et septembre 2015, provoquant des milliers d'annulations de vols. Ce conflit, qui porte essentiellement sur les conditions de départ en retraite, n'est toujours pas réglé. Le syndicat Cockpit a exprimé vendredi sa "solidarité" avec le mouvement du personnel navigant.
UFO, fort de 13.000 membres et qui représente les quelques 19.000 membres du personnel de cabine de Lufthansa, a accepté le principe du changement de régime de retraites, mais déplore n'avoir pas obtenu gain de cause pour ses autres revendications.
L'incompréhension est totale entre le premier transporteur aérien européen et ce syndicat, qui rejettent la faute l'un sur l'autre et multiplient les annonces contradictoires.