Malgré les tensions, Washington octroie 38 milliards de dollars d'aide militaire à Israël

Publié le 13/09/2016 23:10
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à Jérusalem le 11 septembre 2016 (Photo GALI TIBBON. AFP)

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à Jérusalem le 11 septembre 2016 (Photo GALI TIBBON. AFP)

Les États-Unis vont octroyer 38 milliards de dollars d'aide militaire à Israël sur dix ans, une nouvelle assistance record malgré les fortes tensions entre les alliés à propos de l'Iran et du processus de paix avec les Palestiniens.

Ce protocole d'accord rendu public mardi "constitue le plus important engagement d'assistance militaire bilatérale dans l'histoire des Etats-Unis", a souligné le département d’État dans un bref communiqué annonçant une cérémonie de signature formelle, mercredi, au ministère américain des Affaires étrangères.

Washington n'a pas voulu confirmer le montant de l'assistance pour les années 2019-2028, mais un responsable israélien a confirmé le chiffre de 38 milliards de dollars sur dix ans évoqué par la presse. L'accord actuel expire en 2018 et octroie 30 milliards de dollars sur dix ans.

Le gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu réclamait une augmentation considérable de l'enveloppe, la presse israélienne citant même cinq milliards de dollars chaque année pendant dix ans, au lieu des quelque trois milliards actuellement.

M. Netanyahu avait dit en vouloir davantage compte tenu de l'entrée en vigueur en janvier de l'accord international sur le nucléaire iranien signé le 14 juillet 2015 à Vienne entre Téhéran et les grandes puissances.

Ce texte, qui doit garantir la nature pacifique du programme nucléaire iranien, implique la levée de sanctions internationales contre la République islamique et donc des dizaines de milliards de dollars réinjectés dans l'économie iranienne, synonyme selon M. Netanyahu de menace accrue pour Israël.

Si l'objectif principal affiché de l'accord sur le nucléaire est d'empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique, les États-Unis espèrent aussi que Téhéran revienne progressivement dans le concert des nations, notamment pour tenter de stabiliser les conflits au Moyen-Orient.

- Dégel Etats-Unis/Iran -

Voulu par le président Barack Obama, ce règlement historique sur le nucléaire iranien a été interprété comme une amorce de dégel entre Washington et Téhéran, dont les relations diplomatiques sont rompues depuis 1980. Un rapprochement au grand dam des alliés historiques de l'Amérique, Israël et l'Arabie saoudite.

De fait, les discussions américano-israéliennes sur l'aide militaire se sont tenues dans un climat de rare défiance qui caractérise les relations entre l'administration Obama et le gouvernement Netanyahu depuis des années.

Le coup de froid, qui avait commencé en 2012, a culminé en 2015 dans la dernière ligne droite des négociations avec l'Iran. La Maison Blanche avait considéré que l'intervention solennelle en mars 2015 devant le Congrès américain du Premier ministre israélien, qui avait démonté l'accord en discussions, était une ingérence sans précédent dans les affaires des États-Unis.

M. Netanyahu, détracteur farouche d'un tel compromis avec l'ennemi iranien d'Israël, avait dans un premier temps décidé de ne pas engager de tractations avec Washington pour renouveler l'aide militaire tant que la question de l'accord sur le nucléaire iranien ne serait pas tranchée.

L'administration américaine démocrate, critiquée par les républicains au Congrès, a toujours insisté sur le fait qu'au-delà des différends, Israël n'avait jamais bénéficié d'un soutien plus solide que sous Barack Obama. La Maison Blanche rappelant régulièrement qu'Israël est un allié indéfectible de l'Amérique et son premier récipiendaire en termes d'assistance militaire.

Une fois le texte avec l'Iran signé et appliqué, M. Netanyahu a voulu montrer que la page était tournée. La presse israélienne l'avait toutefois soupçonné d'attendre l'entrée en fonctions le 20 janvier 2017 du prochain président américain pour obtenir une aide militaire encore plus généreuse.

- "Jouer" avec la sécurité d'Israël -

L'un de ses prédécesseurs, Ehud Barak, avait même accusé M. Netanyahu de "jouer" avec la sécurité d'Israël. "Au lieu de recevoir 4,5 milliards de dollars comme on le pensait et comme cela aurait été possible il y a un an (...), Israël va recevoir 3,8 milliards", avait-il déploré en août.

Et les dissensions entre les deux alliés se sont poursuivies durant leurs négociations: le ministère israélien de la Défense, dirigé par l'ultranationaliste Avigdor Lieberman, avait comparé en août l'accord avec l'Iran avec celui l'accord de Munich de 1938, symbole historique de la capitulation diplomatique des démocraties européennes face à l'Allemagne nazie.

En outre, les États-Unis et Israël étalent dorénavant leurs profondes divergences sur le conflit israélo-palestinien, pour laquelle la dernière médiation du secrétaire d’État John Kerry a échoué au printemps 2014.

Washington dénonce systématiquement la poursuite de la colonisation israélienne dans les Territoires palestiniens, comme un obstacle à toute solution à deux États et à la relance du processus de paix.

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