SHANGHAI (Reuters) - La banque centrale chinoise a suspendu certaines opérations d'au moins trois banques étrangères sur le marché des changes, a-t-on appris auprès de trois sources ayant vu les avis de suspension.
Parmi les services suspendus figurent les liquidations de positions de clients sur le marché spot et d'autres services liés aux transactions transfrontalières, intérieures et extérieures du yuan, ont précisé les sources qui s'exprimaient à la condition que ne soient pas révélés les noms des banques.
La Banque populaire de Chine (BPC) n'a pas motivé sa décision, ont-elles ajouté, en notant que les banques ont pu être ciblées du fait de l'importance de leur activité forex.
"Cela fait partie des moyens de la BPC pour stabiliser le taux de change du yuan", a dit un responsable d'une banque étrangère joint séparément.
La Chine a pris une série de mesures pour stabiliser le yuan depuis sa dévaluation surprise du 11 août, qui a entraîné d'importantes sorties de capitaux dans la crainte d'un ralentissement de la croissance de la deuxième économie mondiale.
La BPC n'a fait aucun commentaire dans l'immédiat mais l'Administration d'Etat chargée des marchés des changes (SAFE) a fait part mercredi de son souci d'augmenter ses moyens pour limiter les risques provenant de flux transfrontaliers "anormaux".
ARBITRAGES ILLICITES
Une récente enquête d'Asiamoney auprès d'intervenants du marché désignait Deutsche Bank comme la principale banque étrangère active sur le forex en Chine, devant Australia and New Zealand Banking Group, HSBC, Citigroup et BNP Paribas (PA:BNPP).
Priées de dire si elles avaient reçu l'avis de la banque centrale, Citi, Deutsche Bank, HSBC et BNP Paribas n'ont pas souhaité s'exprimer. ANZ n'a pas répondu dans l'immédiat.
Standard Chartered (L:STAN) et DBS, qui effectuent également du trading forex en Chine, n'ont pas non plus répondu à des demandes d'information.
Il y a trois mois, la BPC avait ordonné aux banques de contrôler étroitement les transactions forex de leurs clients pour empêcher des arbitrages transfrontaliers illicites entre les cours du yuan sur le marché intérieur et extérieur.
L'écart ("spread") entre les deux cours s'est accru depuis la dévaluation de cet été, compliquant les efforts de la banque centrale pour gérer sa devise et prévenir des sorties de capitaux alors que la croissance chinoise connaît son ralentissement le plus marqué depuis 25 ans.
Selon les sources, les autorités ont averti les banques que la BPC couperait encore plus les canaux utilisés pour les arbitrages si elles cherchaient à gagner de l'argent en faisant des "carry trades", transactions où elles cherchent à profiter du différentiel des taux de change "onshore" et "offshore".
Le yuan "onshore" négocié à Shanghai a perdu 1,44% de sa valeur depuis la fin novembre, tombant à son plus bas niveau depuis quatre ans et demi.
Le yuan "offshore", à Hong Kong, a connu une trajectoire similaire et touché mercredi matin un plus bas depuis septembre 2011 de 6,60 pour un dollar.
La dépréciation du yuan a contribué à la baisse de plus de 400 milliards de dollars (366 milliards d'euros) des réserves en devises étrangères de la Chine cette année.
"C'est un moyen pour atténuer les pressions sur le yuan", a dit un économiste d'un "think tank" d'Etat sous le couvert de l'anonymat. "Mais je ne pense pas que les autorités prendront des mesures fortes de contrôle des capitaux, elles cherchent juste à renforcer les mesures existantes."
(Lu Jianxin et Nathaniel Taplin, avec les contributions de Lawrence White et Umesh Desai à Hong Kong et de Kevin Yao à Pékin; Véronique Tison pour le service français)