Pharmacie: la Dépakine à l'origine d'un scandale d'une ampleur inattendue

Publié le 24/08/2016 11:33
Le valproate de sodium est sur la sellette à cause d'un risque élevé - de l'ordre de 10% - de malformations congénitales chez les bébés nés de mères qui ont pris ce médicament pendant la grossesse (Photo LOIC VENANCE. AFP)
SASY
-

Le valproate de sodium est sur la sellette à cause d'un risque élevé - de l'ordre de 10% - de malformations congénitales chez les bébés nés de mères qui ont pris ce médicament pendant la grossesse (Photo LOIC VENANCE. AFP)

La publication mercredi d'une étude réalisée par les autorités sanitaires sur la Dépakine, un antiépileptique présentant des risques élevés pour la santé du foetus, devrait donner une idée de l'ampleur du scandale sanitaire qui pourrait avoir fait des milliers de victimes.

Selon Marine Martin, présidente de l'Association d'aide aux parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anticonvulsivant (Apesac) - qui doit être informée mercredi des résultats de l'étude - le valproate de sodium, la substance active de la Dépakine et de plusieurs médicaments génériques, pourrait avoir fait entre 50.000 et 70.000 victimes depuis le début de sa commercialisation en France par le laboratoire Sanofi (PA:SASY) en 1967.

Aucune évaluation officielle du nombre de victimes n'a encore été publiée à ce jour, à l'exception d'un chiffre de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) faisant état de 450 enfants nés avec des malformations congénitales entre 2006 et 2014 après avoir été exposés in utero au valproate, dans un rapport publié en février dernier.

Des traitements à base de valproate sont également utilisés pour traiter les troubles bipolaires, sous d'autres appellations (Dépakote, Dépamide et génériques).

La substance est sur la sellette à cause d'un risque élevé - de l'ordre de 10% - de malformations congénitales chez les bébés nés de mères qui ont pris ce médicament pendant la grossesse.

Les malformations portent principalement sur le coeur, les reins, les membres, la colonne vertébrale (spina bifida) et incluent des becs de lièvre.

Mais les enfants exposés in utero au valproate ont également un risque nettement accru - de l'ordre de 30 à 40%- de présenter des retards de développement et de souffrir d'autisme.

Les retards concernent principalement l'acquisition de la parole et de la marche, des capacités verbales et intellectuelles diminuées ainsi que des troubles de mémoire.

Selon plusieurs études, le quotient intellectuel mesuré chez des enfants d'âge scolaire exposés in utero au valproate serait en moyenne de 7 à 10 points inférieur à celui des enfants exposés à d'autres antiépileptiques.

Mais les données montrent également un risque de présenter des troubles envahissants du développement (comme l'autisme) trois à cinq fois supérieur à celui des populations non exposées au valproate.

- 'scandale d'Etat' -

Le risque de malformations est connu depuis les années 1980, et celui de troubles neuro-développementaux émerge progressivement à partir de la fin des années 90.

Mais il faudra attendre 2006 pour que le médicament indispensable chez certains patients ne répondant pas aux autres antiépileptiques, soit déconseillé en cas de grossesse et un arbitrage européen en novembre 2014 pour que l'ensemble des risques soient répertoriés et que le médicament ne puisse plus être prescrit aux filles et aux femmes en âge de procréer ainsi qu'aux femmes enceintes "sauf en cas d'inefficacité ou d'intolérance aux alternatives médicamenteuses".

Selon des informations parues il y a deux semaines dans le Canard Enchaîné, l'étude qui doit être publiée mercredi indiquerait notamment que 10.000 femmes enceintes se sont encore vu prescrire du valproate entre 2007 et 2014 alors que les risques étaient connus.

"Le manque de réactivité" de Sanofi et de l'agence du médicament ANSM a été pointé du doigt dès février dernier par l'Igas, tandis que l'Apesac qui alerte depuis 2011 sur les dangers du valproate n'hésite pas à parler de "scandale d'Etat".

L'association a déjà rassemblé plus d'un millier de dossiers dont une vingtaine sont devant la justice.

Lancée à la fin 2015, l'étude a été réalisée conjointement par l'ANSM et la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAMTS).

Derniers commentaires

Installez nos applications
Divulgation des risques: Négocier des instruments financiers et/ou des crypto-monnaies implique des risques élevés, notamment le risque de perdre tout ou partie de votre investissement, et cela pourrait ne pas convenir à tous les investisseurs. Les prix des crypto-monnaies sont extrêmement volatils et peuvent être affectés par des facteurs externes tels que des événements financiers, réglementaires ou politiques. La négociation sur marge augmente les risques financiers.
Avant de décider de négocier des instruments financiers ou des crypto-monnaies, vous devez être pleinement informé des risques et des frais associés aux transactions sur les marchés financiers, examiner attentivement vos objectifs de placement, votre niveau d'expérience et votre tolérance pour le risque, et faire appel à des professionnels si nécessaire.
Fusion Media tient à vous rappeler que les données contenues sur ce site Web ne sont pas nécessairement en temps réel ni précises. Les données et les prix sur affichés sur le site Web ne sont pas nécessairement fournis par un marché ou une bourse, mais peuvent être fournis par des teneurs de marché. Par conséquent, les prix peuvent ne pas être exacts et peuvent différer des prix réels sur un marché donné, ce qui signifie que les prix sont indicatifs et non appropriés à des fins de trading. Fusion Media et les fournisseurs de données contenues sur ce site Web ne sauraient être tenus responsables des pertes ou des dommages résultant de vos transactions ou de votre confiance dans les informations contenues sur ce site.
Il est interdit d'utiliser, de stocker, de reproduire, d'afficher, de modifier, de transmettre ou de distribuer les données de ce site Web sans l'autorisation écrite préalable de Fusion Media et/ou du fournisseur de données. Tous les droits de propriété intellectuelle sont réservés par les fournisseurs et/ou la plateforme d’échange fournissant les données contenues sur ce site.
Fusion Media peut être rémunéré par les annonceurs qui apparaissent sur le site Web, en fonction de votre interaction avec les annonces ou les annonceurs.
La version anglaise de ce document est celle qui s'impose et qui prévaudra en cas de différence entre la version anglaise et la version française.
© 2007-2025 - Fusion Media Ltd Tous droits réservés