Sous pression, AIG gâte ses actionnaires et se restructure

Publié le 26/01/2016 17:29
Siège de l'assureur américain AIG, à New York, le 17 septembre 2008 (Photo STAN HONDA. AFP FILES)

Siège de l'assureur américain AIG, à New York, le 17 septembre 2008 (Photo STAN HONDA. AFP FILES)

L'assureur américain AIG va distribuer 25 milliards de dollars à ses actionnaires et promet des économies et des cessions d'actifs pour tenter de desserrer l'étau d'investisseurs influents qui réclament son démantèlement.

Peter Hancock, le directeur général, a annoncé mardi une série d'initiatives stratégiques pour espérer rallier le soutien d'une majorité d'actionnaires et sauver son fauteuil face aux assauts des milliardaires Carl Icahn et John Paulson.

M. Hancock promet de distribuer 25 milliards de dollars aux actionnaires dans les deux prochaines années, sous la forme de dividendes et de rachats d'actions. Cette somme ne prend pas en compte les 12 milliards de dollars qui leur seront versés au titre de 2015.

Pour y parvenir, il compte effectuer essentiellement des désinvestissements et réduire la voilure dont une première vague d'économies de 1,6 milliard d'ici deux ans.

AIG va créer également un portefeuille dans lequel vont être logés des actifs hérités de la crise financière de 2008 (legacy portfolio), qui seront soit vendus soit amoindris. Des polices d'assurance contre des responsabilités environnementales des employés font partie notamment des "bagages".

L'activité d'assurance hypothécaire ou d'assurance crédit, United Guaranty Corporation (UGC), va par ailleurs prendre son indépendance. Près de 20% du capital vont être introduits en Bourse, d'ici fin juin après le feu vert des régulateurs. UGC, qui a généré un bénéfice opérationnel de 464 millions de dollars sur les neuf premiers mois de 2015, est valorisé entre 3 et 6 milliards de dollars par les analystes.

Dans le même temps, AIG va céder son activité de conseils financiers et de courtage AIG Advisor Group au fonds new-yorkais Lightyear Capital et au fonds de pension canadien PSP Investments pour un montant non dévoilé.

"Toutes ces actions montrent qu'AIG a pris un pas important pour simplifier son organisation afin d'être plus flexible et rentable", se réjouit Peter Hancock.

- Systémique -

Il reste maintenant à savoir si ces initiatives vont satisfaire Carl Icahn, très critique de la direction. Le milliardaire américain a joint sa voix en octobre à celle d'un autre milliardaire actionnaire, John Paulson, pour demander la scission du groupe en trois entités indépendantes cotées afin de doper le cours de Bourse.

L'une d'entre elles se spécialiserait dans l'assurance des prêts immobiliers (assurance invalidité notamment) en forte croissance, une autre dans l'assurance-vie et la dernière dans la couverture des dommages et sinistres.

Ce schéma créerait, selon M. Icahn, des entreprises plus faciles à gérer et aurait surtout l'avantage de lui faire perdre son statut d'institution financière d'importance systémique (SIFI). Ce statut est assorti de contraintes réglementaires spécifiques comme renforcer ses fonds propres. Metlife Inc, rival d'AIG, a par exemple annoncé mi-janvier s'alléger, en se séparant de ses activités de "détail" aux Etats-Unis pour échapper aux exigences draconiennes de la régulation.

La direction d'AIG ne veut, elle, pas appliquer une cure d'amaigrissement au groupe et a ainsi de nouveau rejeté mardi le "plan Icahn", faisant valoir que l'entreprise avait suffisamment les épaules solides pour satisfaire les régulateurs. Elle a reçu mardi le soutien du conseil d'administration.

"Après un examen minutieux, AIG estime qu'une séparation totale (de ses activités) à court terme va diminuer (...) la valeur des (actifs) des actionnaires", défend Douglas Steenland, le président non exécutif du conseil.

AIG n'est plus le mastodonte qu'il a été avant la crise financière, avec des activités variées dont certaines hors de son métier. Il s'est délesté de sa filiale de location d'avions ILFC et procédé à des milliers de licenciements.

De mauvais paris sur des produits financiers adossés à des prêts immobiliers "subprime" ont failli faire disparaître le groupe, qui était devenu en 2005 premier assureur mondial sous l'impulsion de son légendaire PDG Maurice "Hank" Greenberg. Il n'a dû sa survie qu'à un sauvetage de 180 milliards de dollars in extremis de l'Etat fédéral.

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