par James Pearson (LON:PSON)
PYONGYANG (Reuters) - Un congrès historique du Parti nord-coréen des travailleurs, le premier depuis 1980, s'est ouvert vendredi à Pyongyang et devrait consolider l'emprise de Kim Jong-un à la tête d'un pays à l'isolement international croissant.
L'événement, qui doit durer quatre ou cinq jours, consacre le règne du jeune dirigeant qui a accédé au pouvoir il y a quatre ans après la mort de son père, Kim Jong-il, en décembre 2011.
Des milliers de délégués venus de tout le pays assistent à cette réunion très codifiée. Les journalistes étrangers, invités à couvrir le congrès dans ce pays habituellement méfiant à l'endroit des médias, n'ont pas été autorisés à pénétrer à l'intérieur du Palais de la culture du 25 avril où se déroule la manifestation.
Les médias officiels nord-coréens n'avaient de leur côté fourni aucun détail sur le déroulement du congrès vendredi en début de soirée.
Avant l'ouverture du congrès, les autorités ont vanté les "résultats miraculeux" du pays. L'agence officielle de presse KCNA rapporte ainsi que les objectifs de production dans le secteur industriel ont été remplis à 144%. Idem pour ce qui est de l'énergie, avec 110% des objectifs de production d'électricité remplis.
Le pouvoir a également déclaré que les avancées récentes dans les domaines du nucléaire et de la balistique étaient "les plus beaux cadeaux" faits aux délégués.
La Corée du Nord a conduit ces derniers mois une série d'essais de missiles et de tests nucléaires, exacerbant des relations déjà tendues avec son voisin du Sud avec laquelle elle est techniquement toujours en guerre.
Des médias sud-coréens ont rapporté fin avril que la Corée du Nord pourrait prochainement effectuer son cinquième essai nucléaire. "L'objectif poursuivi par la Corée du Nord est de devenir une puissance nucléaire militaire internationalement reconnue", a déclaré mardi devant des députés le ministre sud-coréen de la Défense, Han Min-koo.
VOITURES EN NOMBRE ACCRU, IMMEUBLES EN CHANTIER
Kim devrait profiter du Congrès pour déclarer officiellement la Corée du Nord comme puissance nucléaire et mettre le pays sur la voie du "Byongjin", qui prône le développement parallèle de l'économie et des capacités nucléaires.
Cette doctrine fait suite au "Songun" de Kim Jong-il, c'est-à-dire "l'armée d'abord", et au "Juche" de son grand-père, Kim Il-sung, la matrice idéologique de la Corée du Nord qui mêle marxisme et nationalisme exacerbé.
La radio publique nord-coréenne a annoncé que le VIIe congrès du Parti des travailleurs allait "dévoiler le schéma brillant qui mènera à la victoire finale de notre révolution", rapporte l'agence sud-coréenne de presse Yonhap.
Depuis l'arrivée au pouvoir du troisième membre de la dynastie des Kim, la Corée du Nord a vu se développer un "marché gris" avec pour conséquence une consommation en hausse dans la capitale, où l'on voit plus de voitures, plus de taxis et où les magasins vendent des marchandises plus diversifiées. Les immeubles en chantier sont également plus nombreux et la ville mieux éclairée la nuit.
Toute la semaine, Pyongyang a résonné des slogans patriotiques scandés par les habitants se préparant au grand jour, tandis que des milliers d'écoliers vêtus de chemises blanches et de chapeaux rouges répétaient des spectacles.
Les quatre années de Kim Jong-un au pouvoir ont été marquées par de fréquents remaniements au sein de son premier cercle, avec purges et exécutions. L'exécution de son oncle, le puissant Jang Song Thaek en 2013, a particulièrement marqué les esprits.
Kim lui-même est peu apparu en public. Sa dernière apparition dans les médias remonte au 24 avril. Il avait supervisé la veille un test de lancement d'un missile balistique lancé à partir d'un sous-marin.
Selon les médias d'Etat, les délégués au congrès ont assisté à un opéra mercredi intitulé "La victoire de la révolution est en vue" au Grand théâtre de Pyongyang.
(avec Jack Kim et Jee Heun Kahng à Séoul; Nicolas Delame, Danielle Rouquié, Henri-Pierre André et Tangi Salaün pour le service français)