PEDROGAO GRANDE, Portugal (Reuters) - Un millier de pompiers luttaient toujours lundi contre le feu de forêt qui ravage depuis samedi une région montagneuse du centre du Portugal, où 63 personnes au moins, dont un Français, ont été tués et des dizaines d'autres blessées.
Aidés par deux bataillons de l'armée et des avions Canadair français et espagnols, les pompiers opèrent dans des conditions météorologiques défavorables, malgré quelques chutes de pluie enregistrées lundi matin.
Signe de la difficulté de leur tâche, un soldat du feu a succombé à ses brûlures lundi après avoir aidé des automobilistes à quitter leurs voitures qui allaient être englouties par l'incendie.
Plus de 70 personnes, dont 13 pompiers, ont aussi été transportées dans la journée à l'hôpital pour y être soignées pour des brûlures et d'autres blessures.
"Il y a encore beaucoup de forêt en mesure de brûler et la pluie n'a pas été d'un grand secours", a déclaré Rui Barreto, responsable au poste de secours d'urgence de Pedrogao Grande, lieu du départ de l'incendie, à 200 km environ au nord-est de Lisbonne.
A Paris, le ministère français des Affaires étrangères, a annoncé lundi qu'un Français était au nombre des victimes.
"Un de nos compatriotes est décédé dans ces incendies. Le centre de crise et de soutien à Paris et notre ambassade à Lisbonne sont mobilisés pour apporter tout le soutien nécessaire à ses proches", précise le ministère dans un communiqué, ajoutant que trois avions Canadair français appuyaient les secours portugais.
MANQUE DE COORDINATION ET D'INFORMATION
De la foudre tombée sur un arbre serait à l'origine du sinistre. Attisé par le vent et l'air brûlant, le feu a échappé rapidement à tout contrôle.
"Qu'est-ce qui n'a pas fonctionné samedi? Tout, comme c'est le cas depuis des décennies", titrait lundi le journal Publico en critiquant le manque de coordination entre services d'urgence, la mauvaise gestion des forêts et le déficit d'informations données à la population qui a provoqué la panique.
Au moins la moitié des victimes ont été piégées par les flammes alors qu'elles circulaient en voiture dans la région montagneuse de Leiria, a précisé le secrétaire d'Etat portugais pour les Affaires intérieures, Jorge Gomes. De nombreux autres corps ont été retrouvés à proximité de véhicules carbonisés, probablement abandonnés en catastrophe par leurs passagers dans leur fuite.
"L'ampleur de cet incendie a été telle que nous n'avons pas souvenir d'une telle tragédie humaine", a déclaré dimanche le Premier ministre portugais Antonio Costa qui s'est rendu sur les lieux du drame.
L'incendie a affecté au moins une vingtaine de villages et constitue sans doute le feu de forêt le plus meurtrier jamais survenu au Portugal.
(Alex Bugge et Andrei Khalip; Arthur Connan et Tangi Salaün pour le service français)