La société immobilière allemande Deutsche Wohnen a annoncé mardi le dépôt d'une offre sur sa concurrente GSW, pour créer un géant du secteur avec 150.000 logements situés surtout dans l'est du pays.
La combinaison des deux acteurs sera particulièrement bien implantée à Berlin, "l'une des régions à la croissance (des prix de l'immobilier) la plus dynamique d'Allemagne", argue Deutsche Wohnen dans un prospectus boursier diffusé sur son site internet. Le portefeuille des deux sociétés réunies est estimé à 8,5 milliards d'euros, selon ce document.
Deutsche Wohnen offre 51 de ses propres actions pour 20 actions GSW, ce qui valorise la cible à 1,75 milliard d'euros, soit une prime de 15% par rapport à la moyenne des trois derniers mois du cours de GSW. Au terme de la transaction, les actionnaires de GSW doivent détenir 43% de la nouvelle structure.
Le bouclage de l'opération est prévu pour le premier semestre 2014, et est conditionné au feu vert des autorités de la concurrence ainsi qu'à l'apport de 75% du capital de GSW par les actionnaires.
Dans un bref communiqué, la cible, manifestement prise de court, a indiqué que son directoire allait "examiner attentivement" l'offre "puis rendre un premier avis".
Deutsche Wohnen et GSW sont tous deux cotés sur le MDax, segment des valeurs moyennes de la Bourse de Francfort, et ont plusieurs actionnaires communs, ainsi les fonds BlackRock et MFS, ou encore la banque norvégienne Norges Bank, ce qui devrait donner un coup de pouce à l'opération.
Mardi à 10H30 GMT l'action GSW grimpait de 7,94% à 33,97 euros, tandis que le titre Deutsche Wohnen cédait 3,50% à 13,66 euros. Le groupe devra réaliser une augmentation de capital pour mener à bien son projet.
Karsten Oblinger, analyste de DZ Bank, estime que la nouvelle entité serait, avec quelque 4 milliards d'euros de capitalisation boursière, un poids lourd du MDax voire un candidat au Dax, indice des trente valeurs vedettes de la place.
Deutsche Wohnen table sur des synergies de 430 millions d'euros suite à la fusion, qui seraient réinvestis dans le parc immobilier. Celui-ci comprend essentiellement des logements, et ce surtout dans l'ex-RDA.
Le marché immobilier allemand a longtemps été caractérisé par des prix à la traîne par rapport à nombre d'autres pays européens, un phénomène encore plus marqué à l'est du pays où le parc immobilier a dû être soumis à une rénovation en profondeur depuis la Réunification.
Les prix de l'immobilier connaissent depuis quelques années une forte hausse, surtout dans les grandes villes. En parallèle, les groupes immobiliers cotés à Francfort ont vu leur cours de Bourse grimper fortement. Celui de GSW a ainsi pris près de 50% depuis son introduction en Bourse en 2011.
La fédération berlinoise des locataires s'est émue des projets de fusion. "Le projet de mariage nous inquiète", a commenté Reiner Wild, son président, cité par le site internet du quotidien Handelsblatt, disant craindre des hausses de loyer. Selon le Handelsblatt, le groupe fusionné serait propriétaire de 6,5% des logements en location dans la capitale allemande.
Le prix de location moyen au mètre carré pratiqué par le nouveau groupe serait de 5,43 euros, selon les documents compilés par Deutsche Wohnen.