La Bourse de New York, particulièrement hésitante dans la semaine écoulée, espère trouver une direction la semaine prochaine dans les chiffres de l'emploi américain et les premiers résultats d'entreprises de la saison.
Au cours d'une semaine écourtée par le Vendredi saint, férié sur les marchés américains, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a gagné 0,29% à 17.763,24 points, la petite hausse de jeudi faisant oublier les reculs des deux jours précédents.
Le Nasdaq a cédé 0,09% à 4886,94 points, et l'indice élargi Standard and Poor's 500, le plus surveillé par les investisseurs, a progressé de 0,29% à 2.066,96 points.
"Ca ne ressemble pas à un marché très décidé", a commenté Sam Stovall, chez Standard and Poor's, faisant état d'une lutte d'influence entre ceux qui parient sur la hausse ou sur la baisse des valeurs.
"Cela fait six ans et un mois qu'on est en hausse, alors que typiquement un marché haussier dure en moyenne quatre ans et demi, donc les investisseurs ont l'impression de jouer aux chaises musicales et se préparent au moment où la musique va s'arrêter", a-t-il ajouté pour expliquer les hésitations des investisseurs.
En tout état de cause, "le marché trouve qu'il n'y a pas de raison de battre de nouveaux records", qui restent pourtant proches.
Durant la semaine écoulée, en l'absence de chiffres officiels de l'emploi attendus seulement vendredi, quand les marchés seront fermés, les investisseurs ont ainsi pu s'inquiéter des chiffres médiocres publiés par l'enteprise de services en ressources humaines ADP, qui a fait état d'un ralentissement inattendu des embauches dans le secteur privé. Ils ont été rassérénés par le recul des demandes d'allocations chômage jeudi, lui aussi inattendu.
Le consensus des économistes table actuellement sur la création de 250.000 emplois, et les spécialistes supposent que les marchés ne réagiront pas beaucoup si le chiffre officiel reste compris entre 200.000 et 275.000.
Pour Chris Low, chez FTN Financial, "même si on n'obtient que 175.000 créations d'emplois, le marché purra rapidement passer outre, parce qu'on sort d'une longue série de très bons chiffres".
En outre, "cela fait cinq ans que l'économie ralentit au premier trimestre et au début du deuxième trimestre", ajoute-t-il, et "beaucoup de gens ne s'en inquiètent pas".
Enfin, raison supplémentaire de ne pas s'inquiéter en cas de mauvais chiffres de l'emploi, certains estiment qu'ils pourraient dissuader la Réserve fédérale de hâter la hausse des taux d'intérêt et d'ainsi retirer à l'économie le soutien très important dont elle bénéficie depuis plus de six ans.
Vu que la Fed a répété à plusieurs reprises son intention d'agir dans l'année, "les investisseurs s'inquiètent tout de même que l'économie ne soit pas assez forte" pour résister à la hausse des taux, quelle que soit sa date, en juin ou en fin d'année, a cependant prévenu M. Stovall.
- Le dollar en embuscade -
L'autre centre d'attention majeur des investisseurs dans les jours à venir sera la publication des résultats du premier trimestre du géant de l'aluminium Alcoa (NYSE:AA), le 8 avril, coup d'envoi d'une saison de résultats au cours de laquelle les entreprises devront annoncer comment elles ont réussi à résister au raffermissement du dollar, qui nuit à leurs exportations.
"Même si les exportations ne représentent que 15% du produit intérieur brut, elles représentent 40% des bénéfices du S&P 500", a souligné Alan Skrainka, chez Cornerstone Wealth Management, ce qui explique que les marchés boursiers prêtent une grande attention aux fluctuations du dollar.
M.Skrainka a lui-même revu en baisse de 135 à 118 dollars sa prévision de bénéfice par action annuel des entreprises du S&P.
Pour autant il hésite à tabler sur une correction, qui fait pour lui partie des "choses que l'on ne peut pas prévoir".
"Les marchés résistent car ils voient que les banques centrales vont continuer à apporter leur soutien à la croissance dans l'avenir prévisible", or la croissance est actuellement la seule donnée sur laquelle les investisseurs s'appuient pour se positionner, a-t-il dit.