A l'heure où certaines banques étrangères désertent le marché de la banque de détail en Russie, le groupe français BNP Paribas a décidé de rester dans ce pays en misant sur le crédit à la consommation et en s'alliant à la russe Sberbank.
Après six mois de négociations, les deux établissements ont signé lundi un accord pour former une société commune, a indiqué mardi à l'AFP une porte-parole de BNP Paribas, confirmant des informations du journal Les Echos.
Cette coentreprise sera détenue à 70% par Sberbank et à 30% par Cetelem, la filiale de crédit à la consommation de BNP Paribas.
Spécialisée dans la distribution de crédits à la consommation sur le lieu de vente, une offre que Sberbank n'était jusqu'ici pas en mesure de proposer, la nouvelle entité devrait voir le jour en juin 2012, une fois reçues toutes les autorisations nécessaires.
BNP Paribas aura un droit de veto sur les nominations clefs ainsi que la possibilité de sortir avant l'échéance, comme le soulignent Les Echos dans un article à paraître mercredi.
"Ce n'est pas notre projet pour l'instant", a toutefois précisé au quotidien Thierry Laborde, directeur général de BNP Paribas Personal Finance, qui gère la marque Cetelem. "Nous sommes liés pour au moins une durée de dix ans et nous comptons bien en tirer parti", a-t-il assuré.
A contre-courant, BNP Paribas affiche son appétit. La banque espère voir Cetelem, qui représente actuellement 3,5% du marché russe pour 800 millions d'euros d'encours, grimper d'ici trois à cinq ans à 25 voire 30% de part de marché et 5 milliards d'euros d'encours, selon la porte-parole du groupe.
Stratégie atypique
BNP Paribas a annoncé en septembre qu'elle mettait un terme à ses activités de banque de détail en Russie, hors crédit à la consommation.
La stratégie de l'établissement français paraît atypique dans un contexte de désengagement par plusieurs banques étrangères de la banque de détail en Russie.
A l'instar de la britannique Barclays en février, HSBC a ainsi annoncé fin avril qu'elle mettait fin à ces activités dans le pays pour se recentrer sur la banque d'investissement.
Auparavant, le bancassureur belge KBC et la banque suédoise Swedbank avaient aussi fait part d'intentions similaires, tandis que l'espagnole Santander et l'américaine Morgan Stanley ont déjà revendu leurs activités l'année dernière.
Les analystes estiment que les établissements étrangers se retirent car ils sont évincés par les banques publiques russes et découragés par le mauvais climat d'investissement.
Mais BNP Paribas veut y croire. "Il y a une merveilleuse opportunité d'unir l'expérience de BNP Paribas dans le domaine des crédits au réseau régional très développé de Sberbank et à ses ressources", expliquait en septembre Dmitri Borchtchevski, un porte-parole de BNP Paribas.
La banque souhaite occuper une position dominante dans le secteur russe du crédit à la consommation d'ici "deux-trois ans", avait-il ajouté.
Il pourra pour ce faire s'appuyer sur les 430.000 clients de Cetelem dans ce pays, et sur les 19.000 agences de Sberbank, dont plus de 57% du capital total est détenu par la Banque de Russie.