L'excédent commercial de la Chine a diminué en 2010, mais sa taille - 183,1 milliards de dollars - devrait continuer à en faire un sujet de friction, notamment avec les Etats-Unis où le président chinois Hu Jintao est attendu la semaine prochaine.
"Le commerce extérieur prend d'une manière générale une direction équilibrée", ont estimé les douanes chinoises dans un communiqué, après l'annonce de ce chiffre, en retrait après l'excédent de 196,1 milliards en 2009.
L'excédent commercial du premier exportateur mondial n'a plus représenté que 6,2% du volume total de son commerce extérieur, contre 8,9% en 2009.
Le rééquilibrage s'est accentué en décembre, avec un excédent à 13,1 milliards de dollars, inférieur aux attentes des analystes, et nettement en-dessous des 22,9 milliards de USD de novembre.
"Une croissance toujours vigoureuse des importations (chinoises) et la lenteur de la reprise de l'économie mondiale diminuent l'excédent, tandis que l'augmentation rapide de l'argent en circulation alimente la demande chinoise", a expliqué à l'AFP Alistair Thornton, du cabinet de consultants IHS Global Insight.
Les exportations chinoises, composées majoritairement de machines et de produits électroniques, mais aussi les importations, ont atteint en décembre des niveaux records. Les premières se sont élevées le mois dernier à 154,15 milliards de dollars, en hausse de 17,9% sur un an, tandis que les secondes atteignaient 141,07 milliards de USD, en hausse de 25,6%.
Tous ces chiffres sont publiés alors que le président chinois Hu Jintao doit effectuer du 18 au 21 janvier une visite d'Etat aux Etats-Unis, dont le déficit commercial est majoritairement imputable au déséquilibre des échanges sino-américains.
"La diminution de l'excédent ne va pas rayer le sujet du rééquilibrage (commercial) de l'ordre du jour du voyage de M. Hu à Washington, loin s'en faut. Mais elle pourrait lui procurer quelques munitions quand le sujet sera abordé", a estimé M. Thornton.
S'il a diminué en décembre, l'excédent commercial mensuel de la Chine s'est tout de même maintenu au-dessus de 20 milliards de dollars durant cinq des sept derniers mois.
"Je ne pense pas que les chiffres pour un seul mois vont vraiment rassurer le congrès américain", a également prédit Ken Peng, économiste chez Citigroup.
Il relève que la baisse de l'excédent commercial est due pour beaucoup à celle des exportations de pétrole brut, les producteurs chinois ayant préféré répondre à une forte hausse de la demande intérieure plutôt que de vendre à l'étranger.
Les Etats-Unis demandent avec insistance une réévaluation du yuan, dont le faible niveau confère selon eux un avantage comparatif indu aux produits chinois, creusant le déficit commercial que Washington entretient avec Pékin.
Le gouvernement chinois rejette cette explication et rend les restrictions sur les exportations américaines de produits de haute technologie responsables du déficit américain, ainsi que, d'une manière plus générale, la division internationale du travail qui a fait de la Chine l'atelier du monde à travers les délocalisations.
Pékin a promis de laisser le yuan flotter davantage à l'avenir par rapport au dollar, auquel il reste très étroitement arrimé, mais sans fixer de calendrier.
En l'absence de réévaluation significative de la monnaie chinoise, l'excédent commercial qui s'accumule année après année fait gonfler les réserves de change de la deuxième économie mondiale, qui s'élevaient fin septembre à 2.648 milliards de dollars.
Pour diminuer la pression inflationniste que crée ce trésor de guerre en augmentant la masse monétaire, des exportateurs chinois ont récemment été autorisés à conserver leurs devises plutôt que de les déposer auprès de la banque centrale.