(Reuters) - Des chiffres de l'emploi aux Etats-Unis supérieurs aux attentes et des propos apaisants du président de la Réserve fédérale ont fait bondir vendredi les indices de Wall Street, qui ont fait mieux qu'effacer leurs lourdes pertes de la séance précédente.
Avant même ces deux nouvelles, le contexte était favorable à un regain d'appétit pour les actifs risqués avec l'annonce d'une reprise lundi à Pékin des discussions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, d'une hausse de l'indice PMI du secteur chinois des services, au plus haut depuis six mois, et d'une réduction des réserves obligatoires imposées aux banques chinoises par la banque centrale.
Un rapport mensuel de l'emploi meilleur que prévu et les déclarations de Jerome Powell, qui a souligné que l'économie américaine restait sur la bonne voie et assuré que la Fed était prête à adapter sa politique monétaire en cas de besoin, ont complété un tableau idyllique pour les investisseurs..
L'indice Dow Jones a gagné 746,94 points, soit 3,29%, à 23.433,16 points.
Le S&P-500, plus large, a pris 84,05 points, soit 3,43%, à 2.531,94.
Le Nasdaq Composite a avancé de son côté de 274,309 points (4,26%) à 6.738,86.
Il s'agit de la plus forte progression simultanée des trois grands indices depuis des années et le contraste est frappant avec la séance de jeudi, qui avait vu les indices plonger, une statistique alarmante sur l'activité manufacturière aux Etats-Unis et un rare avertissement d'Apple (NASDAQ:AAPL) sur ses ventes ayant alimenté les craintes d'un ralentissement de l'économie mondiale.
Les évolutions spectaculaires des indices de Wall Street sur les deux dernières séances offrent un résumé saisissant de la situation sur les marchés en ce tout début d'année, avec une forte volatilité et une extrême réactivité aux mauvaises nouvelles comme aux bonnes.
Sur l'ensemble de la semaine, raccourcie par le Nouvel An, le S&P-500 a gagné 1,86%, le Dow 1,61% et le Nasdaq 2,34%.
VALEURS
Le rebond a profité à l'ensemble des secteurs de la cote américaine mais plus particulièrement aux valeurs technologiques, dont l'indice S&P a repris plus de 4%, grâce entre autres à Intel (NASDAQ:INTC) (+6,15%) et Apple, qui a regagné 4,27% après la chute de près de 10% subie la veille en réaction à son avertissement.
LES INDICATEURS DU JOUR
Avant les déclarations de Jerome Powell, le rebond boursier avait déjà profité des chiffres mensuels de l'emploi aux Etats-Unis: supérieures aux attentes, ces statistiques rassurent sur la dynamique de croissance de la première économie mondiale et peuvent fournir un argument à la Fed pour poursuivre la remontée des taux d'intérêt.
Le département du Travail a recensé 312.000 créations de postes le mois dernier, le chiffre le plus élevé depuis février, et a revu en hausse de 58.000 au total les statistiques des deux mois précédents.
Le salaire horaire moyen a augmenté de 0,4% en décembre et en rythme annuel, sa hausse atteint 3,2%, comme en octobre, après 3,1% en novembre.
LA SÉANCE EN EUROPE
Le signal du rebond était venu d'Europe, grâce notamment aux espoirs sur le front du commerce et aux nouvelles venues de Chine.
À Paris, le CAC 40 a terminé en hausse de 2,72% (125,63 points) à 4.737,12 points, enregistrant sa plus forte hausse sur une séance depuis le 24 avril 2017, lendemain du premier tour de l'élection présidentielle française.
A Londres, le FTSE 100 a gagné 2,16% et à Francfort, le Dax a progressé de 3,37%.
L'indice EuroStoxx 50 a pris 2,95%, le FTSEurofirst 300 2,78% et le Stoxx 600 2,83%, sa meilleure performance quotidienne depuis juin 2016.
TAUX
Sur le marché des emprunts d'Etat, le rendement des bons du Trésor américain à dix ans reprend onze points de base à 2,67%, porté par les chiffres de l'emploi et surtout par le discours de Jerome Powell.
Celui du Bund allemand de même échéance, référence pour l'ensemble de la zone euro, a suivi le même mouvement: il a fini la journée à 0,207% après un pic à 0,221%, gagnant en séance jusqu'à sept points par rapport à son niveau de jeudi soir, sa plus forte progression sur une séance depuis juin dernier.
CHANGES
Les chiffres de l'emploi américain ont permis au dollar de reprendre du terrain face au yen. Le ton prudent employé par le patron de la Fed l'a ensuite fait reculer un peu face à un panier de référence dont l'euro, qui se traite autour de 1,14 dollar.
PÉTROLE
Les facteurs qui ont favorisé la hausse des actions ont profité également au marché pétrolier.
Les deux contrats de référence ont gagné jusqu'à plus de 2%. La hausse s'est toutefois atténuée après la publication des chiffres hebdomadaires des stocks aux Etats-Unis, qui montrent une forte augmentation des réserves d'essence et de produits distillés.
L'annonce d'une baisse du nombre de puits de forage cette semaine aux Etats-Unis a ensuite soutenu la tendance.
Le contrat février sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a finalement gagné 87 cents, soit 1,85%, à 47,96 dollars le baril.
Le Brent de mer du Nord à échéance en mars a pris pour sa part 1,11 dollar (1,98%) à 57,06 dollars.
(Patrick Vignal pour le service français)