par Kevin Yao et Winni Zhou
PEKIN (Reuters) - La production industrielle, les investissements et les ventes au détail ont progressé moins que prévu en juillet en Chine, ce qui devrait inciter les autorités chinoises à mettre en oeuvre de nouvelle mesures de soutien pour éviter que le ralentissement s'accentue, alors que la dévaluation surprise du yuan annoncée mardi continue de perturber les marchés.
En deux jours, la monnaie chinoise a perdu plus de 4%. Des sources proches du pouvoir ont déclaré que des figures influentes du gouvernement plaidaient pour que le mouvement se poursuive jusqu'à un seuil de près de 10%.
Un économiste d'un groupe de réflexion gouvernemental conseillant les décideurs politiques à Pékin a évoqué des appels au sein du gouvernement en faveur "d'un taux de change plus flexible, ou convenablement dévalué, pour contribuer à stabiliser la demande provenant de l'extérieur et la croissance".
"Il faut que la dévaluation soit suffisante, sinon elle ne permettra pas de stimuler les exportations", a-t-il poursuivi, précisant qu'une dévaluation en deçà de 10% lui paraissait "raisonnable".
Alors que certains redoutent la relance d'une guerre des monnaies, la Banque populaire de Chine, qui avait présenté la dévaluation annoncée mardi comme une mesure de libéralisation du marché, a assuré mercredi qu'elle ne laisserait pas la devise locale glisser trop loin.
DOUTES PERSISTANTS SUR L'OBJECTIF DE CROISSANCE 2015
Cette initiative est pourtant intervenue après la publication d'une série d'indicateurs macroéconomiques décevants, dont une chute des exportations en juillet.
Les données rendues publiques mercredi - production industrielle, investissements et ventes au détail - n'ont pas été plus encourageantes.
Les indicateurs du mois de juin avaient donné à penser que la batterie de mesures de soutien mises en oeuvre par Pékin portait ses fruits mais la quasi-totalité des données concernant le mois de juillet se sont avérées inférieures aux prévisions, suggérant une détérioration supplémentaire de l'économie chinoise.
Selon Louis Kuijs, économiste spécialiste de la Chine chez Royal Bank of Scotland à Hong Kong, "une amélioration était largement attendue et il n'y a aucun progrès. La situation empire au lieu de s'améliorer", ce qui compromet les chances d'atteindre l'objectif officiel d'un taux de croissance d'environ 7% cette année.
Faute d'amélioration rapide de la conjoncture, des économistes d'ANZ prévoient que la croissance du trimestre en cours tombe à 6,5% contre 7% au deuxième trimestre.
La baisse du yuan observée pour l'instant étant insuffisante pour stimuler les exportations chinoises, des économistes d'OCBC prévoient que si cette dévaluation est une mesure ponctuelle, les prochaines mesures de soutien pourraient être un élargissement de la fourchette de fluctuation quotidienne du yuan et un nouvel abaissement des taux des réserves obligatoires imposées au secteur bancaire, afin de compenser les mouvements de fuite des capitaux.
(Myriam Rivet pour le service français, édité par Patrick Vignal)