Le gouvernement portugais s'efforce actuellement d'inciter les PME à se tourner vers la bourse pour résoudre leurs problèmes de liquidités face au tarissement du financement bancaire depuis que le pays est sous assistance financière.
Le gouvernement prépare ainsi des mesures "sur le plan fiscal" afin de faciliter l'introduction en bourse des PME, a confirmé à l'AFP un porte-parole du ministère de l'Economie. Il s'agirait notamment de permettre aux entreprises de déduire de leurs impôts les coûts liés à une augmentation de capital.
"Il est essentiel (...) d'améliorer et diversifier le financement de nos entreprises", a récemment affirmé le ministre de l'Economie, Alvaro Santos Pereira, ajoutant qu'il souhaitaient ainsi aider "les entreprises à réduire leur endettement" auprès des banques.
Le financement de l'économie est une question prioritaire pour le gouvernement, qui a déjà annoncé fin mai des incitations fiscales pour les entreprises qui investissent.
Les entreprises connaissent actuellement de graves difficultés pour se financer depuis que le Portugal bénéfice d'une aide financière de 78 milliards d'euros, accordée en mai 2011, en raison des taux prohibitifs que lui réclamaient les marchés.
L'introduction en bourse des PME apparait ainsi comme une solution d'autant qu'elles disposent d'une plate-forme d'échanges, Alternext, créée en 2005 par Euronext pour leur offrir une alternative de cotation.
Mais jusqu'à présent les PME ont été plutôt réticentes. "Les entrepreneurs portugais ont du mal à partager le contrôle et la gestion de leurs entreprises" dans un pays qui a une longue histoire de nationalisations intervenues après la Révolution des OEillets, qui a mis un terme à la dictature salazariste, explique l'avocat d'affaires Daniel Proença de Carvalho.
L'entreprise technologique Intelligent Sensing Anywhere (ISA) basée à Coimbra (centre), qui développe des systèmes de gestion à distance, a été la première entreprise portugaise à être entrée sur Alternext en juin 2012, un exemple suivi ce lundi par le fonds immobilier Nexponor.
"Des avantages évidents"
Pour le président de Isa, José Basilio Simoes, cette présence en bourse a "permis une plus grande visibilité" de sa société, qui cherche à s'internationaliser, lui permettant de "trouver de nouveaux investisseurs".
Pour promouvoir les marchés de capitaux auprès des PME, Euronext Lisbonne a également lancé plusieurs initiatives. La place lisboète s'est notamment associée à des associations d'entrepreneurs pour faciliter les démarches des entreprises locales, qui peuvent bénéficier d'une réduction de coûts pour entrer en bourse.
"Ces associations ont une implantation régionale que la Bourse n'a pas et nous permettent de relayer notre message auprès de leurs associés", a expliqué à l'AFP Luis Laginha de Sousa, président d'Euronext Lisbonne.
Actuellement, face "à l'assèchement du crédit bancaire et aux difficultés des entreprises à se financer, la Bourse présente des avantages évidents", affirme l'avocat Paulo Bandeira qui conseille les entreprises dans leurs investissements.
"Elle leur permet de se financer plus facilement. Elle offre une plus grande visibilité et exige un examen minutieux de la société qui donne confiance aux investisseurs", a-t-il relevé.
Le gouvernement veut donner l'exemple. M. Santos Pereira a annoncé que les prochaines privatisations prévues dans le plan d'assistance du Portugal passeraient par la bourse.
"Il est important qu'une partie des privatisations passe aussi, partiellement ou totalement, par le marché secondaire pour aider ces mêmes marchés à se développer", a-t-il affirmé.
Le gouvernement doit privatiser dans les prochains mois la compagnie aérienne TAP, la branche assurance de la banque publique Caixa Geral de Depositos ou encore la poste.
Toutefois, l'introduction en bourse des PME comporte également certains inconvénients, rappelle l'avocat Paulo Bandeira.
"Le financement peut se faire à des taux identiques, voire plus élevés que ceux des banques", selon lui, tandis que les entreprises cotées "ont un devoir d'information et de transparence plus important (...) qui peut être parfois contraignant".