Les bureaux du producteur d'or Randgold ont été fermés à Bamako par les autorités à cause d'un différend fiscal, mais le patron de cette multinationale l'assure lundi à l'AFP: "le Mali est stratégique pour nous tout comme nous sommes stratégiques pour le Mali".
Le groupe sud-africain, essentiellement présent en Afrique francophone, estime que les autorités maliennes ont la main trop lourde en matière d'impôts et qu'une grande partie des taxes exigées sont injustifiées et sans fondement, en contradiction avec les conventions minières qui garantissent une stabilité fiscale.
Le différend, qui porte sur plus de 200 millions de dollars, vient de prendre une nouvelle tournure puisque le groupe, coté à la Bourse de Londres et au Nasdaq à New York, a annoncé lundi qu'il avait été contraint de fermer ses bureaux dans la capitale.
Randgold Resources (LON:RRS) s'est dit "déçu que le gouvernement malien soit allé encore plus loin dans leur différend fiscal de longue date en fermant les bureaux du groupe dans la capitale du pays, Bamako".
Cette fermeture est effective depuis jeudi et l'équipe concernée de 18 personnes travaille désormais depuis les trois sites miniers exploités au Mali par la société.
Le groupe précise toutefois que cette décision n'affecte en aucun cas l'activité des mines.
Dans un entretien à l'AFP, le directeur général du groupe, Mark Bristow, insiste sur le fait que le groupe est dans son bon droit, tout en souhaitant que des discussions se poursuivent pour trouver une solution.
"Nous opérons au Mali depuis plus de 20 ans. Nous sommes un contribuable très important. Ce n'est pas comme si nous ne payions pas d'impôts", explique-t-il.
- Entre 7 et 11% du PIB du Mali -
Les liens entre la société et le pays sont très étroits puisque le Mali possède une participation de 20% dans les trois mines locales de Randgold, qui représente à lui seul entre 7 et 11% du produit intérieur brut malien par an, selon le groupe.
"Le Mali est stratégique pour nous comme nous sommes stratégiques pour le Mali", lance M. Bristow. "Nous sommes un très grand acteur. Nous ne prévoyons pas d'aller ailleurs et nous sommes occupés à envisager de nouveaux investissements dans le pays", selon lui.
Il appelle toutefois à la "responsabilité", estimant que cette affaire devrait être résolue d'une manière ou d'une autre.
"Si nous ne pouvons pas la résoudre, nous irons jusqu'à l'arbitrage et elle sera résolue", a-t-il prévenu.
Le groupe a déjà porté l'affaire devant un tribunal international d'arbitrage, qui a tranché en sa faveur sur une partie du litige, avait souligné Randgold dans un rapport d'activité publié début août. La compagnie a précisé qu'une de ses mines, Loulo, s'est vue octroyer un remboursement de 29,2 millions de dollars pour "des taxes indûment perçues par l'Etat", selon elle.
Cet arbitrage ne concerne qu'une partie des taxes réclamées par le Mali dont le solde est de 231 millions de dollars, précisait Randgold dans ce rapport d'activité.
Dans le communiqué publié lundi, Mark Bristow rappelle qu'il continue à discuter avec les autorités maliennes "au plus haut niveau" pour résoudre ce différend.
Le Mali est incontournable pour le groupe, qui exploite actuellement cinq mines d'or au total, dont trois dans ce pays, une en Côte-d'Ivoire et l'autre en République démocratique du Congo (RDC).
En 2015, le bénéfice net de Randgold s'est établi à 189 millions de dollars pour un chiffre d'affaires de 1,4 milliard de dollars.