La consommation des ménages français a rebondi en juin, confirmant son rôle d'amortisseur de la crise, mais elle risque, selon les économistes, de s'essouffler dès la fin de l'année.
Après une légère baisse en mai (-0,2%), les dépenses de consommation des ménages en produits manufacturés se sont affichées en hausse de 1,4% en juin, a annoncé mercredi l'Insee.
La ministre de l'Economie Christine Lagarde s'est réjouie de cette performance "nettement meilleure" qu'escompté, qui "confirme une nouvelle fois la bonne résistance de la consommation française à ce stade".
Sur l'ensemble du deuxième trimestre, les dépenses de consommation ont progressé de 0,7%, le meilleur résultat enregistré depuis la fin 2007, après +0,2% au premier trimestre.
Elles ont été soutenues "principalement" par les achats d'automobiles (+5,8% au deuxième trimestre), précise l'Institut national de la statistique. L'Insee tablait initialement sur une hausse contenue de la consommation des ménages en produits manufacturés de 0,4% au deuxième trimestre.
La consommation renoue aussi avec une tendance annuelle à la hausse (+1,2% sur les douze derniers mois).
"La forte désinflation a permis au pouvoir d'achat de résister, tandis que la prime à la casse a soutenu le marché de l'auto", explique Cyril Blesson, économiste chez Seeds Finance. "Pour l'instant, la consommation joue bien son rôle d'amortisseur de crise".
En juin, "la performance est d’autant plus remarquable qu’elle s’est faite sans l'aide de l'automobile", les dépenses pour ce poste stagnant (-0,2%), constate l'économiste Alexander Law, de Xerfi.
Ce sont les dépenses en textile-cuir, dopées par le début des soldes d'été, qui enregistrent la principale progression sur le mois (+3,6% après -1,4% en mai).
Pour ce poste de dépenses, "la tendance récente est à un regroupement des achats dans le temps: finis les achats coup de coeur au gré des envies, désormais, les consommateurs profitent des promotions et soldes", estime Alexander Law, prédisant "une rechute prévisible" dès août.
La consommation en biens durables a également progressé en juin (+1,3% après +0,7% en mai), portée notamment par les dépenses en biens d'équipement du logement qui se redressent (+3,0% après -0,8%).
Selon Mme Lagarde, le rebond de la consommation des ménages, traditionnel moteur de la croissance française, "conforte aussi l'analyse" du gouvernement "qui considère que les mesures de relance doivent porter en priorité sur l'investissement des entreprises pour préserver l'emploi".
Certains économistes voient toutefois dans ces chiffres un "dernier baroud d'honneur pour la consommation", selon les termes d'Alexander Law, qui redoute "un ralentissement marqué des dépenses des ménages au second semestre et, surtout, au début de 2010". "Le moral des ménages reste bas, le chômage continue de progresser", rappelle-t-il.
Même prévision pour Cyril Blesson: la seconde moitié de l'année sera "difficile" de ce point de vue, car elle "marquera l'arrêt progressif de la forte désinflation" et "la dégradation du revenu disponible des ménages va se confirmer". En outre, "le problème du retrait de la prime à la casse et de son effet dépressif sur le marché reste une menace pour début 2010", prévient-il.
Malgré la bonne résistance de la consommation enregistrée jusqu'ici, le gouvernement table, comme la plupart des économistes, sur une chute du produit intérieur brut (PIB) de -3,0% en 2009.