Les deux têtes de l'exécutif ont loué mercredi leur "stratégie" économique, le diptyque réduction des déficits et soutien à la croissance, et mis l'accent sur les investissements, alors que le débat sur la rigueur et les économies budgétaires agite la majorité.
"Nous devons réduire nos déficits et soutenir la croissance. L'un ne peut aller sans l'autre", a déclaré le Premier ministre devant la presse, à l'issue d'un déjeuner qui a réuni l'ensemble de son gouvernement à Matignon.
"Notre responsabilité, c'est de ne pas dégrader la croissance pour 2013", a-t-il en particulier souligné, précisant qu'à ce sujet il ne comptait pas agir par "improvisation (...), par à-coups".
Un peu plus tard, c'est François Hollande qui enfonçait le clou, plaidant pour la poursuite simultanée de "deux mouvements, le mouvement pour le rétablissement de nos comptes, le mouvement pour le retour de la croissance".
"Il ne s'agit pas d'ajouter des mesures aux mesures parce que nous ne voulons pas tomber dans l'austérité", a-t-il assuré.
L'exécutif a surtout voulu mettre l'accent sur "l'ambition" du gouvernement "en matière d'investissements et d'innovation", selon les termes de M. Ayrault.
Un séminaire sur ce sujet a réuni plusieurs ministres, dont le chef du gouvernement, à l'Elysée mercredi matin.
M. Ayrault a mis en avant deux exemples: un prêt de 20 milliards d'euros, sur cinq ans, destiné aux collectivités locales pour le financement de leurs investissements. Et la mise en place d'un plan d'accès à l'internet à très haut débit d'un total de "près de 20 milliards" d'euros, plan que le président de la République a ensuite détaillé à Clermont-Ferrand.
"L'investissement sera maintenu et ce sont les investissements prioritairement productifs de moyen et de long terme qui vont nous permettre de redresser le pays qui seront privilégiés", a déclaré la ministre de l'Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, à l'issue du déjeuner à Matignon.
L'exécutif s'est à nouveau employé à tenter de rassurer, alors que la croissance atone en 2013 et la préparation des lettres de cadrage de chaque ministre pour 2014 provoquent les craintes, au sein de la majorité, d'un retour à l'austérité.
"Le Premier ministre nous a confirmé que les efforts que nous avions faits sont des efforts qui sont suffisants pour affronter la situation et que nous devons être inventifs pour la suite", a affirmé Cécile Duflot (Logement), sans autre précision. Dimanche, elle avait alerté sur le fait que son "ministère" participait "à l'effort collectif, bien plus que d'autres en ce qui concerne les effectifs".
Rien n'a filtré sur les lettres de cadrage, qui fixent les orientations de chaque ministre en matière de dépenses, et qui augurent, dans le contexte, des discussions serrées, voire tendues.
Pour trouver des économies en 2014, le gouvernement planche sur plusieurs "réformes structurelles", a réaffirmé mercredi Jérôme Cahuzac, ministre du Budget, devant l'European American Press Club.
Elles concernent la "politique familiale", "les retraites" et "les aides aux entreprises". Pour chaque thématique, des missions ont été confiées à une personnalité pour faire des propositions, a-t-il précisé.
Au sujet de la révision de la prévision de croissance, le Premier ministre a assuré que cela serait fait "de manière ordonnée, sans précipitation, sans à-coups" et "dans le calendrier prévu, dans le cadre de notre programme de stabilité que nous présenterons au mois d'avril".
D'ici là, le gouvernement attend pour vendredi les prévisions de la Commission européenne pour l'ensemble des Vingt-Sept, dont la France. Il transmettra en mars ses propres hypothèses macroéconomiques au Haut Conseil des finances publiques.