par Pete Sweeney et Samuel Shen
SHANGHAI (Reuters) - Au lendemain du "lundi noir" sur les places boursières de la planète, la glissade s'est poursuivie mardi matin à la Bourse de Shanghai mais les autres grandes places financières asiatiques ont limité les pertes lorsqu'elles ne repassaient pas dans le vert.
"Il semble y avoir des ordres de rachat sur de nombreux marchés après le mouvement de ventes-panique de ces derniers jours. Même les actions d'entreprises qui n'avaient que peu de relations d'affaires avec la Chine étaient à la vente", explique Yukino Yamada, stratégiste senior chez Daiwa Securities.
Dans une note, la banque américaine d'investissement Goldman Sachs estime que la chute des cours des matières premières observée sur l'année écoulée de même que les faiblesses récentes de l'économie et de la monnaie en Chine et sur d'autres marchés émergents ne feront pas basculer l'économie mondiale dans la récession.
"La panique en cours est pour l'essentiel 'made in China'. Les dernières statistiques sur les autres économies majeures ont été généralement bonnes et il n'y a pas grand chose pour justifier la crainte d'un ralentissement mondial majeur", écrivent pour leur part les économistes de Capital Economics.
"Les dernières données macroéconomiques en Chine suggèrent que la croissance reste léthargique, mais elles ne sont pas faibles au point de justifier les craintes d'un atterrissage brutale", ajoutent-ils.
Pour autant, le ralentissement de la croissance chinoise et le risque induit pour l'ensemble de l'économie mondiale continuent de peser sur les marchés.
Shanghai, dont le plongeon de 8,5% avait entraîné lundi dans sa débâcle les marchés boursiers mondiaux, a ouvert mardi sur un nouveau recul de 6,41%, au plus bas depuis le mois de décembre dernier.
Mais après trois heures et demie de séance, vers 05h00 GMT, l'indice composite de la Bourse de Shanghai ne perd plus que 4,33% à 3.071,06 points.
Tokyo, première place boursière d'Asie à ouvrir, semblait partie pour un nouveau plongeon, l'indice Nikkei cédant jusqu'à 4% vingt minutes après l'ouverture.
Après avoir effacé la totalité de ses pertes de la matinée, l'indice vedette de la Bourse de Tokyo progressait même de 1,10% à la mi-séance avant de repartir à la baisse. A une heure de la clôture d'une séance en dents de scie, le Nikkei cède 0,93% à 18.368,45points.
A Hong Kong, l'indice Hang Seng qui avait ouvert en recul de 0,6% est repassé dans le vert et reprend 1,62% vers 04h45 GMT.
Taiwan, qui avait lâché 4,84% lundi, a pour sa part connu un véritable rebond, ouvrant en hausse et progressant en séance. Vers 04h45 GMT, le principal indice boursier de la Bourse de Taipeh gagne 3,26%.
BULLE CHINOISE
"J'espère que les autorités chinoises vont prendre des mesures appropriées pour stabiliser l'économie, qui a un fort impact sur la croissance mondiale", a déclaré mardi devant la presse le ministre japonais des Finances, Taro Aso.
Son homologue chargé de l'Economie, Akira Amari, a expliqué pour sa part qu'une bulle s'était formée sur les marchés d'actions chinois et qu'on assistait à un ajustement prévisible des cours qui, a-t-il rappelé, ont plus que doublé entre décembre et mai. Et il ajouté que le raffermissement du yen démontrait que les investisseurs jugent que les fondements de l'économie japonaise sont solides.
Lundi, comme l'ensemble des places boursières entraînées vers le bas par les Bourses chinoises, Tokyo avait fini sur un recul de 4,61%.
En Europe, la Bourse de Paris a fini en baisse de 5,35%, Londres a cédé 4,67%, Francfort 4,7% et Milan de 5,96%. Dans la soirée, les marchés boursiers américains ont perdu plus de 3%, leur cinquième séance consécutive de baisse. Wall Street a néanmoins effacé la majeure partie de ses pertes du début de séance, l'indice Dow Jones ayant brièvement perdu près de 6,7% en tout début de séance.
La publication vendredi de l'indice PMI Caixin/Markit a accentué les craintes en révélant que le secteur manufacturier chinois s'était contracté en août à un rythme jamais vu depuis près de six ans et demi sur fond de baisse des commandes intérieures et à l'exportation.
De nombreux acteurs des marchés espéraient que la Banque populaire de Chine (BPC) interviendrait au cours du week-end. Il n'en a rien été, d'où le dévissage observé lundi.
(avec Leika Kihara et Hideyuki Sano à Tokyo; Henri-Pierre André pour le service français)