PARIS (Reuters) - Marine Le Pen a appelé jeudi Nicolas Dupont-Aignan à renouveler l'alliance que les deux élus ont scellée dans l'entre-deux-tours de la présidentielle de 2017, cette fois-ci en vue des élections européennes de 2019.
Dans une lettre ouverte, la présidente du Front national propose à son homologue de Debout la France une rencontre "dans les plus brefs délais" afin de "travailler à une charte commune" de transformation de l'Union européenne.
Le camp qu'ils formeraient permettrait de faire pièce à celui constitué par Emmanuel Macron et ceux que la députée du Pas-de-Calais appelle les "mondialistes", argue-t-elle.
"Face à ce projet de démantèlement de notre cher et vieux pays, nous avons une responsabilité historique, une responsabilité commune, celle d’être le socle d’un large rassemblement de celles et ceux de toutes sensibilités politiques qui croient en la France", écrit la dirigeante du parti d'extrême droite dans son courrier.
Concrètement, elle propose à son ex-allié, souverainiste et contempteur comme elle de l'Union européenne, de former une liste commune dont ils prendraient symboliquement les deux dernières places.
Ce procédé leur permettrait de "pousser la liste vers les sommets en démontrant notre totale implication dans ces élections européennes", justifie Marine Le Pen, qui avait déjà annoncé son refus de figurer en première place, quelle que soit la configuration.
La présidente frontiste s'efforce depuis la présidentielle perdue de sortir de l'isolement, ce qui explique sa volonté de rebaptiser le parti hérité de son père en "Rassemblement national" - les résultats de la consultation des adhérents organisée sur le sujet doivent être annoncés vendredi.
Mais, jusqu'à présent, ses appels adressés au président des Républicains (LR), Laurent Wauquiez, se sont heurtés à un mur et, récemment, Nicolas Dupont-Aignan n'a donné aucun indice montrant qu'il serait disposé à renouveler l'expérience de 2017.
L'ancien ministre Thierry Mariani (LR) plaide en revanche pour un rapprochement.
L'eurodéputé Bernard Monot, qui fut l'un des stratèges économiques de Marine Le Pen, a annoncé jeudi son départ du FN et son ralliement à Nicolas Dupont-Aignan, le mieux à même selon lui de coaliser les forces "eurocritiques" et "euroréformistes".
Dans un sondage Elabe pour BFM TV publié mercredi, le Front national est crédité de 19,5% des intentions de vote pour les européennes, Debout la France de 5,5%. La République en marche est en tête, avec 24% des intentions de vote.
(Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)