ZURICH (Reuters) - Richemont (SIX:CFR) a proposé lundi de débourser jusqu'à 2,8 milliards d'euros pour prendre le contrôle de Yoox-Net et d'en faire son principal vecteur de développement sur internet, où s'intensifie la concurrence des acteurs du luxe.
Le groupe suisse offre 38 euros par action, soit une prime de près de 26% par rapport au cours de clôture d'YNAP vendredi à la Bourse de Milan.
L'opération valorise YNAP à quelque 5,3 milliards d'euros, a déclaré l'administrateur délégué de la société, Federico Marchetti, sur Twitter (NYSE:TWTR).
En 2015, l'italien Yoox avait acquis Net-à-porter, alors filiale de Richemont, dans le cadre d'une transaction qui laissait au groupe suisse 48,9% du nouvel ensemble mais seulement 25% des droits de vote. L'accord prévoyait aussi le maintien du management italien du groupe.
Décidé désormais à prendre le contrôle, le président de Richemont Johann Rupert a expliqué dans un communiqué vouloir renforcer la position d'YNAP dans l'e-commerce de luxe, y compris en pénétrant de nouveaux marchés et en renforçant l'offre de produits.
Internet est devenu le premier moteur de croissance du secteur du luxe. Les achats en ligne représentent actuellement 9% du total des ventes et les analystes s'attendent à ce que cette proportion atteigne les 25% d'ici 2025.
Selon les analystes, l'acquisition du solde de YNAP permettra de développer la stratégie digitale de Richemont, qui a été jusqu'ici à la traîne du secteur en la matière, surtout dans le domaine de l'horlogerie.
LVMH (PA:LVMH), propriétaire de Louis Vuitton, a lancé l'an dernier un site de commerce en ligne multimarque.
Selon Jon Cox, analyste chez Kepler Cheuvreux, Richement espérait s'associer à d'autres acteurs du luxe pour prendre le contrôle d'YNAP mais n'a pas trouvé de partenaire intéressé.
"Nous sommes très satisfaits des résultats obtenus par l'équipe de direction de Yoox Net-à-porter, emmenée par Federico Marchetti, et nous entendons soutenir leurs efforts pour mettre en oeuvre leur stratégie et accélérer encore la croissance de l'entreprise", a déclaré Johann Rupert.
Marchetti, qui devrait rester en poste après le retrait de la cote d'YNAP à Milan, a noté que la transaction apporterait des ressources additionnelles au groupe suisse. "Cela signifie encore davantage d'investissements dans les produits, les technologiques, la logistique, les gens et le marketing", a-t-il dit dans un communiqué.
Richemont, propriétaire des marques de luxe Cartier, IWC et Dunhill, a pu annoncer l'offre après la levée des clauses de l'accord de 2015 qui gelaient sa participation.
En novembre, YNAP avait indiqué que la croissance de son chiffre d'affaires 2017 se situerait vers le bas de son objectif de 17-20% en raison de problèmes d'acheminement entre un entrepôt et l'un de ses sites.
(John Miller, Véronique Tison pour le service français)