Les 12 pays engagés dans les négociations sur un accord de libre-échange trans-pacifique ne sont pas parvenus à un accord lors de leur réunion à Hawaï qui s'est achevée dans la nuit de vendredi à samedi.
Cet échec pose un problème de calendrier pour le président américain Barack Obama, qui voulait conclure les négociations commerciales avant que la campagne présidentielle de 2016 ne vienne polluer le débat sur la priorité économique de son second mandat.
Selon le représentant spécial américain pour le Commerce (USTR), Michael Froman, les pays engagés dans les discussions ont décidé de les poursuivre au niveau bilatéral. Aucune date pour une nouvelle réunion multilatérale n'a été fixée, ce qui suggère que plusieurs points restent sensibles.
Mais le ministre japonais chargé des négociations, Akira Amari, a laissé entendre qu'une nouvelle réunion ministérielle pourrait se tenir fin août.
"Si nous ne pouvons pas conclure la prochaine fois, alors cela sera très difficile", a-t-il déclaré à la radio japonaise NHK.
Cet accord, connu sous son acronyme TPP, inclut des pays qui représentent environ 40% du PIB mondial dont les Etats-Unis, le Japon, le Canada, l'Australie, mais pas la Chine. Son but est d'alléger les barrières douanières et réglementaires ainsi qu'harmoniser les différentes législations pour faciliter les échanges.
"Nous avons fait des progrès significatifs et nous allons continuer de travailler pour résoudre un nombre limité de questions et ouvrir la voie à la conclusion des négociations", a assuré M. Froman lors d'une conférence de presse à Maui, au milieu du Pacifique.
- Campagne électorale américaine -
L'administration américaine a obtenu en juin du Congrès, dominé par des républicains favorables au libre-échange, la procédure dite du "Trade Promotion Authority" (TPA) qui obligera le jour venu les parlementaires à se prononcer pour ou contre le texte de tout accord commercial, sans pouvoir l'amender. La Maison Blanche avait dû, pour y parvenir, affronter une rébellion de son propre camp démocrate.
"Ce revers contre le TPP à Maui change la dynamique du débat national", a claironné samedi l'une des démocrates les plus opposées au président, Rosa DeLauro.
Le mouvement anti-TPP espère que les négociations se prolongeront jusqu'en 2016, en pleine campagne des élections primaires pour la présidentielle et celle du Congrès --accentuant la pression sur les démocrates qui hésiteraient à soutenir l'accord. En particulier Hillary Clinton, dont l'ambiguïté sur le sujet fait grincer des dents dans l'aile gauche du parti démocrate.
"Si ça déborde sur 2016, ça devient un sujet de campagne", dit à l'AFP Justin Krebs, de l'organisation MoveOn.org.
- Produits laitiers canadiens -
Plusieurs questions divisent les pays négociateurs, comme l'accès au marché, notamment les produits laitiers, le riz et le sucre mais aussi des questions de propriété intellectuelle, du prix des médicaments et de l'accès au marché automobile, notamment japonais.
La réunion de Hawaï était présentée comme cruciale après plusieurs années de négociations, les premières réunions remontant à 2008.
Les autres pays représentés sont le Pérou, le Chili, le Mexique, le sultanat de Brunei, la Malaisie, Singapour et le Vietnam.
Tout comme pour l'accord de libre échange Transatlantique (TTIP) également en cours de négociation, les adversaires du TPP dénoncent le secret entourant les négociations et affirment qu'il vise avant tout à favoriser les intérêts des grandes multinationales.
"C'est une bonne nouvelle pour les habitants de cette planète", s'est félicitée vendredi soir Lori Wallach, directeur de l'association Public Citizen's Global Trade Watch, à Washington.
Le ministre australien du Commerce Andrew Robb a estimé de son côté que les négociations étaient "tout près" d'aboutir. "Nous avons pris des décisions préliminaires sur plus de 90% des sujets", a-t-il ajouté dans un communiqué.
Le représentant de la Nouvelle-Zélande Tim Groser a laissé entendre que les produits laitiers restaient l'un des points d'achoppement.
"Dans toutes les négociations auxquelles j'ai participé ces trente dernières années, les produits laitiers ont toujours été l'un des derniers points à résoudre parce que ce marché a été perverti pendant si longtemps".
La Nouvelle-Zélande réclamait notamment un plus grand accès au marché des produits laitiers canadiens mais cette question est très sensible pour le Premier ministre canadien Stephen Harper qui doit affronter des élections en octobre.