par Joanna Plucinska
LONDRES (Reuters) - L'action Air France-KLM (EPA:AIRF) a touché un plus bas historique vendredi à la Bourse de Paris avant de réduire ses pertes après l'annonce d'un bénéfice record au troisième trimestre qui a cependant manqué de peu les attentes des analystes, qui s'inquiètent de la hausse des coûts du carburant et de l'absence de prévisions de bénéfice pour le quatrième trimestre.
Le titre Air France KLM cédait 1,65% à 10,82 à 09h35 GMT, après avoir chuté jusqu'à 7,63% à 10,16 euros, un plus bas jamais atteint jusqu'ici.
La compagnie aérienne a fait état d'un bénéfice d'exploitation de 1,34 milliard d'euros pour la période juillet-septembre, en hausse de 31% par rapport à l'année précédente, mais inférieur de 2% à la prévision des analystes.
A l'opposé, le propriétaire de British Airways, IAG (LON:ICAG), a battu les attentes vendredi avec un bénéfice record au troisième trimestre, les compagnies aériennes profitant de la hausse des voyages cet été.
Le chiffre d'affaires d'Air France-KLM s'est établi à 8,6 milliards d'euros au troisième trimestre, en hausse de 8,9%, en ligne avec le consensus. La marge opérationnelle du groupe a progressé de 2,9 points en rythme annuel, se portant à 15,5%.
Air France-KLM a laissé inchangées ses prévisions de capacité en sièges-kilomètres, de dépenses d'investissement et de coûts unitaires pour l'ensemble de l'exercice financier.
"Dans l'ensemble, nous pensons que les résultats sont mitigés, ils n'ont pas dépassé les attentes cette fois-ci et il manque de commentaires sur la rentabilité du quatrième trimestre", ont déclaré les analystes de Stifel dans une note.
Ils pointent également du doigt une hausse des prévisions de dépenses de carburant pour l'ensemble de l'année à 7,8 milliards de dollars, contre 7,5 milliards de dollars précédement.
Neil Glynn, analyste chez Aircontrol, note que la recette unitaire au SKO (sièges-kilomètres offerts) a augmenté de 5,7% en glissement annuel à taux de change constant au cours du trimestre, ce qui représente un ralentissement par rapport à la hausse de 13,1% au cours du trimestre précédent.
Le coefficient d'occupation du quatrième trimestre 2023 est de 72% sur le long-courrier (contre 75% en 2022) et de 59% sur le court-moyen-courrier (contre 61% en 2022), renchérit Sathish B. Sivakumar, analyste chez Citi.
BAISSE DE LA DEMANDE DOMESTIQUE
La compagnie aérienne ne s'attend pas à retrouver les niveaux de capacité d'avant la pandémie sur le marché français. Elle a ainsi annoncé mi-octobre un projet de regroupement de tous ses vols domestiques et internationaux au départ de Paris-Charles de Gaulle à l'horizon de l'été 2026, quittant ainsi le hub Paris-Orly à l'exception des liaisons vers la Corse.
"Sur le marché domestique (...) nous ne nous attendons pas à retrouver les niveaux d'avant la crise (...) en raison des liaisons ferroviaires TGV en France," a déclaré le directeur général Ben Smith lors d'une conférence téléphonique avec des analystes.
"Pour des liaisons comme Paris-Marseille, où le train met environ trois heures, nous avons vu la demande chuter de 50%."
L'instabilité géopolitique consécutive aux attaques du Hamas en Israël le 7 octobre, qui ont entraîné des annulations de vols, ne devraient pas avoir d'impact significatif sur le groupe.
La principale ligne affectée par Air-France-KLM est celle vers Tel Aviv où les vols aller et retour sont suspendus jusqu'au 31 octobre, a indiqué le groupe jeudi.
"En termes d'impact sur les résultats globaux, c'est insignifiant", a commenté Ben Smith.
Le groupe constate toutefois une légère réduction de la demande vers certaines des autres destinations qu'il dessert en Israël.
Air France n'a pas suspendu ses services vers d'autres destinations du Moyen-Orient, a précisé le directeur général.
(Reportage Joanna Plucinska, avec Diana Mandiá et Federica Mileo ; version française Camille Raynaud et Kate Entringer, édité par Blandine Hénault)