par Laetitia Volga
PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes devraient ouvrir en baisse lundi, l'annonce du rachat en urgence de Credit Suisse par sa grande rivale UBS et une action coordonnée des banques centrales sur l'accès aux liquidités ne suffisant pas apaiser les craintes des investisseurs sur une instabilité du système bancaire mondial.
Les contrats à terme donnent une perte de 1% pour le CAC 40 parisien, de 1,03% pour le Dax à Francfort, de 1,39% pour le FTSE à Londres et de 1,15% pour l'EuroStoxx 50.
Les investisseurs devraient donc opter pour la prudence malgré l'annonce dimanche par UBS de l'acquisition de sa concurrente Credit Suisse pour trois milliards de francs (3,04 milliards d'euros), assortie d'une importante garantie du gouvernement.
Cette opération de sauvetage orchestrée par les autorités de régulation locales intervient quelques jours après de nouvelles difficultés pour la deuxième banque helvétique qui a vu son cours boursier chuter de 25,5% la semaine dernière.
Mais la décision des autorités d'effacer la valeur des emprunts obligataires "Additional Tier 1" (AT1) de Credit Suisse, ce qui provoque la colère de leur détenteurs, accroît la nervosité des marchés.
"La semaine dernière, lorsque nous parlions de SVB et de Signature, nous ne parlions que des déposants et non de la qualité des actifs", a déclaré Steven Major, responsable mondial de la recherche sur les titres à revenu fixe chez HSBC (LON:HSBA). "Là, nous sommes passés à l'Europe et nous examinons les actifs (...) Tous ceux qui ont dit qu'on ne pouvait pas comparer les prêts hypothécaires à risque et les obligations à risque avec cette crise (...) et bien, en fait, la situation a évolué".
Egalement ce week-end, cinq des plus grandes banques centrales au monde se sont mises d'accord pour améliorer l'approvisionnement des marchés mondiaux en dollars américains en augmentant la fréquence des opérations de swaps de devises pour tenter d'apaiser les tensions sur les marchés.
Avec la volatilité actuelle des marchés, les observateurs s'attendent de plus en plus à ce que la Réserve fédérale freine le rythme de remontée des taux mercredi.
A WALL STREET
Wall Street est attendue dans le rouge après avoir déjà cédé du terrain vendredi au terme d'une semaine marquée par les remous du secteur bancaire et les inquiétudes quant à une possible récession.
L'indice Dow Jones a perdu 1,19%, ou 384,57 points, à 31.861,98 points, le S&P-500, a reculé de 43,64 points, soit 1,10%, à 3.916,64 points et le Nasdaq Composite de 86,76 points (-0,74%) à 11 630,51 points.
Le compartiment des banques a enregistré sa plus forte baisse sur deux semaines depuis mars 2020.
Aux valeurs, First Republic Bank a plongé de 32,8% après l'annonce d'une suspension de dividende, effaçant les gains engrangés par un plan de sauvetage sans précédent de 30 milliards de dollars pour les grandes institutions financières.
EN ASIE
Les craintes concernant une crise potentielle du secteur bancaire mondiale touchent également les marchés asiatiques. Le Nikkei à Tokyo a perdu 1,42%. En Chine, le repli des principaux indices en Chine continentale est limité par de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire.
L'indice CSI 300 et le SSE Composite de Shanghai ont abandonné 0,5%.
TAUX/CHANGES
Le rendement des emprunts d'Etat américains à dix ans est en recul à 3,343%, poursuivant le repli entamé vendredi, favorisé par le regain d'aversion au risque.
Sur le marché européen, le rendement du Bund à dix ans perd plus de 15 points de base, à 1,985%, au plus bas depuis la mi-janvier.
Les variations sont stables côté devises. L'indice dollar, qui mesure les fluctuations du billet vert face à six grandes devises, grignote 0,03% tandis que l'euro avance à 1,0661, en baisse de -0,05%.
PÉTROLE
Le marché du pétrole baisse pour la deuxième séance de suite, en raison des craintes d'une récession qui entraînerait une diminution de la demande.
Le Brent cède 2,43% à 71,2 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 2,53% à 65,05 dollars.
(Laetitia Volga, édité par Kate Entringer)