par Claude Chendjou
PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en baisse mercredi et Wall Street cédait également du terrain à mi-séance dans un contexte de prudence à l'approche des décisions de la Réserve fédérale américaine (Fed), l'espoir d'une accalmie dans la remontée des taux d'intérêt ayant été douché par l'enquête mensuelle du cabinet ADP (EPA:ADP) sur l'emploi aux Etats-Unis.
À Paris, le CAC 40 a perdu 0,81% à 6.276,88 points. Le Footsie britannique a reflué de 0,53% et le Dax allemand a cédé 0,61%.
L'indice EuroStoxx 50 a fléchi de 0,79%, le FTSEurofirst 300 de 0,33% et le Stoxx 600 de 0,30%.
L'enquête du cabinet spécialisé ADP a montré que le secteur privé aux Etats-Unis avait créé 239.000 emplois en octobre, un chiffre supérieur aux 195.000 prévus par Reuters, signe d'un marché de l'emploi toujours dynamique qui pourrait inciter la Fed à poursuivre sa politique d'une remontée rapide des taux d'intérêt.
L'enquête ADP est publiée au lendemain de l'enquête "Jolts" (Job Openings and Labor Turnover Survey) du département du Travail qui a montré que le nombre de postes à pourvoir aux Etats-Unis avait augmenté en septembre, alors que le rapport mensuel sur les créations d'emplois, le chômage et les salaires sera connu vendredi.
En attendant, les investisseurs tablent largement sur un relèvement ce jeudi de trois quarts de point des taux de la Fed, ce qui en ferait la quatrième hausse consécutive de cette ampleur, tandis qu'ils sont partagés sur un augmentation de 50 points ou de 75 points en décembre, selon le baromètre Fedwatch de CME Group.
Le communiqué de politique monétaire de la Fed sera publié à 18h00 GMT et la conférence de presse de son président, Jerome Powell, est prévue une demi-heure plus tard.
"La Fed a déclaré que ces décisions dépendraient des données et ce ne sont pas de bons chiffres car l'inflation est toujours élevée et le chômage faible", note Fall Ainina, directeur d'études chez James Investments. Selon lui, les données actuelles ne plaident pas pour un "pivot" accommodant.
VALEURS EN EUROPE
En Europe, parmi les grands compartiments de la cote, les secteurs défensifs de la santé (+1,15%) et des télécoms (+0,36%) ont été les rares à enregistrer des gains significatifs, tandis qu'à l'opposé l'immobilier (-1,4%) a accusé le plus important repli dans la crainte d'une remontée rapide du coût du crédit.
A Paris, le CAC 40 a été tiré par le compartiment du luxe, qui a continué de profiter de l'espoir d'un allègement des mesures anti-COVID-19 en Chine: LVMH (EPA:LVMH) a gagné 2,17% et Hermès (EPA:HRMS) 0,56%.
Côté baisse, Renault (EPA:RENA) et Stellantis ont reflué respectivement de 1,19% et de 0,65%, les commandes de voitures neuves en France ayant accusé une nouveau repli en octobre sur fond d'inflation.
Le constructeur britannique de voitures de luxe Aston Martin (LON:AML) a lui plongé de 15,25% après avoir réduit ses prévisions de livraisons pour cette année.
Dans les autres secteurs, le groupe pharmaceutique danois Novo Nordisk (CSE:NOVOb) a bondi de 7,44% après la révision à la hausse de ses prévisions.
A WALL STREET
Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones recule de 0,34%, le Standard & Poor's 500 de 0,68% et le Nasdaq de 1,16%.
Outre les attentes sur la Fed, les publications financières des sociétés animent les échanges.
Le fabricant de semi-conducteurs Advanced Micro Devices (AMD) prend 1,73%, tiré par ses prévisions dans l'activité des centres de données, tandis que les résultats et perspectives de Mondelez (+2,34%), Yum Brands (+0,70%) et CVS Health (+3,69%) ou encore Match Group (NASDAQ:MTCH) (+8,76%) sont salués.
A la baisse, Airbnb (-10,48%) et Estée Lauder (-8,19%) sont délaissés après la publication de leurs comptes financiers.
LES INDICATEURS DU JOUR
La baisse de l'activité dans le secteur manufacturier de la zone euro a été plus marquée encore qu'estimé initialement en octobre, avec un indice PMI en repli à 46,4, au plus bas depuis 29 mois, selon les résultats définitifs de l'enquête mensuelle de S&P Global auprès des directeurs d'achats.
Le nombre de personnes sans emploi en Allemagne a augmenté de 8.000 en octobre à 2,518 millions, selon l'Office fédéral du travail.
CHANGES
Le dollar, qui a touché mardi un pic depuis le 25 octobre, est stable (+0,1%) face à un panier de devises internationales avant les décisions de la Fed.
L'euro se traite à 0,9861 dollar (-0,13%).
La livre sterling, en repli de 0,28%, s'affiche à 1,1453 dollar, à la veille des décisions de politique monétaire de la Banque d'Angleterre.
TAUX
Les rendements obligataires en Europe ont fini en hausse: celui du Bund allemand à dix ans a pris environ un point de base à 2,137%, tandis que celui à deux ans a avancé de quatre points à 1,978%.
Aux Etats-Unis, les rendements des bons du Trésor américain à dix ans et deux ans sont globalement stables à la clôture des Bourses en Europe à respectivement 4,038% et 4,544% mais le premier est monté de huit points de base immédiatement après la publication de l'enquête ADP sur l'emploi avant d'abandonner une partie de ses gains.
PÉTROLE
Les cours pétroliers sont soutenus par une baisse d'environ 3,1 millions de barils des stocks de brut américains la semaine dernière, selon les chiffres de l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA).
Le Brent prend 1,64% à 96,20 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 1,84% à 90,00 dollars le baril.
(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Matthieu Protard et Camille Raynaud)