par Marc Angrand
PARIS (Reuters) - Wall Street est attendue dans le vert mercredi et pourrait regagner une partie du terrain cédé la veille mais les Bourses européennes reculent à mi-séance, le sentiment de marché restant dominé par la crainte de voir la levée progressive des mesures de confinement en Europe et aux Etats-Unis conduire à une résurgence de l'épidémie de coronavirus.
Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais signalent une ouverture en hausse de 0,5% à 0,7%. Mardi, le Dow Jones a cédé 1,89%, le Standard & Poor's 500 2,05% et le Nasdaq Composite 1,86% après avoir piqué du nez en fin de séance en réaction aux déclarations de plusieurs responsables de la politique de santé américaine sur les risques liés au "déconfinement".
Cette inquiétude a fait reculer Tokyo (-0,49%) et se retrouve sur les marchés européens: à Paris, le CAC 40 perd 1,68% à 4.397,60 points à 11h05 GMT, à Londres, le FTSE 100 cède 1,02% et à Francfort, le Dax recule de 1,47%.
L'indice EuroStoxx 50 est en baisse de 1,39%, le FTSEurofirst 300 de 1,27% et le Stoxx 600 de 1,21%. L'indice de volatilité de l'EuroStoxx 50, lui, remonte de 10,09%.
Alors que les statistiques européennes (contraction de 2% du produit intérieur brut britannique au premier trimestre, chute de 11,3% de la production industrielle de la zone euro en mars) continuent d'illustrer l'ampleur du choc économique en cours, les investisseurs craignent qu'une reprise des contaminations dans les semaines à venir n'aboutisse à un "reconfinement" qui serait synonyme de nouveau coup d'arrêt à l'activité.
"Je crois qu'on commence à réaliser qu'il n'y aura pas de reprise en V", commente Lyn Graham-Taylor, stratège obligataire de Rabobank. "Les gens réexaminent la situation et constatent qu'il y a toujours des restrictions massives et la crainte d'une résurgence des cas."
Les investisseurs attendent les déclarations de Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale américaine, invité à partir de 13h00 GMT d'une téléconférence organisée par le Peterson Institute for International Economics. Il devrait bien sûr s'exprimer sur les retombées économiques de la pandémie mais pourrait aussi évoquer l'éventualité d'un recours de la Fed à des taux d'intérêt négatifs, objet de spéculations ces derniers jours et réclamé entre autres par Donald Trump mardi.
VALEURS EN EUROPE
Le repli des actions européennes n'épargne aucun des grands secteurs de la cote et touche en premier lieu les plus affectés par l'impact de la pandémie: l'indice Stoxx du transport et du tourisme cède ainsi 3,37%, celui de l'automobile 2,65%.
Le secteur bancaire (-2,12%) souffre en outre de la multiplication des mauvais résultats financiers et de la perspectives de plans : Commerzbank (DE:CBKG) perd ainsi 5,16% et ABN Amro 7,61% après leurs publications trimestrielles, tandis que Deutsche Bank (DE:DBKGn) abandonne 3,87% après sa décision de priver ses principaux dirigeants d'un mois de rémunération fixe afin de réduire les coûts.
Dans l'actualité des fusions-acquisitions, Exor cède 5,37% à Milan après l'annonce par l'assureur mutualiste français Covéa de son renoncement au rachat du réassureur PartnerRe aux conditions initiales. Scor (PA:SCOR) prend en revanche 4,31%, certains observateurs estimant que Covéa pourrait de nouveau s'intéresser à lui.
TAUX
Les rendements obligataires de référence sont repartis à la baisse, la prudence quant aux conséquences du déconfinement favorisant le repli sur les emprunts d'Etat.
Celui du Bund allemand à dix ans recule de près de trois points de base à -0,539% après trois séances de hausse et son équivalent américain abandonne plus de deux points à 0,6622%.
Le rendement des titres britanniques à deux ans a quant à lui touché un nouveau plus bas historique à -0,045% après les chiffres du PIB.
CHANGES
Le dollar cède du terrain face à un panier de devises de référence et s'éloigne du plus haut de trois semaines touché mardi, dans l'attente des déclarations de Jerome Powell.
L'euro s'échange autour de 1,0860 dollar.
La livre sterling, elle s'apprécie après les chiffres moins catastrophiques qu'attendu publiés en début de journée sur le PIB: elle prend près de 0,3% face au dollar et 0,2% environ contre l'euro.
PÉTROLE
Le marché pétrolier est indécis, apparemment tiraillé entre le regain d'inquiétude pour la demande avec les risques liés au déconfinement et la perspective d'une baisse durable de la production de l'Opep et de ses alliés.
Le Brent abandonne 0,17% à 29,93 dollars le baril alors que le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) gagne 0,12% à 25,81 dollars.
(Marc Angrand, avec Elizabeth Howcroft à Londres, édité par Blandine Hénault)