(Reuters) - La Bourse de New York a fini sur une note irrégulière jeudi, les investisseurs s'étant reportés sur les valeurs défensives au détriment des financières et des biens de consommation discrétionnaire dans un marché en panne d'inspiration.
L'indice Dow Jones a gagné 70,11 points, soit 0,29%, à 24.597,38 mais le S&P-500, plus large, a abandonné 0,53 point ou 0,02% à 2.650,54 alors qu'à son plus haut du jour il affichait une hausse de 0,75%.
Le Nasdaq Composite a reculé de son côté de 27,98 points (0,39%) à 7.070,33 après être monté jusqu'à 7.154.
Le S&P-500, indice de référence des gérants américains, avait signé mercredi sa meilleure performance en 10 jours après des propos positifs du président Donald Trump sur le commerce et l'annonce d'une importante commande chinoise de soja américain.
Mais comme la veille, les échanges ont été volatils et le marché a réduit ou effacé ses gains du début de séance dans un contexte d'incertitudes persistantes concernant les relations commerciales mais aussi les tensions autour du budget américain, l'évolution des taux d'intérêt ou le Brexit.
"Les nouvelles en provenance de Chine semblent montrer qu'elle veut faire amende honorable. Mais il y a aussi un thème croissant qui est celui d'une possible récession en 2020", déclare Crit Thomas, stratège chez Touchstone Investments à Cincinnati. "Et quand il y a ce genre de thème qui monte, on comprend que le marché ait du mal à s'enthousiasmer."
La courbe des rendements des obligations du Trésor américain s'inversera l'an prochain, peut-être dès le premier semestre, et cette inversion sera suivie d'une récession au plus tôt un an après, selon une enquête de Reuters publiée jeudi.
Deux autres baromètres de Wall Street, l'indice des valeurs moyennes Russell 2000 et l'indice Dow Jones des transports, ont reculé d'environ 1,5% et 1,6% respectivement. Le premier affiche une baisse de quelque 18% par rapport à sa clôture record du 31 août et le second a touché en séance un plus bas de l'année pour porter ses pertes à 17% depuis sa clôture record du 14 septembre.
"On est dans un marché très nerveux. Les investisseurs s'excitent le matin puis la peur revient", observe Omar Aguilar, chez Charles Schwab Investment Management à San Francisco.
Quelque 7,55 milliards de titres ont changé de mains, à comparer à une moyenne de 8,02 milliards sur les 20 dernières séances.
VALEURS
Dans ce contexte de prudence, les investisseurs ont privilégié les valeurs défensives. Parmi les 11 grands indices sectoriels S&P-500, les services aux collectivités (+0,88%), les biens de consommation de base (+0,69%) et l'immobilier (+0,61%) ont ainsi trusté les premières places.
Les plus fortes baisses ont été à l'inverse pour les matériaux (-1,13%), les financières (-0,59%) et la consommation discrétionnaire (-0,44%).
Parmi les perdants du S&P-500, le fabricant d'articles de sport Under Armour (NYSE:UAA) a chuté de -5,25% après avoir publié des prévisions de résultats 2019 inférieures aux attentes des analystes. Dans la foulée, l'indice S&P de la distribution a cédé 0,41%, mettant fin à trois séances de hausse, et Nike (NYSE:NKE) (-1,87%) a fini lanterne rouge du Dow.
La meilleure performance du S&P-500 a été pour General Electric (NYSE:GE) qui a bondi de 7,30% à 7,20 dollars après un relèvement de recommandation remarqué, celui de Stephen Tusa, analyste réputé de JP Morgan, qui était à "sous-pondérer" sur le groupe depuis mai 2016 et a désormais une opinion "neutre" - avec toutefois un objectif maintenu à 6 dollars.
En tête du Dow Jones, Procter & Gamble Co s'est adjugé 2,62% grâce à un relèvement de recommandation de Bank of America (NYSE:BAC) Merrill Lynch, passé de "neutre" à "achat" sur le géant des produits de grande consommation.
LES INDICATEURS DU JOUR
Les inscriptions hebdomadaires au chômage ont diminué à 206.000 la semaine dernière contre 233.000 (révisé de 231.000) la semaine précédente, soit tout près du plus bas de 49 ans touché en septembre, a annoncé le département du Travail. Les économistes en attendaient en moyenne 225.000.
Les prix à l'importation ont reculé de 1,6% en novembre, leur plus forte baisse depuis août 2015, en raison de la chute des prix des produits pétroliers et des taux de change défavorables. Les économistes interrogés par Reuters anticipaient une baisse de 0,9%.
Après la statistique des prix à la consommation mercredi, ce chiffre conforte le sentiment que la Réserve fédérale pourrait ralentir le rythme de ses hausses de taux.
CHANGES
L'euro s'est stabilisé face au dollar après les annonces de la Banque centrale européenne (BCE) qui a confirmé son intention d'arrêter définitivement ce mois-ci ses achats de titres sur les marchés mais s'est engagée à continuer à stimuler une économie de la zone euro confrontée à un ralentissement inattendu et à des turbulences politiques.
En fin de séance américaine, la monnaie unique s'octroyait 0,03% face au dollar à 1,1366, vers le milieu de la marge de 1,12-1,15 dollar dans laquelle elle évolue depuis le début novembre. "L'euro résiste bien, c'est un bon signe pour l'avenir", commente Lee Ferridge, chez State Street Global Markets à Boston.
L'indice dollar, qui mesure les fluctuations du billet vert face à un panier de devises de référence, a limité son avance à 0,04%.
La livre sterling est quant à elle restée ferme face au dollar et à l'euro. Au lendemain du rejet de la motion de défiance de députés conservateurs contre la Première ministre Theresa May, les cambistes sont à l'affût de possibles aménagements de l'accord de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne lors du Conseil européen réuni à Bruxelles.
TAUX
Les rendements des Treasuries ont peu évolué, en ligne avec la Bourse, dans un marché qui a initialement suivi le Bund à la baisse en réaction aux annonces de la BCE.
En fin de séance, le rendement des obligations de référence à 10 ans s'établissait à 2,911% contre 2,906% la veille et celui du papier à 30 ans s'affichait à 3,161% contre 3,148%. Le rendement des notes à deux ans s'est détendu à 2,757% contre 2,77% la veille.
Le Trésor américain a adjugé 16 milliards de dollars d'emprunts à 30 ans à un taux de rendement de 3,165%, le plus faible depuis septembre pour des ventes à cette échéance.
En Europe, le rendement des Bunds s'est détendu de plus d'un point de base pendant la conférence de presse de la BCE avant de remonter à plus de 0,285%.
LA SÉANCE EN EUROPE
Les principales Bourses européennes avaient auparavant terminé en ordre dispersé et nettement sous leurs plus hauts du jour après la révision à la baisse des prévisions économiques de la BCE et le ton plus prudent qu'elle a employé pour évoquer les risques auxquels est exposée la zone euro.
A Paris, le CAC 40 a clôturé en repli de 0,26% à 4.896,92 points après être monté en début de séance à 4.935,48. Le FTSE 100 à Londres et le Dax à Francfort ont abandonné 0,04%.
L'indice EuroStoxx 50 a gagné 0,14% mais le FTSEurofirst 300 a cédé 0,13% et le Stoxx 600 0,17%.
PÉTROLE
Les cours du pétrole ont terminé en hausse de plus de 2% sur le Nymex en réaction à des données montrant une baisse des stocks aux Etats-Unis et à la perspective d'une offre mondiale déficitaire dès le premier semestre 2019.
Le contrat janvier sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a gagné 1,43 dollar, soit 2,80%, à 52,58 dollars le baril et le Brent de mer du Nord s'est apprécié de 1,30 dollar (2,16%) à 61,45 dollars.
(avec Sinéad Carew à New York et Medha Singh à Bangalore, Véronique Tison pour le service français)