par Marc Angrand
PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont fini en baisse lundi mais nettement au-dessus de leurs plus bas du jour, l'ouverture positive de Wall Street et la bonne tenue des valeurs technologiques leur ayant permis de réduire les pertes causées par la nouvelle chute de la livre turque.
À Paris, le CAC 40 a clôturé en recul de 0,04% (2,36 points) à 512,32 points. A Londres, le FTSE 100 a perdu 0,32% et à Francfort, le Dax a perdu 0,53%. L'indice Eurostoxx 50 a cédé 0,48%, le FTSEurofirst 300 0,22% et le Stoxx 600 0,25%.
Le CAC a perdu en séance jusqu'à 0,54% et le Stoxx 600 jusqu'à 0,57% en réaction au nouveau plus bas historique inscrit par la livre turque sur le marché des changes.
Tombée en début de journée à 7,24 pour un dollar, la monnaie turque est par la suite remontée jusqu'à 6,40. Au moment de la clôture européenne, elle s'échangeait autour de 6,95 pour un dollar. La Bourse d'Istanbul a fini la journée en repli de 2,38%, après avoir cédé jusqu'à 6,85% en séance.
Les investisseurs ont été en partie rassurés par la promesse de la banque centrale de fournir toutes les liquidités nécessaires au système financier. Une assistance qui ne résoudra toutefois pas les problèmes de fond à l'origine des tensions actuelles.
"La crise de la devise turque menace de se transformer rapidement en crise financière à grande échelle, par le biais de défauts de crédit si les autorités relèvent les taux à des niveaux douloureusement élevés (...) ou si la dépréciation de la livre continue et conduit des entreprises à faire défaut sur leur dette en devises étrangères", estiment les économistes de Nomura dans une note publiée lundi.
"Les deux autres options consistent à se tourner vers l'aide du FMI (avec des conditions strictes à la clé) ou à imposer des mesures draconiennes de contrôle des capitaux. La deuxième semble de plus en plus probable."
LES ACTIFS ÉMERGENTS CONTINUENT DE SOUFFRIR
Les difficultés de la Turquie font en outre craindre d'une part une extension des tensions à d'autres marchés émergents présentant les mêmes faiblesses, d'autre part un coût non négligeable pour certaines banques étrangères exposées au marché turc.
Le rand sud-africain et les pesos mexicain et argentin, entre autres, sont orientés à la baisse. Quant à l'indice MSCI des marchés actions émergents, il accuse un repli de 1,99% sur la séance.
L'indice Stoxx européen des banques a perdu 1,18%, la plus mauvaise performance sectorielle du jour; parmi les banques les plus touchées, l'espagnole BBVA (MC:BBVA) a abandonné 3,23%, UniCredit 2,58% et BNP Paribas (PA:BNPP) 1,05%.
Crédit agricole (PA:CAGR) (-1,19%) a souffert pour sa part des inquiétudes persistantes liées à l'Italie après le plus haut de trois mois de l'écart de rendements (spread) entre les emprunts d'Etat italiens et allemands à dix ans.
Sur le marché des changes, le dollar, longtemps favorisé par le mouvement général de repli sur les actifs jugés les plus sûrs, cédait 0,04% face à un panier de devises de référence au moment de la clôture européenne.
Son repli a permis à l'euro de remonter au-delà de 1,14 dollar après avoir enfoncé ce seuil pour la première fois depuis plus d'un an pour revenir jusqu'à 1,1365.
Les emprunts d'Etat, eux, reculaient après avoir profité de l'aversion au risque: le rendement du Bund allemand à dix ans remontait ainsi à 0,317% après un plus bas à 0,301%.
Côté actions, à Wall Street, au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones perdait 0,25% et le Nasdaq Composite 0,04% après avoir passé le début de la séance dans le vert. Apple (NASDAQ:AAPL) prenait 0,98%, Amazon (NASDAQ:AMZN) 1,04%.
En Europe, les plus fortes progressions du jour sont pour les valeurs technologiques: l'indice Stoxx du secteur a gagné 0,63%, SAP (NYSE:SAP) 1,47%, Atos (PA:ATOS) 1,01%.
A l'opposé, la chute la plus spectaculaire est celle de Bayer (DE:BAYGN), qui a cédé 10,31% après la condamnation de Monsanto (NYSE:MON), qu'il vient de racheter, à verser 289 millions de dollars (253 millions d'euros) d'indemnités à un jardinier victime d'un cancer après avoir utilisé du Roundup, l'herbicide vedette de la marque.
Les cours du pétrole sont dans le rouge, pénalisés par les préoccupations liées aux marchés émergents et par la persistance des tensions commerciales.
(Édité par Juliette Rouillon)