par Laetitia Volga
PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en baisse, les valeurs financières en tête, les difficultés de la banque américaine SVB suscitant des inquiétudes pour l'ensemble du secteur face à la remontée des taux d'intérêt des banques centrales.
À Paris, le CAC 40 a perdu 1,3% à 7.220,67 points. Le Footsie britannique a baissé de 1,67% et le Dax allemand de 1,31%.
L'indice EuroStoxx 50 a abandonné 1,32%, le FTSEurofirst 300 a reculé de 1,5% et le Stoxx 600 de 1,35%, au plus bas depuis début février.
Au moment de la clôture en Europe, la Bourse de New York était repassée dans le vert dans une séance très volatile: les indices Dow Jones prenant 0,4% tandis que le Standard & Poor's 500 gagnait 0,3% et le Nasdaq Composite 0,15%.
Si Wall Street tentait de rebondir, les actions européennes ont connu à un passage à vide en réaction à la déroute de SVB Financial Group. Selon plusieurs sources, la banque américaine ne serait pas parvenue à lever des capitaux destinée à renforcer son capital, après les pertes causées par la cession d'un important portefeuille obligataire.
La remontée des taux d'intérêt a en effet réduit la valeur des titres acquis avant que les instituts d'émission ne démarrent leur resserrement monétaire l'année dernière.
"Il y a une crise de confiance croissante dans la communauté financière, l'inquiétude étant que SVB ne serait que la partie émergée de l'iceberg et que d'autres banques puissent être confrontées à des défis financiers imprévus", a déclaré Sam Stovall, stratège en chef chez CFRA Research.
Et l'augmentation des taux est amenée à se poursuivre, aussi bien pour la Réserve fédérale (le 22 mars) que pour la Banque centrale européenne (jeudi prochain). Si une hausse de taux de 50 points de base pour la BCE ne fait plus débat, les marchés s'interrogent sur ce que décidera la Fed.
Le rapport mensuel sur l'emploi publié par le département du Travail n'a pas permis aux investisseurs de se positionner entre un relèvement d'un demi-point ou d'un quart de point.
"Même si les créations d'emploi ont été plus élevés que prévu, les indicateurs d'inflation sous-jacents ont été plus modérés", a déclaré Sam Stovall. La publication mardi de l'inflation américaine sera déterminante dans la prise de décision de la Fed, a-t-il ajouté.
VALEURS
En Europe, le secteur bancaire a chuté de 3,78%, sa plus forte baisse depuis juin. Unicredit (BIT:CRDI), HSBC (LON:HSBA), Société générale (EPA:SOGN) et Deutsche Bank (ETR:DBKGn) ont perdu de 3,12% à 7,35%.
Parmi les autres mouvements du jour, Casino a abandonné 5,64% après la confirmation par le parquet national financier d'une enquête préliminaire des chefs notamment de manipulation de cours en bande organisée et de délit d'initié commis courant 2018 et 2019.
TAUX/CHANGES
Le recul des actions a dopé l'intérêt des investisseurs pour les emprunts d'Etat, actifs refuge traditionnels: le rendement du Bund allemand à dix ans a terminé la séance sous 2,5%. Son équivalent américain, à 3,7582%, chutait de 18 points de base, au plus bas depuis mi-février.
Sur le marché des changes, le dollar est affecté par l'atténuation des tensions inflationnistes suggérée par le rapport sur l'emploi. A la perspective que la Fed s'en tienne à des hausses de taux de "seulement" un quart de point, le billet baisse de 0,89% face à un panier de devises internationales (-0,06%).
L'euro en profite pour remonter à 1,0654 dollar.
PÉTROLE
Le marché du pétrole regagne du terrain mais se dirige toujours vers une nouvelle perte hebdomadaire sur fond d'inquiétude concernant l'impact de taux d'intérêt élevés sur la demande de brut.
Le Brent prend 1,21% à 82,58 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 1,11% à 76,56 dollars.
(Laetitia Volga, édité par Jean-Stéphane Brosse)