PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en nette baisse vendredi, la baisse de la livre turque faisant craindre un risque pour les banques européennes, ce qui a poussé les investisseurs vers des actifs refuges comme le dollar et les obligations souveraines.
À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 1,59% à 5.414,68 points. Le Footsie britannique a perdu 0,97% et le Dax allemand 1,99%.
L'indice EuroStoxx 50 a reculé de 1,94%, le FTSEurofirst 300 de 1,15% et le Stoxx 600 1,07%.
Sur la semaine, le Stoxx a perdu 0,85%.
La livre turque a chuté à un plus bas record face au dollar, en baisse de 17,12%, avec l'escalade des tensions diplomatiques et commerciales entre la Turquie et les Etats-Unis, qui vont doubler les droits de douane sur l'acier et l'aluminium turcs, a annoncé Donald Trump dans un tweet.
Les tensions entre les Etats-Unis et la Turquie se sont accentuées depuis le placement en résidence surveillée d'un pasteur évangéliste américain, Andrew Brunson, soupçonné de terrorisme par les autorités turques, et les discussions des derniers jours n'ont pas permis d'apaiser la situation.
Pour enrayer la baisse de la devise turque, le président Tayyip Erdogan a appelé la population à échanger leurs devises et leur or contre des livres turques et dit que ceux qui avaient déclaré une "guerre économique" à la Turquie trouveraient à qui parler.
L'indice Bist 100 de la Bourse d'Istanbul a cédé, quant à lui, 2,31%.
Le dollar grimpe de 0,85% face à un panier de devises de référence et l'euro s'échange à 1,1402 dollar, un plus bas de treize mois.
Selon le Financial Times, la Banque centrale européenne (BCE), qui a refusé de commenter, est préoccupée par l'exposition au marché turc de certaines banques, et en particulier BBVA (MC:BBVA), UniCredit et BNP Paribas (PA:BNPP). (https://on.ft.com/2vzTUwX)
L'indice Stoxx européen du secteur a perdu 1,91%: l'espagnol BBVA a lâché 5,16%, signant la plus forte baisse de l'EuroStoxx 50, l'italien UniCredit a perdu 4,73%, le français BNP Paribas 2,99%.
LES RENDEMENTS OBLIGATAIRES RECULENT
Le conflit entre la Russie et les Etats-Unis a également incité à la prudence. Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a prévenu que toute initiative américaine visant à limiter les transactions en devises étrangères des banques russes serait considérée comme un acte de guerre économique. Les Etats-Unis ont annoncé mercredi de nouvelles sanctions contre la Russie dans la cadre de l'affaire Skripal.
Le rouble est descendu à 67,6535, son plus bas depuis le 2 juin 2016. Il porte son repli à près de 6% depuis mercredi.
"L'aversion au risque reprend le contrôle, exerçant une pression sur les devises des marchés émergents tout en laissant s'apprécier le dollar, valeur refuge, et le franc suisse", commente Antje Praefcke, chargé de la stratégie changes chez Commerzbank (DE:CBKG).
Le rendement du Bund allemand à 10 ans a touché un plus bas de trois semaines à 0,318% et son équivalent américain perd 5,5 points de base à 2,8804%.
Dans ce contexte de fortes tensions diplomatiques et commerciales, les chiffres de l'inflation américaine, qui ont montré une hausse des prix de détail en juillet, sont relégués au second plan.
Du côté des actions européennes, tous les compartiments ont fini dans le rouge dont le secteur automobile (-1,85%) et les ressources de base (-1,92%).
K+S a chuté de 7,2%, sous le coup de l'annonce la veille par le producteur allemand de sel et de potasse d'une prévision de bénéfice d'exploitation annuel inférieure à celui attendu par les analystes financiers.
Sur le marché pétrolier, le Brent gagne 1,17% sous les 79 dollars et le baril de brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) gagne 1,24% vers 67,6 dollars.
(Avec Karen Brettell, édité par Wilfrid Exbrayat)