par Marc Angrand
PARIS (Reuters) - Wall Street est attendue en hausse timide jeudi tandis que les Bourses européennes hésitent et que l'euro recule, l'incertitude persistante sur la préparation du budget italien venant s'ajouter aux préoccupations des investisseurs au lendemain du relèvement de taux décidé par la Réserve fédérale américaine.
Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais signalent une ouverture en légère hausse pour la Bourse de New York, qui a cédé du terrain en fin de séance mercredi après la conférence de presse de Jerome Powell, le président de la Fed.
À Paris, le CAC 40 perd 0,02% à 5.511,62 points vers 11h45 GMT et à Francfort, le Dax cède 0,04% tandis qu'à Londres, le FTSE 100 avance de 0,29%, porté par la dépréciation de la livre.
L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 est inchangé mais l'EuroStoxx 50 de la zone euro abandonne 0,1% et le Stoxx 600 0,06%.
La baisse est bien plus marquée à Milan, où l'indice FTSE MIB recule de 1,15%, plombée entre autres par les valeurs bancaires tandis que les rendements des emprunts d'Etat émis par Rome remontent fortement.
Le conseil des ministres consacré au projet de budget italien pour 2019 a été repoussé de deux heures, à 18h00 GMT, a-t-on appris de source gouvernementale sur fond de tension entre le ministre de l'Economie, Giovanni Tria, et les deux partis de la coalition gouvernementale, la Ligue (extrême droite) et le Mouvement 5 Etoiles (M5S).
Les investisseurs continuent de craindre un dérapage du déficit budgétaire italien si la coalition met en oeuvre certaines de ses principales promesses, comme le revenu de citoyenneté ou l'annulation partielle de la réforme des retraites.
Parallèlement, les investisseurs continuent de digérer les décisions, les commentaires et les nouvelles prévisions économiques de la Fed, qui favorisent entre autres l'appréciation du dollar face aux autres grandes devises.
Avant l'ouverture de Wall Street, les marchés prendront connaissance des chiffres définitifs du produit intérieur brut (PIB) américain au deuxième trimestre et des statistiques hebdomadaires des inscriptions au chômage.
LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET
VALEURS EN EUROPE
La prudence observée sur la quasi-totalité des marchés actions d'Europe touche en premier lieu le secteur bancaire, dont l'indice Stoxx recule de 0,87% avec la rechute des emprunts d'Etat italiens.
Intesa Sanpaolo (MI:ISP) et UniCredit cèdent respectivement 2,82% et 2,82%; parmi les groupes européens exposés au marché italien, BNP Paribas (PA:BNPP) perd 1,21%, BBVA (MC:BBVA) 1,2%, Société générale (PA:SOGN) 1,26%.
Les producteurs de semi-conducteurs souffrent quant à eux de la révision à la baisse de 30% de l'objectif de cours d'UBS sur le suisse AMS (-5,76%). A Paris, STMicroelectronics (PA:STM) perd 2,47% et à Francfort, Infineon abandonne 1,32%.
Lanterne rouge du Stoxx 600, le groupe pharmaceutique Indivior perd encore 20,88% après une chute de 16,5% la veille en réaction à l'abaissement de sa prévision de ventes pour l'un de ses principaux produits.
A la hausse, H&M bondit de 8,97% après ses résultats trimestriels, accompagnés de commentaires jugés rassurants sur les perspectives d'évolution des prix.
Altice (AS:ATCA) Europe (+2,06%) est en nette hausse après les déclarations du PDG de sa branche française sur la croissance de son portefeuille d'abonnés au fixe.
CHANGES
L'euro souffre des signes de tension au sein du gouvernement italien sur la question ultra-sensible du déficit budgétaire, qui font craindre un dérapage des comptes publics de la troisième économie de la zone euro.
La monnaie unique abandonne 0,33% face au dollar à 1,1699, au plus bas depuis une semaine.
"Certains craignent que les partis (de la coalition) fassent pression pour relever l'objectif de déficit", explique Alvin Tan, stratège devises de Société générale, ajoutant que l'acceptation éventuelle par le ministre de l'Economie, Giovanni Tria, d'un déficit à 2% du produit intérieur brut (PIB) marquerait un "seuil" à partir duquel le marché évaluerait les nouvelles propositions.
La faiblesse de l'euro permet d'amplifier légèrement la progression du dollar: l'indice mesurant les fluctuations de la devise américaine par rapport à un panier de référence est en hausse de 0,42%, effaçant ses pertes subies depuis huit jours avant les décisions de la Fed.
TAUX
Si le dollar monte, les rendements des emprunts d'Etat américains, eux, restent orientés à la baisse malgré la confirmation par la Fed de sa volonté de poursuivre la remontée de ses taux jusqu'en 2020 et l'abandon de la référence au caractère "accommodant" de sa politique monétaire dans son communiqué de mercredi.
Le rendement des Treasuries à dix ans est ainsi retombé sous 3,05%, plus de six points de base en dessous du pic de quatre mois mardi à 3,113%. La baisse est moins marquée pour le rendement à deux ans, qui revient néanmoins sous 2,82%.
En zone euro, le Bund suit le mouvement avec un repli du rendement à dix ans à 0,507% avant la première estimation de l'inflation en Allemagne en septembre, attendue à 12h00 GMT.
Les rendements italiens, eux, sont au contraire en nette hausse, de près de huit points pour le dix ans à 2,921% et de 11 points pour le deux ans à 0,848%.
PÉTROLE
Les cours du brut sont repartis à la hausse, de nouveau soutenus par la perspective d'une diminution de l'offre mondiale lorsque les sanctions américaines contre l'Iran s'appliqueront dans cinq semaines.
Le Brent, à 81,71 dollars le baril, se rapproche du pic de quatre ans atteint mardi à 82,55 dollars et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) prend près de 1% à 72,23 dollars.
MÉTAUX
Les cours des métaux de base souffrent à la fois de l'appréciation du dollar et de l'absence de mesures de réduction de la production pour les prochains mois en Chine dans le cadre du plan de lutte contre la pollution hivernale.
Le prix de l'aluminium cède 0,61%, celui du cuivre 0,93%.
ÉMERGENTS
Les marchés émergents profitent de la baisse des rendements des bons du Trésor américain, dont l'impact l'emporte sur celui de l'appréciation du dollar: l'indice MSCI des actions émergentes progresse de 0,21% et celui des devises émergentes de 0,16%.
(Avec Tommy Wilkes à Londres; édité par Blandine Hénault)