PARIS (Reuters) - Les organisations syndicales du personnel infirmier ont appelé à manifester mardi pour dénoncer le "mépris" du gouvernement face à la profession après une réforme de la Santé qui sous-estime, selon elles, les compétences et le rôle des infirmières.
"Face aux grands défis du vieillissement de la population et de l'explosion des maladies chroniques (...), les infirmiers, toutes modalités d'exercice confondues, attendaient de la stratégie de transformation du système de santé des mesures structurelles susceptibles d’y répondre", peut-on lire dans un communiqué commun à 16 organisations syndicales.
"La présentation du Plan Santé 2022 par le président de la République, le 18 septembre dernier, a balayé tous leurs espoirs", ajoutent-elles en précisant que "ce plan ne donne aucun moyen aux infirmiers pourtant en première ligne pour relever ces défis".
Ce plan de 3,4 milliards d'euros doit permettre, selon le gouvernement, de désengorger des hôpitaux à bout de souffle, d'améliorer l'accès aux soins sur l'ensemble du territoire et d'adapter le système au vieillissement et aux maladies chroniques.
Il prévoit, entre autres, la création de 4.000 postes d'assistants médicaux destinés à décharger les médecins libéraux pour effectuer, par exemple, des tâches administratives.
Pour le personnel infirmier, qui réclame une revalorisation des compétences de la profession depuis des années, l'annonce a été perçue comme une "véritable provocation".
"A chaque fois qu'on veut des évolutions, on nous dit qu'il n'y a pas de moyens et là, on créé un budget", a dit sur RTL Nathalie Depoire, présidente de la Coordination Nationale Infirmière.
DES RECONNAISSANCES ACCORDÉES PAR L'ETAT
Pour les syndicats, "il aurait été plus cohérent de consacrer cet argent à créer des postes en Ehpad (maisons médicalisées), lieu où les conditions de travail sont exécrables", surtout que, selon eux, ces mesures devraient profiter à un "nombre infime" d'aides-soignants.
"L’objectif affiché pour ce nouveau métier est de gagner du temps médical, c’est-à-dire réduire encore le temps passé avec le patient, ce qui va à l’encontre du besoin d’écoute de nos citoyens", ajoutent-ils.
Les organisations réclament du gouvernement "l'attribution de fonds permettant aux établissements de soins la mise en place d'effectifs proportionnels aux charges de travail" ainsi que l'intégration de la profession dans un processus d'universalisation allant de la licence au doctorat.
La secrétaire d'Etat auprès de la ministre des Solidarités et de la Santé, Christelle Dubos, a dit mardi à l'Assemblée nationale que le gouvernement avait déjà mis en place un certain nombre de mesures pour mieux reconnaître la profession.
Elle cite notamment la publication d'un décret qui fixe le cadre juridique du travail de l'infirmier en pratique avancée (IPA), soit une mesure qui donne la possibilité aux professionnels paramédicaux d'effectuer des tâches normalement dévolues aux médecins.
"Nous comptons sur l'engagement et les compétences des infirmiers et infirmières pour relever les défis qui nous attendent", a-t-elle dit.
(Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)