PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes sont attendues en baisse lundi après le recul subi par Wall Street vendredi en réaction aux chiffres mensuels de l'emploi américain qui ont douché l'espoir d'un ralentissement de la hausse des taux, d'autant que la semaine à venir risque d'alimenter à la fois la crainte d'une persistance de l'inflation et celle d'une récession.
L'actualité géopolitique pourrait aussi inciter les marchés à la prudence après l'annonce de plusieurs explosions à Kyiv et dans plusieurs villes de l'ouest de l'Ukraine deux jours après l'explosion sur le pont de Crimée.
Les contrats à terme sur indices suggèrent un recul de 1,03% pour le CAC 40 à Paris, de 0,91% pour le Dax à Francfort, de 0,57% pour le FTSE 100 à Londres et de 1,01% pour l'EuroStoxx 50.
Les volumes pourraient être réduits par l'absence d'une partie des investisseurs américains, la journée étant fériée aux Etats-Unis même si Wall Street sera ouverte.
Le rapport mensuel sur l'emploi américain publié vendredi, marqué par une diminution modérée des créations d'emplois, une baisse du taux de chômage et une hausse de 5% sur un an des salaires, a déçu ceux qui espéraient que des signes de dégradation de la conjoncture économique inciteraient la Fed à ralentir la hausse des taux.
Résultat: une nouvelle hausse de trois quarts de points début novembre est désormais jugée probable à près de 90% selon le baromètre en temps réel FedWatch.
La Banque centrale européenne (BCE) pourrait elle aussi opter pour un relèvement de 75 points de base le 27 octobre et la Banque d'Angleterre pourrait aller jusqu'à 100 points, voire au-delà, après les turbulences des dernières semaines.
"Nous sommes au coeur du resserrement des politiques monétaires mondiales le plus important et le plus synchronisé depuis plus de 30 ans", souligne Bruce Kasman, directeur de la recherche économique de JPMorgan (NYSE:JPM), pour qui "une inflation toujours élevée et la prise de conscience de plus en plus nette de la nécessité de freiner le marché du travail devraient conduire les banques centrales à de nouvelles décisions d'ampleur".
La semaine qui débute sera animée successivement par les nouvelles prévisions économiques du Fonds monétaire international (FMI) mardi, par les chiffres des prix à la production (mercredi) et à la consommation (jeudi) aux Etats-Unis, et par le début de la période des publications de résultats à Wall Street vendredi avec ceux de quatre des principales banques américaines.
À WALL STREET
La Bourse de New York a fini en forte baisse vendredi après la publication du rapport mensuel sur l'emploi et l'avertissement d'Advanced Micro Devices, deux facteurs défavorables aux valeurs technologiques et de croissance.
L'indice Dow Jones a cédé 2,11%, ou 630,15 points, à 29.296,79, le Standard & Poor's 500 a perdu 103,90 points, soit 2,77%, à 3.640,62 et le Nasdaq Composite a reculé de 420,91 points (-3,80%) à 10.652,41.
Le S&P des valeurs technologiques a chuté de 4,14%, pénalisé à la fois par la perspective d'une hausse du coût du crédit et par les annonces décevantes d'AMD, qui a abandonné 13,9%.
Sur l'ensemble de la semaine, le Dow a progressé de 1,99%, le S&P-500 de 1,51% et le Nasdaq de 0,73% après trois semaines consécutives de repli.
Les contrats à terme sur indices suggèrent pour l'instant une ouverture en baisse d'environ 0,5%.
EN ASIE
La Bourse de Tokyo est fermée, la journée étant fériée au Japon.
En Chine, où les marchés sont restés fermés pendant une semaine pour la fête nationale, le SSE Composite de Shanghai cède 1% et le CSI 300 1,51%.
L'indice chinois des semi-conducteurs abandonne 6,48% après les nouvelles restrictions à l'exportation de hautes technologies décidées par Washington.
CHANGES
Hésitant en tout début de journée, le dollar repart à la hausse face aux autres grandes devises (+0,05%).
L'euro revient à 0,973 dollar, au plus bas depuis le 29 septembre.
Le yuan, lui, a repris en baisse après la semaine de fermeture des marchés chinois, à 7,112 pour un dollar. L'indice PMI Caixin-S&P Global des services en Chine publié samedi a montré une contraction de l'activité du secteur pour la première fois depuis mai.
TAUX
Les rendements de référence de la zone euro varient peu dans les premiers échanges après la forte hausse enregistrée vendredi en réaction à l'emploi américain: le dix ans allemand s'affiche à 2,187%, le deux ans à 1,857%.
PÉTROLE
Le marché pétrolier subit des prises de bénéfice après avoir atteint son plus haut niveau depuis cinq semaines grâce à la perspective d'une forte diminution de l'offre de l'Opep+.
Le Brent abandonne 0,55% à 97,38 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,57% à 92,11 dollars.
L'un et l'autre avaient touché en tout début de journée leur plus haut niveau depuis le 30 août.
(Rédigé par Marc Angrand, édité par Kate Entringer)