par Pascale Denis
PARIS (Reuters) - L'Oréal a accéléré la cadence au troisième trimestre, porté par ses marques de luxe et une nette progression aux Etats-Unis et en Europe de l'Est qui a permis de compenser le recul des ventes du groupe en France.
Les ventes du numéro un mondial des cosmétiques ont progressé de 3,6% à 6,15 milliards d'euros, un chiffre légèrement inférieur aux 6,22 milliards du consensus établi par Inquiry Financial pour Reuters.
Mais à données comparables, la croissance a atteint 5,6% (après une progression de 4,2% au premier semestre), dépassant largement les 4,5% attendus par les analystes.
L'Oréal, qui avait promis en juillet une accélération au second semestre, "fait ce qu'il avait dit qu'il ferait", a commenté son PDG Jean-Paul Agon lors d'une conférence téléphonique.
L'accélération est principalement venue des produits de luxe (Lancôme, Saint Laurent, Armani, Kiehl's) qui ont signé une croissance organique de 9,3% tirée par le maquillage et le parfum, une performance proche des 10% engrangés par les cosmétiques du groupe LVMH (PA:LVMH) (Dior, Guerlain, Givenchy).
L'Oréal profite comme son concurrent de l'effervescence du marché mondial du maquillage, lié aux réseaux sociaux et à la mise en scène de soi. Toutes marques confondues, ses ventes ont grimpé de 50% dans cette catégorie depuis le début de l'année.
"Le maquillage explose, que ce soit dans le luxe ou les produits grand public", a précisé Jean-Paul Agon.
Les ventes de maquillage de Saint Laurent ou Urban Decay ont grimpé de 40% depuis janvier, celles d'Armani de 50%.
"MEILLEUR TRIMESTRE DEPUIS PLUS DE 4 ANS"
"L'Oréal signe son meilleur trimestre depuis plus de quatre ans avec une performance qui contraste nettement avec celle de certains concurrents, notamment Estée Lauder aux Etats-Unis", commente Andrew Wood, analyste de Sanford Bernstein.
Le groupe a nettement accéléré le pas aux Etats-Unis (+7,5%) grâce à ses marques de luxe ainsi qu'à des gains de parts de marché de ses marques grand public Nyx et Maybelline.
Il a aussi signé de bonnes performances en Europe du Nord, en Amérique latine et en Europe de l'Est, tandis qu'en Chine il reste freiné par la sous-performance de ses produits grand public et des masques Magic, sur lesquels il a passé une provision de 230 millions d'euros en juillet.
Mais Jean-Paul Agon s'est dit confiant dans le redressement de sa marque chinoise. "Nous déroulons nos innovations et l'impact sur les ventes sera visible dans les prochains mois", a-t-il indiqué.
La France, qui pèse pour environ 8% à 9% du chiffre d'affaires, demeure le point noir du groupe. Les ventes reculent encore, "dans un marché qui demeure très difficile et très négatif dans le luxe et la grande diffusion".
La cosmétique active (La Roche (SIX:ROG) Posay, Vichy) a elle aussi fait mieux qu'au premier semestre et progressé de 6,5%, tandis que la division de produits grand public (L'Oréal Paris, Garnier Maybelline) a maintenu le cap avec une croissance de 4,7%.
"Le consensus ne devrait pas beaucoup bouger mais la réaction du marché devrait être très positive vendredi compte tenu de la qualité des chiffres annoncés", estiment les analystes d'Exane BNP Paribas (PA:BNPP).
(Edité par Dominique Rodriguez)