par Mathieu Rosemain
PARIS (Reuters) - Société générale (EPA:SOGN) a fait état vendredi d'un bénéfice net trimestriel en repli mais supérieur aux attentes, une annonce d'abord saluée par le marché avant que des inquiétudes sur la marge nette d'intérêts en France ne reprennent le dessus.
A la Bourse de Paris, l'action Société Générale reculait de 5,23% à 24,44 euros à 13h09, après avoir gagné jusqu'à plus de 6% plus tôt en séance.
L'action s'est retournée à la baisse durant une conférence téléphonique organisée avec les analystes, au cours de laquelle la directrice financière, Claire Dumas, a évoqué un niveau de marge nette d'intérêts en France dans le bas de la fourchette de prévision.
La marge nette d'intérêt - qui mesure la différence entre les intérêts reçus et ceux payés sur les dépôts - est un indicateur clé de la rentabilité des banques.
Société Générale avait dit prévoir pour 2024 une marge nette d'intérêt au moins équivalente à celle de 2022 pour la France.
"En effet, la prévision était de rebondir ou de se situer au niveau de 2022 (...) Nous sommes aujourd'hui dans le bas de la fourchette de cette prévision et de nos projections", a déclaré Claire Dumas.
"Le marché était un peu préoccupé par la prévision de marge nette d'intérêt qui était honnête mais haussière auparavant. Je pense que c'est probablement ce qui est à l'origine de la faiblesse", a indiqué Johann Scholtz, analyste chez Morningstar.
DYNAMISME DES DÉRIVÉS ACTIONS
Société Générale, dont la santé financière est largement dépendante des résultats de son activité de banque de détail en France, et qui ne publie plus séparément les chiffres de son activité dans le pays, a fait état d'une amélioration de la marge nette d’intérêt au premier trimestre par rapport au trimestre précédent.
Mais cette marge reste sous pression, "du fait principalement d’encours de dépôts à vue en baisse en raison de la poursuite du transfert vers des dépôts rémunérés et de l’épargne financière", a expliqué la banque dans son communiqué de résultats.
Cette faiblesse a éclipsé un bénéfice net trimestriel ressorti au-delà des attentes à la faveur du dynamisme des activités de dérivés actions.
Le résultat net part du groupe est tombé à 680 millions d'euros contre 868 millions un an plus tôt alors que, selon un consensus fourni par SocGen, les analystes tablaient en moyenne sur un résultat à 463 millions d'euros.
Le produit net bancaire s'est établi à 6,65 milliards d'euros, en baisse de 0,4% mais au-dessus des attentes des analystes, qui tablaient sur 6,46 milliards d'euros.
La performance a été tirée par la banque de grande clientèle et solutions investisseurs qui a enregistré une hausse de 26,4% de son bénéfice net, à 690 millions d'euros.
Les activités de financement et conseil du groupe ont également contribué au résultat, compensant la chute de 17% sur un an des métiers de taux et de change, une baisse bien plus marquée que la moyenne des banques rivales américaines et celle de BNP Paribas (EPA:BNPP), son principal concurrent en France.
INCIDENT DE TRADING
En Bourse, l'action Société Générale n'a progressé que de 9% sur les trois dernières années, contre une hausse de 26% pour BNP Paribas et 13,5% pour Crédit Agricole (EPA:CAGR). L'indice Stoxx 600 des banques a grimpé de 55% sur la période.
Le directeur général Slawomir Krupa, qui a pris ses fonctions l'an dernier, a pour mission de redresser le cours de Bourse mais la présentation d'un nouveau plan stratégique pour 2026 en septembre dernier a été sanctionnée par les investisseurs.
Pour améliorer la rentabilité de la banque rouge et noire, Slawomir Krupa s'est engagé à réduire les coûts tout en cédant des actifs jugés non-stratégiques. Il veut également investir dans le développement de la banque en ligne BoursoBank et dans la filiale cotée de location automobile Ayvens.
Vendredi, le dirigeant est par ailleurs revenu sur un "incident" de trading qui a conduit au départ de deux traders basés à Hong Kong, accusés d'avoir procédé à des paris non autorisés sur les marchés.
Cet incident a eu lieu en fin d'année dernière mais a été révélé cette semaine.
"L'incident n'a eu aucun impact, ni sur le groupe, ni sur les clients du groupe. Il été normalement détecté par le système de contrôle, ce qui montre son efficacité", a déclaré Slawomir Krupa, ajoutant que des mesures "appropriées" ont été prises, sans détailler lesquelles.
(Reportage Mathieu Rosemain, rédigé par Augustin Turpin et Blandine Hénault, édité par Kate Entringer)