PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé la séance de jeudi en forte baisse, pénalisées par des anticipations de plus en plus fortes d'une normalisation des politiques monétaire en Europe, ce qui pousse les banques, l'euro et les rendements obligataires vers le haut.
À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 1,88% (-98,55 points) à 5.154,35 points. Le Footsie britannique a abandonné 0,51% et le Dax allemand 1,83%.
L'indice EuroStoxx 50 a perdu 1,82%, le FTSEurofirst 300 1,36% et le Stoxx 600 1,34%, tous trois à un plus bas de deux mois.
La plus mauvaise performance sectorielle en Europe revient aux valeurs technologiques dont l'indice Stoxx 600 a chuté de 2,8%. Il a perdu sur le mois 4,7%, dans le sillage des techs à Wall Street et des craintes sur leurs niveaux élevés de valorisation.
Le spécialiste néerlandais des semi-conducteurs ASML Holding (AS:ASML) a chuté de 3,73%, Atos a reculé de 3,78% et Infineon de 3,65%.
A Wall Street, l'indice Nasdaq chutait de 1,5% à la clôture des marchés européens, contre une baisse de l'ordre de 0,7% pour le Dow Jones et le S&P 500.
Autre recul sectoriel notable à la clôture en Europe, celui de la construction (-2,08%). A Paris, Bouygues (PA:BOUY) a accusé la plus forte baisse du CAC 40 (-3,81%) et Eiffage (PA:FOUG) (-4,16%) le plus fort repli du SBF 120.
En gagnant respectivement 0,36% et 0,54%, les compartiments des matières premières et des banques sont les seuls secteurs à être restés dans le vert au terme de la séance.
L'unique progression du jour à Paris revient à Société Générale (PA:SOGN) (+0,11%). De son côté, HSBC a gagné 4,24% à la Bourse de Londres, après un relèvement de recommandation de Morgan Stanley (NYSE:MS).
Les anticipations concernant une normalisation prochaine des politiques monétaires des banques centrales en Europe ont de nouveau bénéficié au secteur bancaire et ont stimulé le mouvement de vente sur le marché obligataire.
Le rendement des emprunts d'Etats allemands a avancé à plus de 0,45%, alors qu'il évoluait autour de 0,24% en début de semaine. Le papier à 10 ans français a grimpé à plus de 0,80%.
Ces anticipations de resserrement monétaire, nourries par des récents commentaires du président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, et du gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mark Carney, ont fait grimper l'euro à un plus haut de plus d'un an. La devise unique cote à 1,1422 dollar, après un pic à 1,1434.
Le chef économiste de la Banque d'Angleterre, Andy Haldane, a estimé jeudi que la banque centrale devait songer "sérieusement" à augmenter les taux pour contenir l'inflation, tout en se disant satisfait de leur niveau actuel.
Cette déclaration a permis à la livre sterling de dépasser brièvement le seuil de 1,30 dollar pour la première fois en cinq semaines.
Parallèlement, le dollar est tombé à un plus bas de neuf mois face à un panier de devises de référence.
Cette faiblesse du billet vert profite au pétrole, qui affiche une sixième séance consécutive de rebond, après l'annonce d'une baisse de la production américaine, qui a occulté une augmentation inattendue des stocks d'essence aux Etats-Unis. Le Brent se traite à plus de 47 dollars le baril, le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) au-dessus de 45 dollars.
Les cours des matières premières évoluent en nette hausse, à l'image du cuivre (+0,93%), ou encore de l'aluminium (+0,95%).
(Laetitia Volga, édité par Blandine Hénault)