par Guy Faulconbridge
(Reuters) - Le président russe Vladimir Poutine a averti lundi que la Russie riposterait si l'Otan commençait à renforcer l'infrastructure militaire de la Suède et de la Finlande, qui ont toutes deux décidé de rejoindre l'alliance militaire après l'invasion de l'Ukraine par Moscou.
Vladimir Poutine a mentionné à plusieurs reprises l'élargissement de l'Alliance atlantique vers l'est après la chute de l'URSS et son rapprochement des frontières russes comme une raison du conflit en cours en Ukraine.
S'adressant aux dirigeants d'une alliance militaire d'anciennes républiques soviétiques dirigée par la Russie, Vladimir Poutine a déclaré que l'élargissement de l'Otan était utilisé par les États-Unis de manière "agressive" pour aggraver une situation sécuritaire mondiale déjà difficile.
La Russie, a dit Poutine, n'a aucun problème avec la Finlande ou la Suède, et l'adhésion de ces deux pays à l'Otan, fondée en 1949 pour assurer la sécurité de l'Europe face à l'Union soviétique, ne constitue donc pas une menace directe.
"Mais l'expansion de l'infrastructure militaire sur ce territoire provoquerait certainement notre réponse", a averti le président russe aux dirigeants de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), qui regroupe autour de la Russie la Biélorussie, l'Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan.
"Des problèmes sont créés sans aucune raison. Nous réagirons en conséquence", a-t-il déclaré.
La Russie a donné peu d'indices spécifiques sur ce qu'elle fera en réponse à l'élargissement de l'Otan vers les deux pays nordiques, la plus grande conséquence stratégique de l'invasion de l'Ukraine par la Russie à ce jour.
"EXPANSION SANS FIN"
Le vice-ministre russe aux Affaires étrangères, Sergueï Ryabkov, a déclaré plus tôt dans la journée que l'Occident ne devait pas se faire d'illusions sur le fait que Moscou accepterait simplement l'expansion de l'Otan.
L'adhésion des deux États serait l'un des plus grands changements au système sécuritaire de l'Europe depuis des décennies, reflétant une transformation radicale des perceptions dans la région nordique depuis que la Russie a envahi l'Ukraine le 24 février.
"Ils ne doivent pas s'imaginer que nous allons simplement l'accepter", a déclaré Sergeï Ryabkov.
Selon Vladimir Poutine, en plus de sa "politique d'expansion sans fin", l'Alliance va bien au-delà de ses attributions euro-atlantiques - une tendance que la Russie suit de près.
Pour le président russe, l'"opération militaire spéciale" de son pays en Ukraine est nécessaire car il estime que Washington utilise Kyiv pour menacer la Russie par le biais de l'élargissement de l'Otan et que Moscou doit défendre les russophones contre les persécution.
Le gouvernement suédois a confirmé lundi, un jour après que son voisin finlandais, qu'il allait demander l'adhésion du pays à l'Otan.
L'Alliance et les États-Unis ont déclaré dimanche qu'ils étaient convaincus de pouvoir surmonter les objections de la Turquie à l'adhésion des deux États nordiques à l'alliance militaire.
(Reportage par Reuters ; version française Elena Vardon et Diana Mandiá, édité par Kate Entringer)