NICE (Reuters) - Cédric Herrou, agriculteur du sud-est de la France connu pour son soutien aux migrants, a été condamné mardi en appel à quatre mois de prison avec sursis pour aide à l’immigration clandestine par la cour d’appel d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).
"On veut me faire taire, c’est assez démesuré", a-t-il dit à Reuters en annonçant son intention de se pourvoir en cassation. "On me dit ce que je ne dois pas faire mais on ne me dit pas ce que je dois faire."
Cédric Herrou avait été condamné en février à 3.000 euros d’amende avec sursis lors du procès en première instance au tribunal correctionnel de Nice.
Lors du procès en appel, le parquet avait requis huit mois de prison avec sursis.
Cédric Herrou, âgé de 38 ans, était poursuivi pour avoir transporté des migrants de la frontière italienne jusqu’à chez lui en 2016 et organisé un camp d’accueil sauvage de réfugiés dans un ancien local désaffecté de la SNCF à Saint-Dalmas-de-Tende (Alpes-Maritimes).
Il a été condamné à verser 1.000 euros de dommages et intérêts à l'entreprise de chemins de fer.
Cédric Herrou a par ailleurs été mis en examen le 26 juillet pour aide à l’entrée et à la circulation de personnes en situation irrégulière après avoir été arrêté en compagnie de 150 migrants à la gare de Cannes.
Il dit avoir accueilli depuis un an et demi environ "2.500 à 3.000 migrants" sur sa propriété de Breil-sur-Roya.
Après avoir franchi illégalement la frontière italienne voisine, "ils affluent spontanément chez moi" assure-t-il. Sur place, ils sont nourris, logés et aidés pour effectuer leur demande d’asile.
"Je ne fais plus de passages illégaux de la frontière depuis septembre 2016, tout est légal, on souhaite juste que l’on respecte leurs droits car ils en ont", explique celui qui dit faire le travail de "l'Etat défaillant sur la crise migratoire".
En dépit du jugement de mardi, il affirme "ne pas avoir du tout envie d’arrêter" son action. "En ce moment il y a du monde chez moi, on continue l’accueil", ajoute ce producteur d’oeufs et d’huile d’olive, qui vend sur les marchés.
Plusieurs associations d'aides aux migrants ont apporté leur soutien à l'agriculteur.
Le MRAP a notamment dénoncé une décision qui "contribue à la criminalisation de l'aide aux migrants".
"Non, la solidarité n'est pas un délit ; sans elle, l’accueil des migrants, une exigence humaine, ne pourrait être assuré. Elle pallie les manques du gouvernement et de sa politique irresponsable de rejet des migrants", a ajouté l'association dans un communiqué.
(Matthias Galante)