Nouveau coup dur pour Bombardier, le constructeur canadien d’avions et de trains. Airbus (PARIS:AIR) a mis fin aux discussions en vue de son implication dans le programme d'avions CSeries, censé permettre à Bombardier de percer sur le marché des moyen-courriers. Les investisseurs sanctionnent.
Lundi soir, l’agence Reuters indiquait que l'entreprise montréalaise avait proposé à Airbus de l’aider à mener à bien le développement de sa nouvelle gamme d’avions CSeries, en échange d’une prise de participation de contrôle dans le programme.
Le CSeries, plus grand avion jamais conçu par le groupe canadien, doit lui permettre de percer sur le marché mondial des avions d'une capacité de plus de 100 places. Les deux entreprises ont reconnu avoir eu des discussions et que le constructeur aéronautique français avait préféré y mettre un terme une fois celles-ci rendues publiques.
‘Un terrible aveu de faiblesse aux conséquences potentiellement dévastatrices. Voilà tout ce qui reste de la tentative de Bombardier de céder le contrôle de son programme phare, le CSeries, à son plus terrible adversaire, Airbus’. C'est en ces termes que le quotidien financier Les Echos illustrait hier l'échec des discussions.
Voilà donc un nouveau coup dur pour Bombardier qui cherche à renflouer ses finances mises à mal par les coûts de développement du CSeries, qui connaît un sérieux retard et un succès commercial mitigé.
Pour l'instant, Bombardier n'aurait reçu que 243 commandes fermes contre un objectif de 300 pour son entrée en service prévue en 2016. Le groupe n'a décroché aucune commande lors du salon du Bourget en juin, même si les dirigeants affirment qu'un nombre considérable d'acheteurs potentiels sont venus voir le CS100 et le CS300. Lors du salon, John Leahy, Directeur commercial d’Airbus, avait d’ailleurs reconnu que l'entreprise montréalaise possédait avec le CSeries un « beau petit avion ».
D’après Reuters, Bombardier aurait également approché, sans succès, un investisseur chinois pour prendre une participation dans le programme CSeries. Le groupe canadien pourrait tenter de se tourner vers Boeing (NYSE:BA), bien qu’un tel rapprochement paraisse compliqué au vu de la relation étroite existant entre le constructeur américain et le brésilien Embraer, grand rival de Bombardier.
Selon l’analyste du Crédit Suisse Robert Spingarn, la tentative de rapprochement avec Airbus est l’indication tacite que le programme CSeries est dans une situation désastreuse. Ce constat a probablement été tiré par Alain Bellemare, le nouveau président et chef de la direction de Bombardier, qui a eu le temps d’évaluer la situation du CSeries, relaye François Pouliot du site lesaffaires.com
Pour Robert Spingarn, trois options restent pour Bombardier : gagner plus de commandes et stabiliser la situation, ce qui lui apparaît peu probable étant donné les résultats obtenus jusqu’à maintenant ; sécuriser une entente avec un partenaire qui ne soit pas un concurrent dominant ou enfin, annuler totalement le programme CSeries pour mettre fin à l’hémorragie et préserver les liquidités.
Regain de tension sur le marché obligataire
En réaction aux derniers rebondissements, les investisseurs ont revu une nouvelle fois à la hausse leurs exigences de rendement pour se positionner sur les obligations Bombardier.
A titre d’exemple, l’emprunt 5,50% - 2018 affiche désormais un rendement annuel supérieur à 10% jusqu’à l’échéance, sur base d'un cours qui avoisine les 88% du nominal. La coupure est fixée à 2.000 dollars, ce qui implique également un risque de change. En euros, l’obligation 6,125% - 2021 se traite quant à elle à 91,50% du nominal, avec un rendement annuel porté à plus de 8%. La coupure est cette fois fixée à 100.000 euros.
L’agence d’évaluation financière Standard & Poor’s attribue à ces deux émissions de type senior non-sécurisées un rating spéculatif « B+ ».