par Marc Angrand
PARIS (Reuters) - Wall Street devrait poursuivre son repli et la plupart des Bourses européennes cèdent plus de 1% à mi-séance mercredi, le retour des inquiétudes liées à l'inflation incitant les investisseurs à délaisser les actions tandis que les rendements obligataires remontent.
La nervosité ambiante est aussi alimentée par le durcissement de la réglementation chinoise sur les cryptomonnaies, qui fait chuter les cours de celles-ci.
Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais signalent une ouverture en baisse de 0,65% pour le Dow Jones, de 0,78% pour le Standard & Poor's 500 et de 1,13% pour le Nasdaq. Le S&P-500 a déjà perdu 0,85% mardi.
À Paris, le CAC 40 perd 1,02% à 6.288,64 points vers 11h00 GMT. A Londres, le FTSE 100 cède 1,11% et à Francfort, le Dax recule de 1,24%.
L'indice EuroStoxx 50 est en repli de 1,22%, le FTSEurofirst 300 de 1,14% et le Stoxx 600 de 1,09%.
L'indice de volatilité de l'EuroStoxx 50, baromètre de la nervosité du marché affiche un bond de 12,3%, au plus haut depuis une semaine.
La journée a débuté par l'annonce d'une nette accélération de l'inflation au Royaume-Uni en avril, à 1,5% en rythme annuel. Eurostat a ensuite confirmé la remontée de l'inflation dans la zone euro à 1,6% sur un an en avril.
La BCE a par ailleurs souligné dans son nouveau rapport de stabilité financière que le retrait des mesures de soutien mises en oeuvre pendant la pandémie serait délicat, en soulignant entre autres le niveau élevé de l'endettement des entreprises.
Ces facteurs ont ravivé chez certains investisseurs la crainte de voir une poussée inflationniste durable obliger les banques centrales à relever les taux d'intérêt, au risque de freiner la reprise de l'économie et le redressement des bénéfices des sociétés cotées.
Dans ce contexte, les investisseurs jouent la prudence en attendant la publication, à 18h00 GMT, du compte rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine, en espérant y trouver des indices sur le moment auquel la banque centrale commencera à préparer les marchés à la perspective d'une réduction de ses achats d'actifs.
Beaucoup d'analystes et de stratèges continuent toutefois de relativiser les tensions actuelles. "L'épisode de volatilité actuel ne nous paraît pas prêter à conséquence", estime ainsi le BlackRock (NYSE:BLK) Investment Institute dans sa dernière note en date. "Le relèvement des taux, actuellement très proches de zéro, devrait certes advenir mais plus tard que ce qu'anticipent les marchés."
VALEURS EN EUROPE
En Europe, tous les grands secteurs de la cote évoluent dans le rouge à la mi-journée mais les replis les plus marqués sont pour les compartiments cycliques des matières premières (-3,30%), des transports et des loisirs (-2,24%).
Le secteur des hautes technologies perd pour sa part 2,09%. Ce dernier continue de souffrir de la pénurie mondiale de semi-conducteurs: ASML perd 3,23%, STMicroelectronics (PA:STM) 1,58%.
A Paris, ArcelorMittal (AS:MT) (-3,91%), Renault (PA:RENA)(-2,73%) et Total (PA:TOTF)(-2,13%) figurent parmi les plus fortes baisses du CAC 40.
Les banques (-0,34%) limitent leur repli grâce à la hausse des rendements obligataires. Société générale (PA:SOGN) (+1,13%) bénéficie en plus du relèvement de la recommandation de Morgan Stanley (NYSE:MS) à "surpondérer".
TAUX
Le regain d'inquiétude quant à l'évolution des prix et des politiques monétaires se traduit aussi par une nouvelle poussée des rendements obligataires: celui des bons du Trésor américain à dix ans est en hausse de près de deux points de base à 1,6591% et son équivalent allemand prend plus d'un point à -0,09% après un pic de deux ans à -0,074%.
CHANGES
Le dollar regagne du terrain face aux autres grandes devises (+0,25%) après être tombé début de journée tout près de son plus bas de l'année.
L'euro revient ainsi à 1,2205 dollar après avoir atteint, à 1,2244, son plus haut niveau depuis le 8 janvier.
Le bitcoin, lui, chute de 8,77% à 39.117,81 dollars, au plus bas depuis le 8 février. Son repli par rapport à son record du 14 avril approche désormais 40%.
PÉTROLE
Le marché pétrolier amplifie le repli entamé mardi, la dégradation de la situation sanitaire en Asie, de l'Inde à Taiwan en passant par la Thaïlande et le Vietnam, qui pourrait peser sur la demande, s'ajoutant aux craintes de resserrement des politiques monétaires.
Le Brent abandonne 1,64% à 67,58 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 1,71% à 64,37 dollars.
Les investisseurs surveilleront à 14h30 GMT les chiffres hebdomadaires de l'Energy Information Administration (EIA) sur les stocks aux Etats-Unis.
(édité par Patrick Vignal)