Coca-Cola et PepsiCo luttent contre l'obésité mais non sans arrière-pensées

Publié le 13/10/2016 09:54
Coca-Cola et Pepsico ont versé de 2011 à 2015 de généreuses donations à des associations américaines luttant contre les fléaux de santé publique (Photo JUSTIN SULLIVAN. GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Coca-Cola et Pepsico ont versé de 2011 à 2015 de généreuses donations à des associations américaines luttant contre les fléaux de santé publique (Photo JUSTIN SULLIVAN. GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Coca-Cola et Pepscio ont versé de 2011 à 2015 de généreuses donations à des associations américaines luttant contre des fléaux de santé publique

Coca-Cola et PepsiCo financent à coup de millions de dollars des ONG de santé publique influentes pour améliorer leur image tout en s'activant en coulisses pour tuer les taxes anti-sodas, affirment des universitaires américains.

Les deux géants de boissons non alcoolisées ont versé de 2011 à 2015 de généreuses donations à 96 associations américaines luttant contre des fléaux de santé publique (obésité, diabète, maladies cardiovasculaires...), avance l'étude réalisée par Daniel Aaron et Michael Siegel, de l'Université de Boston.

Si une majorité de ces ONG sont privées, d'autres sont rattachées au gouvernement fédéral, à l'instar des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC).

Les dons sont devenus plus importants lors des dernières années, avec l'intensification des campagnes de sensibilisation contre les risques posés par l'obésité et la nécessité de réduire la consommation de sodas.

Ceux-ci sont considérés par les scientifiques comme un facteur participant à l'augmentation de l'obésité et, par ce biais, du diabète.

Coca-Cola a révélé récemment avoir consacré plus de 120 millions de dollars depuis 2010 en donations, financement d'études scientifiques et partenariats avec des associations dans la lutte contre l'obésité.

D'après le Center for Responsive Politics, organe indépendant, PepsiCo a dépensé en moyenne 3 millions de dollars par an en lobbying depuis 2011.

- Détourner l'attention -

Ce lobbying s'inscrit dans le cadre d'une stratégie marketing visant à améliorer leur image auprès du grand public, affirment les deux universitaires.

"En gros, c'est pour dire +regardez nous promouvons des problématiques de santé publique+. Et du même coup, ils détournent l'attention du fait que leurs produits contribuent à l'épidémie d'obésité", affirme à l'AFP Michael Siegel.

Environ 35% des adultes américains sont obèses, et 69% sont en surpoids, selon des chiffres officiels de 2012. Les dépenses de santé liées à l'obésité comptent pour un cinquième de la facture totale aux Etats-Unis, selon les mêmes sources.

"En disant +nous sommes partenaires de plusieurs organisations de santé publique+, l'industrie du soda crée l'impression qu'elle fait aussi partie de la solution", avance Michael Siegel.

Pour le diététicien Keith-Thomas Ayoob, ce n'est pas tant l'origine des fonds qui importe mais leur usage.

"Ce qui m'intéresse c'est de savoir si ces donations ont profité aux consommateurs. Si elles les aident à mieux gérer leur diabète", argue-t-il.

Sauf que Coca-Cola et Pepsico exercent un intense lobbying pour tuer toute législation anti-boissons sucrées, font observer MM. Aaron et Siegel, ce qui place les ONG subventionnées en position de conflits d'intérêt.

C'est le cas de Save The Children, à qui Coca-Cola et PepsiCo ont donné plus de 5 millions de dollars en 2009. Un an plus tard, cette ONG a abandonné son appel à l'instauration d'une taxe soda, préconisée pourtant par l'OMS pour lutter contre l'obésité et le diabète.

Contactée par l'AFP, l'association indique se consacrer à l'éducation des populations dès la petite enfance et refuse de dire si elle perçoit encore l'argent des deux producteurs de boissons.

L'Academy of Nutrition and dietetics (AND) et l'association NAACP, qui défend les droits des Noirs, sont allées, elles, jusqu'à s'opposer à un projet de l'ancien maire de New York, Michael Bloomberg, de réduire en 2012 la taille des canettes des sodas, après avoir reçu des fonds de Coca et PepsiCo.

AND, qui a rompu ces liens avec les deux limonadiers, a déclaré à l'AFP avoir accepté l'argent "pour toucher un large public avec des messages pour une alimentation saine".

NAACP n'a pas donné suite aux sollicitations de l'AFP.

Rhona Applebaum, responsable santé et sciences de Coca, avait dû démissionner fin 2015 après des révélations indiquant que le groupe influait sur le message de l'ONG de lutte contre l'obésité Global Energy Balance Network dont il était un des généreux donateurs.

"Oui nous pouvons diverger (...) sur les taxes et politiques régressives et discriminantes contre nos produits mais nos actions dans les communautés (...) contribuent à répondre au défi complexe qu'est l'obésité", défend l'ABA, le lobby de l'industrie des sodas, dont sont membres Coca-Cola et PepsiCo.

Contactés par l'AFP, Coca a renvoyé à l'ABA, tandis que PepsiCo n'a pas répondu.

L'ABA a promis de dépenser des millions de dollars en campagnes publicitaires à San Francisco et Oakland notamment, où les habitants doivent se prononcer en novembre sur une taxe soda.

Derniers commentaires

Installez nos applications
Divulgation des risques: Négocier des instruments financiers et/ou des crypto-monnaies implique des risques élevés, notamment le risque de perdre tout ou partie de votre investissement, et cela pourrait ne pas convenir à tous les investisseurs. Les prix des crypto-monnaies sont extrêmement volatils et peuvent être affectés par des facteurs externes tels que des événements financiers, réglementaires ou politiques. La négociation sur marge augmente les risques financiers.
Avant de décider de négocier des instruments financiers ou des crypto-monnaies, vous devez être pleinement informé des risques et des frais associés aux transactions sur les marchés financiers, examiner attentivement vos objectifs de placement, votre niveau d'expérience et votre tolérance pour le risque, et faire appel à des professionnels si nécessaire.
Fusion Media tient à vous rappeler que les données contenues sur ce site Web ne sont pas nécessairement en temps réel ni précises. Les données et les prix sur affichés sur le site Web ne sont pas nécessairement fournis par un marché ou une bourse, mais peuvent être fournis par des teneurs de marché. Par conséquent, les prix peuvent ne pas être exacts et peuvent différer des prix réels sur un marché donné, ce qui signifie que les prix sont indicatifs et non appropriés à des fins de trading. Fusion Media et les fournisseurs de données contenues sur ce site Web ne sauraient être tenus responsables des pertes ou des dommages résultant de vos transactions ou de votre confiance dans les informations contenues sur ce site.
Il est interdit d'utiliser, de stocker, de reproduire, d'afficher, de modifier, de transmettre ou de distribuer les données de ce site Web sans l'autorisation écrite préalable de Fusion Media et/ou du fournisseur de données. Tous les droits de propriété intellectuelle sont réservés par les fournisseurs et/ou la plateforme d’échange fournissant les données contenues sur ce site.
Fusion Media peut être rémunéré par les annonceurs qui apparaissent sur le site Web, en fonction de votre interaction avec les annonces ou les annonceurs.
La version anglaise de ce document est celle qui s'impose et qui prévaudra en cas de différence entre la version anglaise et la version française.
© 2007-2025 - Fusion Media Ltd Tous droits réservés