par Sumeet Chatterjee et Lawrence White
HONG KONG/LONDRES (Reuters) - HSBC Holdings (LON:HSBA) a prévenu mardi qu'il pourrait différer certains investissements cette année après avoir publié un bénéfice 2018 inférieur aux attentes en raison d'un ralentissement de sa croissance sur ses deux principaux marchés, en Grande-Bretagne et en Chine.
L'action de la première banque européenne reculait de 3,96% vers 11h10 GMT, accusant le repli le plus marque de l'indice FTSE dde la Bourse de Londres et la troisième plus forte baisse de l'indice paneuropéen Stoxx 600 (-0,36%).
Les résultats de HSBC reflètent les difficultés des banques européennes dans leur ensemble, le secteur peinant à renouer avec la croissance après une décennie de restructurations mises en oeuvre dans la foulée de la crise financière 2007-2009 alors que les perspectives économiques mondiales s'assombrissent à nouveau.
John Flint, le directeur général de la banque britannique, en poste depuis un an, a déclaré que HSBC pourrait devoir repousser ses projets d'investissement afin de ne pas rater pour la deuxième année consécutive son objectif d'"effet ciseau" positif - un indicateur clé permettant de mesurer si les revenus sont supérieurs aux coûts.
"Nous serons proactifs dans la gestion des coûts et des investissements pour faire face aux risques liés à la croissance des revenus, le cas échéant, mais nous ne prendrons pas de décisions à court terme préjudiciables aux intérêts à long terme de l'entreprise", a déclaré mardi John Flint, après la publication par HSBC d'un bénéfice annuel imposable en hausse de 16% mais inférieur aux attentes.
John Flint avait annoncé en juin que HSBC investirait entre 15 et 17 milliards de dollars sur trois ans dans la technologie et la Chine, tout en maintenant peu changés ses objectifs de rentabilité et de dividende.
"L'élément essentiel est simplement de modérer le rythme des investissements (...) pas d'annuler ni de changer la forme des investissements", a-t-il déclaré à Reuters.
La banque a noté mardi ne pas être parvenu à un "effet ciseau" positif en 2018 et avoir repoussé cet objectif à 2019 en raison de la faiblesse des marchés au quatrième trimestre.
BREXIT ET CHINE PÈSENT
Les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, la réduction du soutien des banques centrales à l'économie et le ralentissement de la croissance ont fait reculer de 10% l'indice MSCI l'an dernier, sa première baisse à deux chiffres depuis la crise de 2008.
Les pressions sur la deuxième économie mondiale pourraient s'intensifier si Washington et Pékin ne parviennent pas à un accord commercial.
Les bénéfices de HSBC en Asie, qui représente 89% de ses profits, ont crû de 16% à 17,8 milliards de dollars (15,74 milliards d'euros) l'an dernier.
"De toute évidence, nos clients ont vraiment une approche plus prudente et plus réfléchie face à cette guerre commerciale avec les Etats-Unis", a déclaré John Flint.
"Il est possible que nous enregistrons un taux de croissance légèrement inférieur cette année, mais nous allons continuer de croître."
HSBC a provisionné 165 millions de dollars pour faire face à d'éventuelles créances douteuses en Grande-Bretagne, en raison selon la banque de risques accrus d'un possible choc économique lié à la sortie le mois prochain de Londres de l'Union européenne.
Comme Royal Bank of Scotland, HSBC estime que les incertitudes liées au Brexit pèsent sur l'activité.
"Les clients retardent absolument les décisions d'investissement (...) et c'est ce qui explique en partie le ralentissement observé au Royaume-Uni", a déclaré John Flint.
HSBC a dégagé en 2018 un résultat avant impôts de 19,9 milliards dollars (17 milliards d'euros) en 2018, contre 17,2 milliards un an plus tôt. Le consensus des 17 analystes interrogés était de 22 milliards de dollars, selon les données de Refinitiv.
La banque va verser un dividende de 0,51 dollar par action, globalement conforme aux attentes des analystes, et s'est dite confiante sur le maintien d'un dividende de même niveau.
Le ratio de fonds propres de base de la banque, une mesure de sa solidité financière, s'est établi à 14% à la fin de décembre contre 14,5% fin 2017, essentiellement en raison d'effets de change défavorables.
(Claude Chendjou pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)