par Claude Chendjou
PARIS (Reuters) - Wall Street est attendue en baisse jeudi et les Bourses européennes reculent également à mi-séance car les craintes sur les taux d'intérêt, conjuguées à la situation sanitaire en Chine et à une nouvelle dégradation de l'activité manufacturière en zone euro n'incitent pas à la prise de risque malgré quatre séances consécutives dans le rouge des marchés d'actions.
A l'entame du mois de septembre, les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en baisse de 0,46% pour le Dow Jones, de 0,51% pour le Standard & Poor's 500 et de 0,74% pour le Nasdaq.
À Paris, le CAC 40 fléchit de 1,3% à 6.045,67 vers 11h30 GMT. À Francfort, le Dax abandonne 1,17% et à Londres, le FTSE cède 1,3%.
L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 reflue de 1,32% et l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 1,22%. Le Stoxx 600, à un creux de sept semaines, recule de 1,39%.
Les marchés d'actions, secoués depuis vendredi dernier par l'avertissement de Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), selon laquelle il faut s'attendre à une hausse des taux d'intérêt pendant un "certain temps" continuent de faire preuve de prudence, les investisseurs pariant sur un relèvement du coût de crédit de 75 points de base ce mois-ci aussi bien en zone euro qu'aux Etats-Unis.
Aux craintes sur les taux s'ajoutent celles sur la conjoncture économique, l'activité manufacturière dans la zone euro ayant affiché une nouvelle contraction en août (49,6 après 49,8 en juillet) en raison de la faiblesse de la demande sur fond d'inflation élevée, montrent les résultats définitifs des enquêtes de S&P Global auprès des directeurs d'achats.
Au Royaume-Uni, l'activité manufacturière est tombée à 47,3 en août, au plus bas depuis mai 2020, après 52,1 en juillet.
"La situation économique dans la zone euro continue de se détériorer à l'approche de la réunion de la Banque centrale européenne (BCE), avec des signes clairs de ralentissement de la croissance en raison de la flambée des prix de l'énergie liée au conflit en Ukraine", soulignent dans une note les stratèges de Morgan Stanley (NYSE:MS).
Dans les statistiques du jour, la seule bonne nouvelle est venue de la hausse surprise en juillet (+1,9% par rapport à juin) des ventes au détail en Allemagne, tandis que le taux chômage dans la zone euro est ressorti en juillet à 6,6% comme prévu.
Ailleurs dans le monde, notamment en Chine, l'activité manufacturière s'est contractée pour la première fois en trois mois en août sous l'effet de l'affaiblissement de la demande avec un indice PMI manufacturier calculé par Caixin/Markit à 49,5 après 50,4 en juillet.
Mais la principale inquiétude en provenance de Chine concerne la ville de Chengdu qui a annoncé des mesures de confinement touchant 21,2 millions d'habitants dans le cadre de la lutte contre l'épidémie de COVID-19.
Nvidia (NASDAQ:NVDA) et Advanced Micro Devices (AMD) reculent respectivement de 5,3% et 3,6% en avant-Bourse, les Etats-Unis ayant demandé aux deux groupes de suspendre la vente de certaines de leurs puces dédiées à l'intelligence artificielle à la Chine. Dans leur sillage, Seagate Technology (NASDAQ:STX) Holdings, Micron (NASDAQ:MU), Applied Materials (NASDAQ:AMAT) et Intel (NASDAQ:INTC) perdent de 1,3% à 2,8%, tandis que Qualcomm (NASDAQ:QCOM) fléchit de 1,7%.
Sur le Stoxx 600 paneuropéen, aucun des principaux compartiments n'échappe au rouge, la baisse la plus importante étant à l'actif des matières premières (-3,59%).
ArcelorMittal (AS:MT) cède 5,68%, Rio Tinto (LON:RIO) 3,07% et Glencore 6,96%.
Dans le compartiment du luxe, particulièrement exposé à la Chine, Hermès (EPA:HRMS) abandonne 1,72%, LVMH (EPA:LVMH) 2,02% et Kering (EPA:PRTP) 2,00%.
Dans l'actualité des entreprises, Pernod Ricard (EPA:PERP) avance de 1,17% à la faveur de ses résultats annuels supérieurs aux attentes, tandis que Lufthansa (ETR:LHAG), recule de 2,97% après l'annonce de l'annulation de 800 vols vendredi et dans le sillage de la chute de l'indice sectoriel du transport et des loisirs (-2,72%).
Le groupe britannique de produits de grande consommation Reckitt Benckiser (LON:RKT) reflue de 4,75% en réaction à l'annonce du départ fin septembre de son directeur général Laxman Narasimhan.
TAUX
La révision des anticipations de relèvement des taux de la BCE la semaine prochaine entraîne une importante remontée des rendements des emprunts d'Etat dans la région.
Celui du Bund allemand à dix ans gagne près de six points de base à 1,595%, tandis que son équivalent italien de même échéance, en hausse de 8,2 points, se traite à 3,964% et a dépassé en séance le seuil de 4% pour la première fois depuis mi-juin. L'écart de rendement ("spread") entre ces deux obligations s'est parallèlement creusé à 243,20 points, le niveau le plus élevé depuis le 29 juillet.
Aux Etats-Unis, le rendement des Treasuries à deux ans est monté à 3,52%, au plus haut depuis 2007, avant de retomber à 3,48%, tandis que le dix ans prenait 6,5 points à 3,19%.
CHANGES Le dollar, en hausse de 0,34% face à un panier de devises de référence, est tiré par la perspective d'une remontée soutenue des taux aux Etats-Unis.
Face au yen, il a inscrit un plus haut depuis 1988, à 139,69, la politique de la Banque du Japon étant jugée plus accommodante que celle de la Fed.
L'euro, lui, se maintient au-dessus de la parité avec le dollar à 1,001 malgré un repli de 0,47%.
PÉTROLE
Les cours pétroliers sont affectés par la situation sanitaire en Chine qui vient aggraver les craintes liées à l'inflation et aux taux d'intérêt, ce qui pourrait peser sur la demande.
Le baril de Brent abandonne 1,93% à 93,79 dollars et celui du brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 1,84% à 87,9 dollars le baril.
(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Sophie Louet)