PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes sont une nouvelle fois en net recul à mi-séance lundi sur fond de hausse des prix du gaz et de baisse de l'euro, après la fermeture du gazoduc Nord Stream 1, qui exacerbe la crise énergétique dont souffrent de plus en plus les économies du continent.
Ce repli s'effectue dans des volumes réduits, les marchés américains étant fermés pour le "Labor Day".
À Paris, le CAC 40 perd 1,77% à 6.058,65 points vers 10h50 GMT. A Londres, le FTSE 100 cède 0,65% et à Francfort, le Dax recule de 2,51%. L'indice EuroStoxx 50 est en baisse de 2,07%, le FTSEurofirst 300 de 1,04% et le Stoxx 600 de 1,24%.
Le prix du gaz a pris jusqu'à 35% sur le marché européen après l'annonce vendredi soir par la Russie de la prolongation de l'arrêt du gazoduc Nord Stream 1, qui ne devait initialement être fermé que pour trois jours pour des travaux de maintenance.
Ce bond alimente les craintes de voir des ruptures d'approvisionnement pendant l'hiver peser lourdement sur l'activité économique, d'autant que les chiffres définitifs des enquêtes PMI de S&P Global suggèrent que la zone euro est déjà en train d'entrer en récession, Allemagne en tête, et que la conjoncture au Royaume-Uni se dégrade rapidement.
Ces perspectives risquent de compliquer la tâche de la Banque centrale européenne (BCE), qui réunit jeudi son Conseil des gouverneurs et pourrait accélérer la hausse des taux d'intérêt dans le but de juguler l'inflation à temps avant que la dégradation de la conjoncture ne l'oblige à un nouveau virage.
Les marchés intègrent ainsi une probabilité de près de 80% d'une hausse de taux de trois quarts de points jeudi.
"Face au manque de visibilité sur l'évolution du niveau des prix, en grande partie dû aux incertitudes sur le conflit en Ukraine, les banques centrales maintiendront les taux à un niveau élevé, et ce malgré la conjoncture", estime Franck Dixmier, directeur des investissements taux fixes chez AllianzGI.
"Elles n'infléchiront pas leur politique tant qu'elles n'auront pas la certitude que l'inflation est sur une trajectoire conforme à leur objectif de stabilité des prix."
TAUX
La crainte d'une poussée inflationniste prolongée dans la zone euro favorise une nouvelle hausse des rendements obligataires: celui du Bund allemand à dix ans prend plus de quatre points de base à 1,569%, le français plus de cinq points à 2,204% et l'italien près de 12 points, non loin de 4%.
Parallèlement, l'inflation "à cinq ans dans cinq ans" en zone euro, baromètre très suivi des anticipations d'inflation à long terme, a atteint 2,2125%, son plus haut niveau depuis la mi-juin..
CHANGES
L'euro est une nouvelle fois la victime collatérale de l'envolée des prix de l'énergie, qui attise les craintes d'un décalage croissant entre les trajectoires économiques et monétaires de la zone euro et des Etats-Unis.
La monnaie unique est ainsi tombée en début de séance sous 0,99 dollar pour la première fois depuis 2002, inscrivant un plus bas à 0,9876. À la mi-journée, elle avait légèrement réduit ses pertes et s'échangeait à 0,9932 (-0,16%).
La livre sterling, qui cédait du terrain en début de séance, est revenue à l'équilibre dans l'attente de la probable confirmation de l'arrivée de Liz Truss à la tête du gouvernement britannique.
Le yuan chinois est lui aussi toujours orienté à la baisse en raison des craintes liées aux divers foyers de COVID-19: il a touché un plus bas de près de deux ans sur le marché "offshore".
VALEURS EN EUROPE
Côté actions, les deux seuls secteurs à échapper à la baisse en Europe sont ceux de l'énergie, dont l'indice Stoxx gagne 1,44%, et des matières premières <.SXPP (+0,76%), qui profitent de la hausse des cours du gaz, du pétrole et des métaux et des métaux de base.
À l'opposé, les compartiments cycliques et gourmands en énergie souffrent: celui de l'automobile se replie de 3,6%, celui de la chimie de 2,62%, celui de la construction de 2,26%.
La lanterne rouge du Stoxx 600 est une nouvelle fois pour le distributeur de gaz allemand Uniper, particulièrement exposé à l'envolée des cours du gaz et qui chute de 11,08%. À Paris, Engie (EPA:ENGIE) cède 1,59% et Veolia (EPA:VIE) 2,79% alors que TotalEnergies gagne 1,86% et Vallourec (EPA:VLLP) 1,63%.
PÉTROLE
Le prix du pétrole est dopé par les spéculations sur la stratégie de production de l'Opep et de ses alliés avant la réunion du cartel dans la journée, au cours de laquelle l'hypothèse d'une réduction l'offre afin de soutenir les cours pourrait être évoquée selon plusieurs sources.
Le Brent gagne 2,77% à 95,60 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 2,56% à 89,09 dollars.
AUCUN INDICATEUR ÉCONOMIQUE AMÉRICAIN À L'AGENDA DU JOUR
(Reportage XXX, version française Marc Angrand)