par Claude Chendjou
PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en baisse vendredi et Wall Street était également orientée dans le rouge en fin de matinée à New York dans un nouvel accès de fièvre des marchés financiers, notamment dans le secteur bancaire, alors que la séance, volatile, a été marquée par les "quatre sorcières", l'expiration de plusieurs contrats à terme.
À Paris, le CAC 40 a fini en repli de 1,43% à 6.925,4 points dans d'importants volumes avec un plus haut en séance à 7.104,75 points et un plus bas à 6.895,73 points. Le Footsie britannique a reflué de 1,01% et le Dax allemand de 1,33%.
L'indice EuroStoxx 50 a abandonné 1,26%, le FTSEurofirst 300 1,22% et le Stoxx 600 1,21%.
Sur l'ensemble de la semaine, le CAC 40 a perdu 4,08% et le Stoxx 600 3,85%, dans un climat de défiance vis-à-vis du secteur bancaire depuis la déroute en fin de semaine dernière des banques régionales américaines Silicon Valley Bank (SVB) et Signature Bank, puis en milieu de cette semaine de Credit Suisse.
Loin de rassurer, l'aide de 30 milliards de dollars apportée par les grandes banques américaines à la banque régionale First Republic Bank, victime d'une crise de confiance des investisseurs et clients, a ravivé vendredi la panique sur les marchés.
Les investisseurs redoutent désormais une crise profonde de liquidités des banques régionales américaines et l'impact d'une insolvabilité de Credit Suisse alors que les banques américaines ont sollicité au total auprès de la Réserve fédérale américaine (Fed) 153 milliards de dollars de liquidités d'urgence ces derniers jours, un montant supérieur à celui débloqué au plus fort de la crise financière de 2008.
Cela reflète "les tensions de financement et de liquidités sur les banques, dues à l'affaiblissement de la confiance des déposants", a commenté l'agence de notation Moody's, qui a abaissé cette semaine à négatives ses perspectives sur le système bancaire américain.
Réunis dans le cadre d'un sommet non prévu à l'agenda, les superviseurs de la Banque centrale européenne (BCE) ont cependant déclaré vendredi ne pas constater de contagion des turbulences actuelles aux banques de la zone euro, selon une source, tandis que le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a assuré que la hausse des taux de 50 points décidée par la BCE jeudi était un message de confiance sur les banques.
"Malgré toutes les mesures prises par la Fed, le Trésor, la BoE, la BNS et les banques américaines pour stabiliser la situation cette semaine, la détresse des marchés persiste", a résumé Craig Erlam, analyste marchés chez OANDA.
La journée des "quatre sorcières", troisième vendredi de mars, a en outre accentué la volatilité sur les marchés avec d'importants volumes d'échanges. L'indice Vix américain bondissait de 9,26% à 25,12 points et son équivalent européen a fini en hausse de 12,7% à 30,03 points.
VALEURS EN EUROPE
Pratiquement aucun grand compartiment de la cote européenne n'a échappé à l'aversion au risque. L'indice des banques (-2,57%) a accusé la plus forte baisse sectorielle, enregistrant en outre sur l'ensemble de la semaine un repli de 11,53%.
Les banques françaises BNP Paribas (EPA:BNPP) et Crédit agricole (EPA:CAGR) ont reflué respectivement de 1,95% et -2,29%, tandis qu'ailleurs en Europe, Credit Suisse a dévissé de 8,01%, Santander de 4,64%, HSBC (LON:HSBA) de 2,86% et Commerbank de 3,47%.
A WALL STREET
Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones recule de 1,11%, le Standard & Poor's 500 de 1,04% et le Nasdaq de 0,76 %, la plupart des secteurs étant dans le rouge.
Le compartiment de la finance cède 3,02% et celui des banques 4,21% avec le plongeon de 26,88% de First Republic, de 16,15% de PacWest Bancorp et de 18,34% de Western Alliance.
Les grandes banques américaines, JPMorgan (NYSE:JPM), Citigroup (NYSE:C) et Wells Fargo (NYSE:WFC) refluent de 2,94% à 3,63%.
Dans un contexte tendu sur les marchés, Fedex se distingue avec un bond de 8,27% à la faveur d'un relèvement de sa prévision de bénéfice annuel.
LES INDICATEURS DU JOUR
L'OCDE a relevé ses prévisions de croissance du PIB mondial à 2,6% cette année et 2,9% en 2024 mais souligné que l'économie demeurait fragile.
L'inflation en zone euro a été confirmée à 8,5% en février par Eurostat.
Le moral des ménages américains s'est détérioré contre toute attente depuis le début du mois de mars, selon les premiers résultats de l'enquête de l'Université du Michigan, tandis que la production industrielle aux Etats-Unis a affiché une croissance nulle en février après une contraction de 0,2% le mois précédent.
TAUX Dans un marché volatil, la ruée vers les actifs refuge a entraîné une baisse des rendements obligataires.
Le deux ans allemand a fini en baisse d'environ 13 points de base, à 2,43%, et le dix ans, tombé en séance au plus bas depuis début février, a terminé en repli de près de 12 points, à 2,12%. Sur l'ensemble de la semaine, avec une baisse de 41 points, il a accusé sa plus forte chute depuis 1987 alors qu'il était encore à 2,77% au début du mois.
Aux Etats-Unis, les rendements des Treasuries à dix ans et deux ans reculaient chacun d'environ 16 points à respectivement 3,41% et 3,96%.
CHANGES Le dollar fléchit de 0,5% face à un panier de devises de référence, certains cambistes redoutant une récession en cas d'erreur de la Fed qui se réunit la semaine prochaine. Le président américain Joe Biden a par ailleurs demandé au Congrès de renforcer le pouvoir des autorités de régulation bancaires.
L'euro remonte à 1,0665 dollar (+0,57%).
PÉTROLE
Les cours pétroliers, qui pourraient perdre plus de 10% sur l'ensemble de la semaine, s'acheminent vers leur plus forte baisse hebdomadaire dans un contexte de craintes sur le secteur bancaire.
Le Brent perd vendredi 2,52% à 72,82 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 2,6% à 66,57 dollars.
MÉTAUX
Le choc bancaire soutient l'or, valeur refuge, qui gagne 2,32% à 1.963,69 dollars l'once, se dirigeant vers sa meilleure performance hebdomadaire en quatre mois.
(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Jean-Stéphane Brosse)