PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes sont attendues en forte hausse vendredi après le spectaculaire retournement de tendance à Wall Street, les investisseurs ayant manifestement fait le choix de regarder au-delà de l'inflation plus forte qu'attendu aux Etats-Unis et de ses conséquences sur la hausse à venir des taux d'intérêt.
Les contrats à terme sur indices suggèrent une progression de 1,87% pour le Dax à Francfort, de 0,93% pour le FTSE 100 à Londres et de 1,84% pour l'EuroStoxx 50. Quant au CAC 40 à Paris, il pourrait prendre plus de 1,7% selon les premières indications disponibles.
Tous ont déjà fini dans le vert jeudi malgré l'annonce d'une hausse de 0,4%, plus marquée qu'anticipé, de l'indice des prix à la consommation (CPI) américain en septembre et de l'accélération de l'inflation de base (hors énergie et alimentation) à 6,6% sur un an.
Ces statistiques ont pourtant fait évoluer à la hausse les anticipations de taux à moins de trois semaines de la réunion de la Réserve fédérale: les marchés estiment désormais à 86,6% la probabilité d'une hausse de trois quarts de point le mois prochain et à 13,4% celle d'un relèvement plus marqué encore, de 100 points de base, selon le baromètre en temps réel FedWatch.
Et le scénario d'une nouvelle hausse de 75 points de base en décembre s'est lui aussi renforcé, tout comme celui d'un pic de taux à 5%.
Pour ce qui est des actions, Wall Street semble pour l'instant en mesure de prolonger son rebond, dont la durée dépendra en grande partie de la tonalité des publications de résultats, qui vont se multiplier dans les prochaines semaines.
En Europe, dans l'immédiat, les investisseurs attendent surtout de savoir si la Banque d'Angleterre arrêtera bel et bien ce vendredi ses achats d'obligations et si le gouvernement de Liz Truss modifiera ses projets budgétaires.
Selon plusieurs sources, le ministre des Finances britannique a écourté son séjour aux Etats-Unis pour la réunion du Fonds monétaire international (FMI).
La séance à venir sera aussi animée par les chiffres des ventes au détail aux Etats-Unis, à 12h30 GMT, puis par la première estimation de l'indice de confiance du Michigan.
A WALL STREET
La Bourse de New York a fini en forte hausse jeudi, profitant à plein de l'approche d'un support technique et d'achats de couverture après la baisse marquée du début de séance en réaction aux chiffres des prix à la consommation.
L'indice Dow Jones a bondi de 2,83%, ou 827,87 points, à 30.038,72, le Standard & Poor's 500 a gagné 92,88 points, soit 2,60%, à 3.669,91 et le Nasdaq Composite a progressé de 232,05 points (+2,23%) à 10.649,15.
Le S&P 500 a pris près de 194 points au total entre le plus bas de la matinée et le plus haut de l'après-midi, soit sa plus forte variation sur une seule séance depuis le 24 janvier. Certains stratèges expliquent ce retournement par l'approche d'un soutien autour de 3.500 points.
La hausse a profité à tous les secteurs mais les gains les plus spectaculaires sont pour celui de l'énergie (+4,08%) et celui des financières (+4,14%).
Les contrats à terme préfigurent pour l'instant une poursuite de la hausse avec des gains d'environ 0,6%.
EN ASIE
À la Bourse de Tokyo, l'indice Nikkei gagne 3,3% à moins d'une heure de la clôture et se dirige vers sa meilleure performance quotidienne depuis mars, après quatre séances de baisse d'affilée.
Outre l'élan donné par Wall Street, il profite des bons résultats de Fast Retailing (TYO:9983), la maison mère d'Uniqlo, qui bondit de 8,1%.
En Chine, le SSE Composite de Shanghai prend 1,83% et le CSI 300 2,39% pour cette dernière séance avant l'ouverture du 20e congrès du Parti communiste, profitant des déclarations du gouverneur de la Banque populaire de Chine promettant un renforcement du soutien à l'économie réelle.
TAUX
Les rendements des emprunts d'Etat américains reculent un peu en Asie, le marché semblant reprendre son souffle après les nouveaux plus hauts inscrits jeudi en réaction aux statistiques de l'inflation.
Le dix ans s'affiche à 3,9443% après être monté en séance jeudi à 4,08%, son plus haut niveau depuis octobre 2008, et le deux ans est revenu à 4,4452% après avoir atteint 4,464%, un pic de 15 ans.
CHANGES
Le dollar est pratiquement stable face aux autres grandes devises (+0,02%) après la baisse de 0,5% jeudi, le regain d'appétit pour le risque ayant détourné les cambistes des valeurs refuges.
L'euro se traite à 0,9775 dollar, en hausse de 0,02%.
La livre sterling cède 0,13% face au billet vert après un bond de 2% jeudi en réaction aux informations de la presse britannique selon lesquelles le gouvernement de Liz Truss envisage de renoncer à une partie au moins des allègements d'impôt et de taxes annoncés le mois dernier.
PÉTROLE
Le marché pétrolier reste à l'écart de la bouffée d'euphorie qui profite aux actions, et il reste pratiquement inchangé, au gré des fluctuations du dollar, craintes de récession et interrogations sur les relations entre les Etats-Unis et l'Arabie saoudite.
Le Brent gagne 0,13% à 94,69 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) prend 0,17% à 89,26 dollars.
Tous deux accusent à ce stade une baisse d'environ 3% depuis le début de la semaine, après deux semaines de hausse.
(Rédigé par Marc Angrand, édité par Matthieu Protard)