par Marc Angrand
PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes progressent à mi-séance mardi et Wall Street est attendue sur la même tendance, les actions profitant du rebond de la livre turque, mais la prudence reste de mise, d'autant que plusieurs indicateurs économiques font craindre un ralentissement de la croissance en Chine et en zone euro.
À Paris, le CAC 40 gagne 0,28% à 5.427,52 points à 10h45 GMT. À Francfort, le Dax prend 0,24% et à Londres, le FTSE 100 avance de 0,02%. L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 est en hausse de 0,31%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 0,37% et le Stoxx 600 de 0,29%.
Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en hausse de 0,3% à 0,5%. Lundi, le Standard & Poor's 500 a cédé 0,4%, sa quatrième baisse consécutive. [.NFR]
Sur le marché des changes, la livre turque reprend 4,77% à 6,571 pour un dollar après la chute quasi ininterrompue qui lui a fait perdre près de 40% de sa valeur depuis le début du mois, la faisant tomber lundi jusqu'à 7,24 pour un dollar, son plus bas niveau historique.
Elle profite entre autres des promesses d'injections de liquidités de la banque centrale turque et de l'annonce d'une téléconférence jeudi entre le ministre des Finances, Berat Albayrak, et un millier d'investisseurs du monde entier.
Si la devise turque reprend des couleurs, la nervosité qui s'est étendue ces derniers jours à plusieurs autres marchés émergents est loin d'avoir disparue: le rand sud-africain, le rouble russe ou le peso mexicain restent ainsi orientés à la baisse. Et à l'opposé, le franc suisse, l'une des valeurs refuges préférées des cambistes, reste orienté à la hausse face au dollar et à l'euro.
De même, si la Bourse d'Istanbul, elle, avance de 1,3% après avoir cédé 4,6% sur les deux dernières séances, le rebond est quasi nul pour l'indice MSCI des marchés émergents (+0,03%).
"Les problèmes auxquels la Turquie est confrontée ne seront pas résolus de sitôt. Bien que l'impact économique direct de cette crise soit limité, il s'ajoute aux risques croissants entourant les émergents, tels que la croissance chinoise, les incertitudes commerciales et le resserrement de la liquidité autour du monde", estime Lale Akoner, stratège de BNY Mellon Investment Management.
RWE (DE:RWEG) MONTE, ANTOFAGASTA CHUTE
Signe de la prudence des investisseurs, les valeurs bancaires européennes peinent d'ailleurs à regagner du terrain: leur indice de référence Stoxx est quasi stable et BBVA (MC:BBVA), considérée comme la plus exposée au marché turc, ne reprend que 0,31% après avoir perdu près de 10% en six séances. A Paris, BNP Paribas (PA:BNPP) gagne 0,08%.
Sur le front macroéconomique, la croissance chinoise reste un sujet de préoccupation après la série d'indicateurs mensuels publiés en début de journée: la croissance de l'investissement est tombée en juillet à son niveau le plus faible depuis 1996 et la croissance industrielle a augmenté moins qu'attendu, tout comme les ventes au détail, ce qui alimente les craintes d'un impact marqué des tensions commerciales avec les Etats-Unis.
En Europe, les chiffres du jour sont plus mitigés: la croissance allemande est estimée à 0,5% au deuxième trimestre, dépassant le consensus tout comme celle de l'ensemble de la zone euro (+0,4%), mais la production industrielle de la zone euro a baissé plus qu'attendu en juin.
L'indice ZEW du sentiment des investisseurs en Allemagne s'est toutefois redressé plus qu'attendu, à -13,7 contre -24,7 en juillet.
Ces chiffres n'apportent qu'un soutien relatif à l'euro: face au dollar, la monnaie unique européenne oscille autour du seuil de 1,14 après le plus bas de 13 mois touché lundi à 1,1365.
Le rendement du Bund allemand à dix ans remonte parallèlement à 0,331% après être tombé lundi tout près de 0,3%, son plus bas niveau depuis un mois.
Les actions européennes, elles, continuent de profiter de la croissance soutenue des profits des sociétés cotées, qui a atteint près de 12% pour l'indice MSCI Europe.
"La résilience de l'activité globale, conjuguée à la faiblesse de l'euro et de la livre sterling, devrait soutenir les bénéfices jusqu'à la fin de l'année, en dépit du contexte difficile des marchés émergents et de la menace des droits de douane", estiment les analystes de Barclays (LON:BARC).
Parmi les grandes valeurs qui profitent de leurs résultats, le géant allemand de l'énergie RWE prend 3,59% après des semestriels solides et un discours rassurant sur l'avancement du projet de partage des actifs d'Innogy avec E.ON (DE:EONGn).
A la baisse, le groupe minier Antofagasta (LON:ANTO) chute de 6,05%, l'un des replis les plus marqués du Stoxx 600, après un semestre jugé décevant.
Sur le marché pétrolier, les cours sont en hausse d'environ 1% en réaction à l'annonce d'une baisse de la production saoudienne en juillet, qui l'emporte sur les craintes de diminution de la demande globale.
(Édité par Juliette Rouillon)