par Marc Angrand
PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en nette hausse vendredi après l'entrée en fonction officielle du nouveau gouvernement italien, qui éloigne à court terme le risque de déstabilisation de la zone euro, tandis que Wall Street a profité des chiffres supérieurs aux attentes de l'emploi et des salaires aux Etats-Unis.
L'actualité politique et les publications macroéconomiques occultent ainsi largement les tensions commerciales qui ont conduit l'Union européenne à engager une procédure devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) contre les sanctions américaines touchant l'acier et l'aluminium.
À Paris, le CAC 40 a fini sur un gain de 1,24% (67,13 points) à 5.465,53 points. A Londres, le FTSE 100 a pris 0,31% et à Francfort, le Dax a progressé de 0,95%. L'indice EuroStoxx 50 a clôturé sur une hausse de 1,38%, le FTSEurofirst 300 de 0,97% et le Stoxx 600 de 1,01%.
La Bourse de Milan a quant à elle repris 1,49% après avoir gagné jusqu'à 2,9% en séance. Comme annoncé jeudi, le gouvernement formé par la Ligue et le Mouvement 5 Etoiles (M5S) a prêté serment dans l'après-midi, mettant fin au moins pour un temps à l'incertitude politique qui avait secoué les marchés mondiaux ces derniers jours.
Si le risque de voir des élections anticipées tourner au référendum sur l'euro s'éloigne, la composition du gouvernement présidé par Giuseppe Conte et le programme de la coalition continuent de susciter des interrogations.
"Il reste beaucoup de points d'interrogation concernant les intentions véritables du gouvernement en matière de relance budgétaire et concernant l'Europe. Si la majeure partie des engagements budgétaires du contrat de gouvernement se retrouvait dans le prochain budget, la soutenabilité des finances publiques seraient compromise", estime ainsi Deutsche Bank (DE:DBKGn).
Les rendements italiens ont néanmoins poursuivi leur repli, à 2,704% pour le dix ans contre plus de 3,38% mardi au plus haut, et 1,019% pour le deux ans contre un pic à 2,73%. L'un et l'autre restent toutefois en nette hausse par rapport à leurs niveaux de début mai.
PROBABILITÉ EN HAUSSE POUR UNE 4E HAUSSE DE TAUX DE LA FED
En Espagne, autre foyer potentiel de risque politique, le socialiste Pedro Sanchez est sans surprise devenu président du gouvernement après le vote de censure contre Mariano Rajoy. La Bourse de Madrid a fini la séance sur un gain de 1,76%.
Sur l'ensemble de la semaine, le Stoxx 600 affiche un repli de 1,07%, le CAC 40 abandonne 1,39% et Milan cède 1,29%.
A Wall Street, au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones prenait 0,78% et le Nasdaq Composite 1,35% tandis que le dollar s'appréciait de 0,11% face à un panier de devises de référence.
L'économie américaine a créé 223.000 emplois en mai selon le rapport mensuel du département du Travail, un chiffre en hausse et supérieur aux attentes, ce qui a ramené le taux de chômage à 3,8%, son plus bas niveau depuis 18 ans. Le salaire horaire moyen a parallèlement augmenté plus qu'anticipé, de 0,3% par rapport à avril et de 2,7% sur un an.
"Ces chiffres nous confortent dans nos prévisions concernant quatre hausses de taux d'intérêt de la part de la Réserve fédérale américaine (Fed) en 2018", commente Mirabaud Securities. "La hausse de juin semble scellée puisque la probabilité actuelle d'une hausse d'un quart de point des taux à cette date est de 93,8%."
La probabilité estimée d'une quatrième hausse de taux cette année après celle de mars et celles attendues en juin et septembre est passée de 32% à 36%.
Alors que ces spéculations profitent au dollar, l'euro n'a guère trouvé de soutien dans les chiffres des indices PMI manufacturiers européens, qui confirment un ralentissement de la croissance de l'activité.
Sur le marché obligataire, les rendements des Treasuries sont en hausse après les statistiques de l'emploi, auxquelles se sont ajoutés l'indice ISM d'activité du secteur manufacturier, à 58,7 en mai, un chiffre supérieur au consensus, et les dépenses de construction, en hausse de 1,8%, plus marquée qu'attendu, en avril.
A 2,8913%, le rendement américain à dix ans prend près de sept points de base tandis que le deux ans en prend six à 2,4716%.
DEUTSCHE BANK REGAGNE DU TERRAIN
A New York, l'indice S&P des valeurs financières, sensibles à l'évolution des anticipations de taux, avance de 1,06%.
En Europe aussi, les valeurs bancaires ont brillé, leur indice Stoxx de référence affichant la meilleure performance sectorielle du jour avec un gain de 2,07% devant celui de l'assurance (1,65%).
Le classement des plus fortes hausses du Stoxx 600 est dominé par les banques italiennes, avec en tête Banco BPM (+8,45%). A Paris, BNP Paribas (PA:BNPP) a pris 1,56%, Crédit agricole (PA:CAGR) 2,68%.
Cas particulier du moment dans le secteur, Deutsche Bank a repris 2,76% au lendemain d'une chute de 7,15%. Le groupe allemand s'est efforcé de rassurer sur sa solidité financière après l'abaissement de sa note par Standard & Poor's.
A Milan, Fiat Chrysler Automobiles (NYSE:FCAU) a connu une séance agitée pendant que la direction du groupe présentait son nouveau plan stratégique, qui met l'accent sur les SUV et les véhicules électriques et hybrides. Le titre a fini en baisse de 4,53%.
A Paris, Elior (PA:ELIOR) (+7,30%) termine en tête du SBF 120, soutenu par une recommandation favorable de Credit Suisse.
Sur le marché pétrolier, le fait du jour est l'accentuation de la déconnexion entre le cours du Brent et celui du brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI): ce dernier étant pénalisé par le record inscrit par la production américaine, l'écart de prix entre Brent et WTI a dépassé brièvement 11,50 dollars, son plus haut niveau depuis trois ans. Il a doublé en un mois.
(Édité par Bertrand Boucey)